Un coup de dés jamais n’abolit le hasard.
Dans le poème de Mallarmé, le dernier vers est : « Toute pensée émet un Coup de Dés ». Et jusqu’où peut-elle aller, personne ne le sait.
Peut-être est-ce pour cela que les jeux dits de hasard ont tant de succès. Tenter le hasard quand tout semble fini, n’ouvre-t-il pas l’infini ?
Est-ce cela que trois peintres en mal d’inspiration ont voulu dire, quand face à l’X (l’Ecole Polytechnique) ils ont, au café Le Village, décliné en trois tableaux placés dans trois fausses fenêtres trois parties de dés ?
L’un des tableaux, au fond à droite, lui-même partagé en trois, figure « Un Baiser » pendant que des enfants jouent par terre aux dés.
Au fond à gauche, dans un salon avec piano à queue et tigre de papier, une table de jeu, ronde, à trois pieds, et de dos un joueur lance trois dés.
A l’entrée, au-dessus d’un escalier qui descend dans un souterrain, la fenêtre donne sur une table de salle-à-manger. Scène de Cène en bord de Seine. S’agit-il bien de cela ?
Des coupes de vin sont servies à moitié vides ou à moitié pleines. Est-on au dessert "tarte aux fraises" ? ou à l'entrée "assiettée d'huîtres" ?
Sur la Table des navires circulent. Viennent-ils conquérir Lutèce ou délivrer Geneviève ?
A l’ombre de Saint-Etienne-du-Mont, la scène fait recette. Et Pascal, qui est du coin, n’aurait pas renié cette incitation à la Foi.
Mauresk
« Trois Dés » par F.H.S. , Guillaume Lebelle et Ralph Ribour , Café « Le Village », 56, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris.