mardi 28 juin 2011

3 D

Un coup de dés jamais n’abolit le hasard.

Dans le poème de Mallarmé, le dernier vers est : « Toute pensée émet un Coup de Dés ». Et jusqu’où peut-elle aller, personne ne le sait.

Peut-être est-ce pour cela que les jeux dits de hasard ont tant de succès. Tenter le hasard quand tout semble fini, n’ouvre-t-il pas l’infini ?

Est-ce cela que trois peintres en mal d’inspiration ont voulu dire, quand face à l’X (l’Ecole Polytechnique) ils ont, au café Le Village, décliné en trois tableaux placés dans trois fausses fenêtres trois parties de dés ?

L’un des tableaux, au fond à droite, lui-même partagé en trois, figure « Un Baiser » pendant que des enfants jouent par terre aux dés.

Au fond à gauche, dans un salon avec piano à queue et tigre de papier, une table de jeu, ronde, à trois pieds, et de dos un joueur lance trois dés.

A l’entrée, au-dessus d’un escalier qui descend dans un souterrain, la fenêtre donne sur une table de salle-à-manger. Scène de Cène en bord de Seine. S’agit-il bien de cela ?

Des coupes de vin sont servies à moitié vides ou à moitié pleines. Est-on au dessert "tarte aux fraises" ? ou à l'entrée "assiettée d'huîtres" ?

Sur la Table des navires circulent. Viennent-ils conquérir Lutèce ou délivrer Geneviève ?

A l’ombre de Saint-Etienne-du-Mont, la scène fait recette. Et Pascal, qui est du coin, n’aurait pas renié cette incitation à la Foi.

Mauresk

« Trois Dés » par F.H.S. , Guillaume Lebelle et Ralph Ribour , Café « Le Village », 56, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris.


samedi 4 juin 2011

I Am the Wind

Est-il possible de ne rien vouloir ? Est-il possible de se laisser pousser par le vent ?

Aller au-delà de l’île aux pierres grises, se laisser pousser au large dans l’océan.

Se laisser pousser dans l’eau par le vent. Être le vent se croire le vent.

Ils sont l’Un et l’Autre sur un radeau. Ils godillent, roulent et tanguent enfants.

Deux amis qui se questionnent. Tout commence par des oui puis tout s’inverse.

Une succession de non.

Est-il possible de ne rien vouloir ? est-il possible de se laisser pousser par le vent ?

Couper les ponts ne plus répondre. Dire oui puis non. Ne plus savoir.

Aller jusqu’à l’île puis au-delà. Ne pas dire au revoir. Se laisser pousser par le vent.

Jusqu’au large puis hors du navire. Sauter plonger couler comme une pierre.

Ne plus savoir pourquoi on le fait.

Est-il possible de ne rien vouloir ? Est-il possible de se laisser pousser par le vent ?

De laisser là son compagnon. Le faire mais ne pas dire pourquoi on le fait.

Une dernière interrogation. Puis se laisser couler vers les profondeurs.

La nuit est noire. La mer est noire. C’est temps d’orage.

Je suis le vent. Voilà pourquoi. Je suis le vent. Voilà c’est ça.

Mauresk

Librement inspiré de I Am The Wind de Jon Fosse, mis en scène par P. Chéreau jusqu’au 11

Juin au Théâtre de la Ville. 01 42 74 22 77