samedi 20 octobre 2012

Hopper "ils vivent encore puisqu'ils ont une ombre"



Hopper  « Ils vivent encore puisqu’ils ont une ombre »
Ils vivent encore puisqu’ils ont une ombre ! Les personnages d’Hopper ! Car peut-on parler de personnes ? Collés, agrafés sur l’image comme dans une bande dessinée, une illustration d’un paysage urbain.  
Car s’il y a des paysages de campagne, ils sont dénaturés. L’atmosphère y est froide, du Nord peut-être mais en fait sans réalité. Sans qu’on puisse parler pourtant de surréalisme.
Sans doute est-ce là que se révèle la peinture de Hopper : parler d’une certaine réalité mais en décalage avec elle, peindre une peinture figurative mais qui n’en ai que l’apparence. Poursuivre comme les peintres baroques cette quête d’un sens dans une formalisation héritée du passé mais qui, en même temps  échappe  à tous les canons.
Ainsi le titre de l’œuvre appelle l’explication, détourne le regard, oblige la réflexion mais souvent tout reste énigmatique, déréalisé, lointain. Est-ce l’Amérique qui est ainsi décrite ou la vie ?
Les couleurs crues ne font place à aucune chaleur en dépit d’un registre de tonalités chaudes apriori : rouge, jaune et les nuances de crème ou de brun… Mais toute la gamme des couleurs est utilisée, un tachisme stylisé prenant le contrepied d’un Matisse par exemple. Un bleu vif côtoie, jure même avec un rouge, un vert, un jaune, aurait pu être fluo…
Les acteurs de ce théâtre irréel et dépersonnalisé ont le regard perdu. Ils nous disent la difficulté d’être, de rencontrer l’autre, de partager quelque-chose. Vivent-ils vraiment dans ces univers fermés, vides, dont on nous dit qu’ils sont familiers aux Américains mais qui en réalité sont des mondes intérieurs.
La vie moderne d’Hopper n’est pas celle d’un Pissarro ou d’un Degas qu’il apprécia tant lors de ses séjours parisiens, c’est-à-dire grouillante de monde, trépidante, vivante…la sienne est sans âme, des rues sans circulation, une vie de solitaire dans les espaces clos des bureaux ou d’une chambre :le net, le « clean » l’emporte ôtant tout espoir et toute attente.
Comme si Hopper n’attendait rien du monde trépidant et consumériste. Et quand ses personnages regardent le monde, c’est une fin de monde, acceptant leur destin comme ces retraités du film Soleil Vert dont le sort est le retraitement…Hopper, Plus d’Espoir !

                                                                                                                                        Mauresk