CHAMBRE
Tout tourne autour du lit nuptial dans Chambre de neKomata. Un lit à baldaquin couvert de lierre et de mousse, un lit royal dans lequel se joue la destinée du monde et donc de chacun.
Une Nuit Blanche dans cette chambre-grotte moussue, humide, suintante, empreinte végétale des sous-bois où se jouent la vie et la mort. Et d'où ne sortira aucune vérité.
On y danse, on y danse en cette soirée de mariage dans l'insouciance de la jeunesse et du bonheur enfin gagné sur une musique techno ou électro quelques flon-flons aussi des musiques de partout et de nulle part qui s'insinuent dans le jeu des danseurs-acteurs. Un clubbing en quelque sorte
On s'y endort aussi comme drogués par la fatigue, un demi-sommeil ou un sommeil complet qui permet le mélange des corps et les accouplements fortuits portés par le dance-contact-improvisation.
De cette nuit des temps sort un enfant, un certain ou incertain Œdipe qui cherche sa mère et son père dans la délivrance de la naissance. Tableau de l'inconscient ou de sa caricature.
Une voix nous rappelle la tragédie : "il tua son père et épousa sa mère".
Car, il s'agit visiblement non d'un jardin d’Éden mais peut-être d'une jungle mortifère un remake de la machine infernale de Cocteau ou de la tragédie de Sophocle.
Dans cette chorégraphie théâtrale on suffoque ! Cette mousse qui imprègne l'univers, ces jeux de miroir où personne ne se reconnaît ces machines à danser qui psalmodient un chant de maldoror et ce devin prophète qui ne devine rien et ne prophétise que ce qu'on lui apprend
Connais-toi toi-même disait la pythie de Delphes, mais comment faire quand tout vous échappe, l'étreinte, le désir, la généalogie
Et avec au centre du jeu la mère ou la femme le double visage de Jocaste qui précipite dans l'escalier, le tunnel ou sous le métro
C'est Femme que devrait s'appeler cette pièce ! F.Mauresk.
Prochaine édition à Marseille à "L'embobineuse" 11 Boulevard Boues à 20h30 le 13 octobre 2018
mercredi 10 octobre 2018
mardi 27 mars 2018
Hé maintenant si on dansait
Sur les murs la peinture danse semblable à une peau de poisson séché au gré des flots (Charuel) des traits comme des hachures peut-être des fentes des fissures ou des taches comme nuages multicolores de Pierre de Laboulaye ou un saut de l'Ange dans les airs d'un marigot burkinabé ou dahoméen (F.B.) les irruptions d'une DJ au Métropolis d'Orly dans un capharnaüm où la débauche rivalise avec la luxure tandis que le Grand Carré (RR, GL et FF) posé sur une table de nuit nous rappelle que tout est flou et indistinct dans l'Art
Mais aussi un petit théâtre vénitien de danseuses en papier fripé qu'on dirait sorties directement du carnaval de La Sérénissime (V. Dutron) ou ce Ballet Gex de Charuel dont les ombres chinoises font oublier que les robes des ballerines nous servent habituellement à récurer et récupérer tandis qu'Isabelle Terrisse nous façonne toutes les postiches en pastiche des coiffes de danseuses à la Degas en filasse teintes et sculptées
Derrière une posture de Schlemmer (Charuel) en carton tourné semble prendre la pose pour un ballet de Ducoufflé aux JO Sans bouger elle virevolte tandis qu'Isabelle Terrisse fait tournoyer une Isidora Duncan plus vraie que nature dans ces drapés de soie rose scintillante du plus kitch effet
Tout tourne en effet et cette exposition nous donne le tournis comme les notes de musique tressées au fil de l'eau (mais peut-être me trompe-je ?) par la même Isabelle Terrisse ou les museaux muselés en muselets de Suzanna Lorig on s'embrasse aussi en dansant ici
Ronde de Tableaux lui répond F. Bonheur et F.H.S. raconte une danse presque inconnue sauf des ébats amoureux tant le contact est proche et saisissant et figé dans le calcaire blanc de la taille directe en Saint-Maxime de Bourgogne
Dans un défilé de festival Ne-buta d'Aomori avec ses gongs ses flutiaux et ses flons flons au pas cadencé des danseurs costumés le Japon est à l'honneur (F.Bonheur) Inquiétante aussi danse mystique ou mythique d'Akiko Peruez Maiano sculptures lithiques ou tout simplement en terre cuite qui nous laissent une impression de douleur et d'effroi
Car la danse n'est pas que bonheur danse du feu ou danse macabre elle transforme l'être en âtre cultivant le culte des ancêtres ou symbolisant la transe dans des bacchanales enchevêtrées dans des Tournesols coquins ou VanGoghuin
Les fresques du Hip Hop rivalisent avec celle du danse contact improvisation sur les murs de la villa francilienne où se produit cette exposition mais déjà un bruit de téléphone portable résonne, une chaise tombe avec fracas sur le Dance Floor
Commence la frénétique danse de Fabio Bello dont le corps se confond avec le décor l'effaçant d'un coup
Il fait couple fait tanguer l'espace le secoue comme un bateau ivre singeant des caryatides d'un nouveau genre qui se mettraient à marcher au plafond
A l'étage Dora et son fan-groupe accompagne la Jam de Contact Improvisation dont les trois principes font mouche ce soir on se touche on donne plus ou moins de poids on s'en va quand on veut ! ça file ce soir sur le parquet point de Hongrie on rampe on roule les uns sur les autres on s'embrasse dans des embardées spontanées
Mauresk
Sur les murs la peinture danse semblable à une peau de poisson séché au gré des flots (Charuel) des traits comme des hachures peut-être des fentes des fissures ou des taches comme nuages multicolores de Pierre de Laboulaye ou un saut de l'Ange dans les airs d'un marigot burkinabé ou dahoméen (F.B.) les irruptions d'une DJ au Métropolis d'Orly dans un capharnaüm où la débauche rivalise avec la luxure tandis que le Grand Carré (RR, GL et FF) posé sur une table de nuit nous rappelle que tout est flou et indistinct dans l'Art
Mais aussi un petit théâtre vénitien de danseuses en papier fripé qu'on dirait sorties directement du carnaval de La Sérénissime (V. Dutron) ou ce Ballet Gex de Charuel dont les ombres chinoises font oublier que les robes des ballerines nous servent habituellement à récurer et récupérer tandis qu'Isabelle Terrisse nous façonne toutes les postiches en pastiche des coiffes de danseuses à la Degas en filasse teintes et sculptées
Derrière une posture de Schlemmer (Charuel) en carton tourné semble prendre la pose pour un ballet de Ducoufflé aux JO Sans bouger elle virevolte tandis qu'Isabelle Terrisse fait tournoyer une Isidora Duncan plus vraie que nature dans ces drapés de soie rose scintillante du plus kitch effet
Tout tourne en effet et cette exposition nous donne le tournis comme les notes de musique tressées au fil de l'eau (mais peut-être me trompe-je ?) par la même Isabelle Terrisse ou les museaux muselés en muselets de Suzanna Lorig on s'embrasse aussi en dansant ici
Ronde de Tableaux lui répond F. Bonheur et F.H.S. raconte une danse presque inconnue sauf des ébats amoureux tant le contact est proche et saisissant et figé dans le calcaire blanc de la taille directe en Saint-Maxime de Bourgogne
Dans un défilé de festival Ne-buta d'Aomori avec ses gongs ses flutiaux et ses flons flons au pas cadencé des danseurs costumés le Japon est à l'honneur (F.Bonheur) Inquiétante aussi danse mystique ou mythique d'Akiko Peruez Maiano sculptures lithiques ou tout simplement en terre cuite qui nous laissent une impression de douleur et d'effroi
Car la danse n'est pas que bonheur danse du feu ou danse macabre elle transforme l'être en âtre cultivant le culte des ancêtres ou symbolisant la transe dans des bacchanales enchevêtrées dans des Tournesols coquins ou VanGoghuin
Les fresques du Hip Hop rivalisent avec celle du danse contact improvisation sur les murs de la villa francilienne où se produit cette exposition mais déjà un bruit de téléphone portable résonne, une chaise tombe avec fracas sur le Dance Floor
Commence la frénétique danse de Fabio Bello dont le corps se confond avec le décor l'effaçant d'un coup
Il fait couple fait tanguer l'espace le secoue comme un bateau ivre singeant des caryatides d'un nouveau genre qui se mettraient à marcher au plafond
A l'étage Dora et son fan-groupe accompagne la Jam de Contact Improvisation dont les trois principes font mouche ce soir on se touche on donne plus ou moins de poids on s'en va quand on veut ! ça file ce soir sur le parquet point de Hongrie on rampe on roule les uns sur les autres on s'embrasse dans des embardées spontanées
Mauresk
mercredi 27 mai 2015
Le Roi Arthus
Le Roi Arthus
Cette légende a pour nous, Français, un petit goût
d’étranger. Enfant, je n’arrivais pas vraiment à me l’approprier. Elle me
semblait trop lointaine, de mœurs extérieures à ma culture et à mes appétits
fantasmagoriques.
Pourtant, la légende de Lancelot du Lac à la quête du Graal
ou celle de Tristan et Iseult ont tout pour séduire l’âme d’un chevalier dans
l’âme. Quête éperdue et perdue d’avance
du Saint des Saints ou de l’Amour dans tout ce qu’il a de courtois et de chaste.
Mais je n’arrivais pas à y croire ou à me l’approprier. Et
l’iconographie elle-même (tableaux romantiques de la légende d’Ossian) ou le néo-gothique
de l’architecture du XIXème siècle (reprise
par la littérature anglo-saxonne)
me faisaient une impression
froide qu’un garçon élevé sur les bords de la méditerranée ou sous les
Tropiques n’arrivait pas à intégrer à son monde.
Sans doute est-ce pour rompre avec ce schéma que la mise en
scène de Graham Vick et le décor de l’Opéra de Chausson adoptent le parti
inverse. Une peinture de l’atelier de l’opéra Bastille emprunte l’image d’une
tour carré du Moyen-âge, tour des Clermont-Tonnerre sans doute… et l’atmosphère
vert-prairie relevé par un jaune vif et clair sonne comme l’amour des amants.
Vision pré-freudienne de Chausson ? Ou tout simplement
humaine de cette légende : Genièvre veut faire l’amour avec Lancelot après
avoir tout obtenu d’Arthus. C’est d’autant plus excitant pour elle que Lancelot
est le chevalier préféré d’Arthus et son fils putatif et qu’Arthus est le héros
incontestable des Chevaliers de la Table Ronde.
L’enjeu pour La femme est de taille : battre au lit ce
que les mâles ont gagné sur le champ de bataille. Foin de l’honneur (en dépit
de ses dénégations), Genièvre veut gagner sur tous les tableaux. Et les hommes enserrés par leur règles
phalliques de « chevaliers preux et sans peur » ne peuvent que périr
dans ce piège dangereux de l’amour charnel.
Aucune justice n’est possible à partir du moment où La femme
demande la satisfaction de ses désirs incommensurables. Et Mordred , véritable
fils d’Arthus, et jaloux de Lancelot, se fait l’artisan de l’effondrement de
l’idéal sociétal voulu par Arthus. La Table Ronde est un Graal elle-même. Et
les épées restent plantées dans le sol abandonnées par leurs récipiendaires.
La musique de Chausson menée par Philippe Jordan est une
révélation. Elle allie discrétion et sensibilité sans jamais sombrer dans le
mélo ou le bel canto. Cela explique sans doute sa faible popularité mais aussi
sa forte contemporanéité.
Mauresk.
dimanche 29 mars 2015
à table
À Table
Le Christ est nu les apôtres aussi un calicot blanc pour
cacher leurs parties ils sont musclés et pendant la cène le Christ semble taper
du poing sur la table Judas ressemble au prince Harry il tâte les seins d’une
femme et la foule des philistins regarde la scène comme des esprits sortis de
la nuit
Là sans doute ? une tête de St-JB sculptée en terre mongoloïde
un mascaron d’esclave dont Salomé a demandé la tête à Hérode son père Elle est
posée sur un plateau dans un papier
transparent de bouquet de fleurs Derrière une raie sourit dans un tableau
pastiche de la raie de Chardin un poisson vivant semble se précipiter vers elle
entrouverte (F.H.S.)
Des poissons il y en a à foison tête tranchée dents de la mer ou en entier en peau de poisson
séchée collée sur un papier-vague (M.Charuel) ou en plomb
pendu ou enroulé sur lui-même (V. Dutron) les mets et entremets s’entrelacent
dans l’exposition À Table
On trouve des sacs de pommes de terre comme on en voit plus
Des choux en paraffine mais aussi des
salades de toutes sortes un homard sculpté en bois roulé aux pinces dignes des Vingt
mille lieues sous les mers (M. Charuel) ou peintures sur papier kraft de légumes variés ou avariés
Il y a à manger mais aussi à boire les flacons fillettes bouteilles
magnums abondent mais aussi carafons bouteilles géantes en muselières de
bouchon de champagne (Suzanna) ou en papier de soie enserrée dans un étui en
zinc (V. Dutron) ou tesson de bouteille finement ciselé avec un liseré de plomb
complété de rubis enchâssés comme si le vin s’était figé en s’écoulant par la
brisure du flacon (M. Laurent)
Michel Laurent complète sa vision de la table avec peintures
collages et mosaïques où la bouteille et le flacon sont surplombés ou soulignés
par une femme laissant voir ses atours Ses montages laissent voir la complexité
d’un monde dans lequel les choses ne sont jamais figées quand elles sont
confrontées au vivant
La table vit aussi avec la sculpture en plâtre repoussé d’une
nappe livrée au souffle du vent sur laquelle est servi un couvert fantomatique
(L. Guimier) le socle composé d’une caisse en bois et d’une potence-liseuse en
fer forgé rajoute un kitsch indéfinissable à cette table suspendue par du fil
de pêche
Peut-on manger dans ces conditions et quoi manger dans ce
monde frêle où la modernité renforce la fragilité de l’humanité si bien que la
nature morte de F.H.S. composée d’un établi d’un compotier de pommes pourries
de Vico de bouteilles vides et d’un poisson en bois flotté tenant un trognon
entre ses dents le tout posé sur une nappe immaculée est un pied-de-nez à toutes les natures
mortes appétissantes « au compotier »
Sur la table on mange mais aussi on joue aux cartes aux dés
et en ce jour de Rameau le jeu de dés est de rigueur la police féminine modernité
oblige montée ou démontée attend de pouvoir procéder aux arrestations la
soldatesque est prête et affiche « police » au-dessus de ses seins
rebondis
à table on tire la gueule (Lebelle Ribourg F.H.S.) les
poissons ont l’air en carton-pâte est-ce
bien à table sur la table que tout se passe ou en dessous de table on fait du
pied ou se donne des coups de pied caresse mais aussi gueule-de-bois après un
repas trop arrosé et les chants des poivrots montent dans la nuit
Dans l’embrasure de la porte des cuisines un couple se donne
un long baiser qui n’en finit pas sur la toile colorée le frais de la mer les
voiles d’un bateau ou le bond d’un jaguar côtoient la cuisinière et les
casseroles de cuivre il y a du Brassens dans l’air
Buvons encore un coup dans ces verres moulés en soie suspendus légèrement dans une toile de gaze (V. Dutron)
Exposition à table 28-29 mars 2015 Atelier F.H.S. 6 rue
Lafontaine, Antony.
Mauresk
jeudi 5 mars 2015
Riralph l'atelier au fil de l'eau
Riralph, l’atelier au fil de l’eau.
C’est le capitaine d’un navire transatlantique ou d’un
supertanker amarré dans le port de Rouen et, de sa capitainerie, une ancienne infirmerie
des docks de Rouen, un bâtiment de briques rouges mécaniques, Ralph Ribourg
embrasse de son regard le nouveau paysage que la ville industrielle et
portuaire millénaire essaie de se donner désormais.
En face de ses ateliers, le nouveau centre d’art
contemporain, des quais aménagés, une promenade, des pistes cyclables. Comme
tout le vieux continent, Rouen se tourne vers l’avenir en intégrant dans son tissu
urbain les institutions qui accompagnent cette évolution.
Et pourtant, Riralph reste très éloigné de ce brouhaha
culturel. Son atelier relève plutôt de la casemate qui permet de voir sans être
vu. Un incognito favorisé par l’état d’abandon des lieux, une friche dans un
monde minéralisé où la culture est bureaucratisée pour l’enlever aux artistes eux-mêmes et
permettre aux technocrates du pouvoir de se l’approprier (de Seban à Lasvignes).
Un art en friche donc en opposition totale avec ce que les
experts appellent des œuvres de « qualité muséale » (toujours les
mêmes) qui flambent sur le « marché de l’art » entre Lady Gaga à la promo
et Lord Gago à la réalisation (raccourcis permis par Philippe Sollers dans « Médium »).
Sotheby’s et Karsten Grave n’ont qu’à bien se tenir et Perrotin préparer ses cimaises.
Nous entrons dans un dédale que l’infirmerie dévastée symbolise. Et dans l’attente
de sa fin programmée par la spéculation culturelle qui frappe à sa porte, Ralph
peint. Il peint entre les flux qui circulent autour de lui, véhicules
terrestres sur l’autoroute qui longe le val de seine et navires de toute sorte
qui dérivent dans ce qui est déjà l’estuaire du fleuve rouannais.
Il peint sous l’emprise d’un monde qui ne pénètre ici que de
manière filtrée : le ciel et ses mouvances comme l’eau du fleuve et ses
tourments restant maîtres des lieux. Capitaine au long court donc que cette peinture
dévoile peu à peu.
Et le dévoilé voilé n’est pas sans clin d’œil avec les
peintres du passé qui, à Rouen, ont tous trempé leurs pinceaux dans la seine.
Une peinture qui rappelle le claquement
des drisses des clippers des temps passés et le gonflement des voiles appelées
par la brise et la houle du large. Une
peinture qui se frotte et qui crisse, une peinture au tempo musical tantôt
triste et sombre, tantôt doux et ensoleillé.
Tempête sur la peinture faite d’une geste prompte et scandée
par une couleur vive et retenue en même temps. Le peintre arrête sa note au
bord du gouffre et nous fait remonter sur la crête de la vague en un clin d’œil.
C’est un cycle et un replat en même temps et nous avons tout en bouche d’un
coup.
Les arômes dévastent le palais et les parfums des fleurs
sauvages qui entourent son antre pénètrent en effluves saturées le corps du
logis. Et puis la pause (ou plutôt des demi-pauses) nous laissent respirer
avant que le labourage ne reprenne son sillon.
Quand le train sifflera-t-il pour Ralph Ribourg ? Nous
reprenons le Rapide pour Paris qui survole les méandres de la seine sur des
ponts de fer toujours en encorbellement entre ciel et eau.
F.
Mauresk.
lundi 16 février 2015
Stéphane Guénier
Stéphane Guénier
à la GALERIE DJEZERI-BONN du 12
février au 4 avril 2015.
Il y a du trouble dans l’air, peut-être de l’orage, du
tumulte sûrement, on entend à l’extérieur le bruit des bombes, des débris
projetés par les tirs de kalachnikov, les tanks non loin ravagent les
campagnes de l’Ukraine, en Syrie, on tue on viole on assassine, les religions
veulent exister, elles s’apostrophent, ou se désolent, des attentats, chacun
ramasse ses morts, non loin, à côté de chez moi, de chez toi, de chez nous, le
silence ne rassure pas, quel nouveau meurtre se prépare, les cerveaux fuient, dit-on
parfois, de quoi, pourquoi
Et puis à Donetsk, de l’opéra, un air, à Omsk, les enfants
jouent, une fleur, au bord d’un cratère, un sourire, une femme, une odeur de
cuisine, la table est mise, on partage, du pain, du riz, du vin, le violon
grésille, le cochon aussi, on sort des cartes, à jouer, des rires retentissent,
un chien aboie, dans un coin, l’amour, deux lèvres qui s’unissent, une
étreinte, l’appel du large, le refrain de la vie
47 Rue de Turenne, Galerie Djezeri-Bonn, on expose des papiers,
24 exactement, de Stéphane Guénier, une « technique mixte »selon les
cartels, complexe, et pourtant, tirés au cordeau, des carrés des rectangles des
bandeaux, jaune, rouge, bleu, vert, noir, blanc, Guénier joue ses gammes, ce
sont des paysages, ou des portraits de paysage, des collages, des insérés
Il n’y a rien à voir et puis beaucoup, finalement, plusieurs
langages, juxtaposés, un environnement aqueux, comme les bords de seine, en
plein champ, ou des débordements, d’une rivière happant le paysage, un ciel
sûrement et pourquoi pas un chemin mais un cheminement c’est certain, du simple
au complexe comme dans la vie, des noirceurs peut-être, de la profondeur en
tous les cas
Un bleu qui nous échappe, un reflet, dans une vitre, un
blanc, et puis, comme une équation, un quadrillage millimétré, des diagonales
hachurées, comme des interdits, un no man’s land, un territoire préservé,
peut-être celui du peintre, il poursuit sa découverte, du zéro à l’infini,
faisant correspondre les taches, dans un chaos tranquille
L’abstraction domine, les effluves de son âme, oscillent
entre bonheur et mélancolie, nous sommes, nous aussi, peu à peu happés, et
comme le peintre, le sac en bandoulière recroquevillé comme un escargot, reste au bord même de ses propres sentiments, nous
sommes prêts à rebrousser chemin, à fuir le monde ou à en créer un autre
Un simple appel, une invitation au voyage, un détour, qui ne
se trouve pas loin, au coin de la rue, peut-être même sur un écran, cathodique,
ce qu’on n’a pas vu et qu’il nous donne à regarder, un instant, pas plus que,
surtout ne pas déranger, toujours la besace près du corps, prêt à partir, à
déserter, on ne sait jamais
Mauresk
jeudi 15 janvier 2015
the smell of us notre odeur
The smell of us notre odeur
Sexe vice fantasmes visiblement dans la tradition de Larry. Mais surtout explosif dans la réalisation la narration. Dans la salle du mk2 Beaubourg j’apprends par ma voisine que j’assiste à une avant-première du film signalée sur le web. Comment ai-je pu rentrer ? Ça fait dix jours que tout est réservé.
La salle est pleine la salle est jeune. Ça fait drôle et je m’en étonne mais le buzz a fait le reste ; Larry Clark parle à la jeunesse de la jeunesse et la jeunesse s’en souvient. Jeunesse dorée avec bagouzes ongles rongés et tatouages pas de musulmans ici et le contraste est fort avec l’ambiance qui domine dehors depuis le 7 janvier.
Le débat est ici renversé Larry parle une langue de Charlie de Jean-Luc Godard en plus trash un peu comme la peinture de Jonathan Meese à la galerie Templon à côté. C’est onirique wagnérien décadent violent révulsant écœurant.
Le casting ne s’en est pas remis. Après le film les acteurs sont là et nous racontent la violence sur le plateau sans raconter tellement ce n’est pas racontable. A tel point qu’un père de 40 ans leur demande s’il y avait de la drogue de l’alcool pour aider les acteurs pendant le tournage.
Visiblement les tensions ont bouleversé le scénario si ce n’est dans le fond mais dans la forme. Si bien qu’une partie du casting initial a été sacrifié qu’un nouveau recrutement au pied-levé a été nécessaire. La Ddass la police ont vérifié que tout était régulier. Les sexes dans des chaussettes pendant le tournage l’absence de stupéfiants
Comme pour Soumission lors de sa promotion avant le 7 janvier, mais comme pour Charlie après le 7 janvier les acteurs précisent que c’est une fiction…Que tout est joué que tout est composition rien sous cocaïne que les scènes de sexe sont fictives et que tout est très professionnel. Soumission au metteur en scène sans ligne de coke donc
C’est de l’art et Larry sait ce que le langage de l’art a à dire sans concession à la société d’aujourd’hui sur sa jeunesse les rapports entre la jeunesse et les adultes. En scène violemment dans le rôle du clochard Rock star dont le corps sert de support aux skateurs d’entrée de jeu en bas du palais de Tokyo. Dans le rôle aussi du fétichiste qui lèche les pieds de l’Escort-adolescent.
Est-ce la jeunesse parisienne ? La question vient d’un acteur et la réponse aussi pour lui non et un autre indique qu’il ne se reconnaît pas dans le film tout le monde semble être sous le choc du tournage et du résultat. Où veut en arriver Larry ?
A un langage universel qui a dérouté tout le monde au moment du tournage nous dit un plus vieux Qui est le propre d’un créateur autodidacte nous dit un technicien L’expérience Larry passe par cette incompréhension radicale ici aussi
C’est ça qui est radical l’incompréhension. Des êtres les uns des autres les jeunes entre eux les jeunes et les vieux et ses regardeurs-voyeurs avec le film de Larry. Et pourtant n’est-ce pas là que Larry frappe juste en nous prouvant ce décalage entre les êtres appartenant à un même monde à une même culture.
Alors que peut-il en être pour des cultures si différentes que celles qui se côtoient désormais en occident.
Il ya des relents de Michel-Ange sur le plan esthétique dans « notre odeur » mais peut-être de Kubrick dans ce jeu dangereux plébiscité par la jeunesse dorée du Trocadéro. Le skate une prouesse de jeunes mâles qui poussent toujours plus loin la recherche d’odeurs fortes. Qui les conduit au vertige de l’alcool de la drogue et du sexe.
La photo de presse autour de Larry sur le net montre la déroute que laisse à cette jeunesse ce miroir constitué pour elle par Larry. Une impression morbide que les jeunes acteurs présents hier soir au Mk2 n’ont pas démenti devant leurs spectateurs. Mauresk.
Sexe vice fantasmes visiblement dans la tradition de Larry. Mais surtout explosif dans la réalisation la narration. Dans la salle du mk2 Beaubourg j’apprends par ma voisine que j’assiste à une avant-première du film signalée sur le web. Comment ai-je pu rentrer ? Ça fait dix jours que tout est réservé.
La salle est pleine la salle est jeune. Ça fait drôle et je m’en étonne mais le buzz a fait le reste ; Larry Clark parle à la jeunesse de la jeunesse et la jeunesse s’en souvient. Jeunesse dorée avec bagouzes ongles rongés et tatouages pas de musulmans ici et le contraste est fort avec l’ambiance qui domine dehors depuis le 7 janvier.
Le débat est ici renversé Larry parle une langue de Charlie de Jean-Luc Godard en plus trash un peu comme la peinture de Jonathan Meese à la galerie Templon à côté. C’est onirique wagnérien décadent violent révulsant écœurant.
Le casting ne s’en est pas remis. Après le film les acteurs sont là et nous racontent la violence sur le plateau sans raconter tellement ce n’est pas racontable. A tel point qu’un père de 40 ans leur demande s’il y avait de la drogue de l’alcool pour aider les acteurs pendant le tournage.
Visiblement les tensions ont bouleversé le scénario si ce n’est dans le fond mais dans la forme. Si bien qu’une partie du casting initial a été sacrifié qu’un nouveau recrutement au pied-levé a été nécessaire. La Ddass la police ont vérifié que tout était régulier. Les sexes dans des chaussettes pendant le tournage l’absence de stupéfiants
Comme pour Soumission lors de sa promotion avant le 7 janvier, mais comme pour Charlie après le 7 janvier les acteurs précisent que c’est une fiction…Que tout est joué que tout est composition rien sous cocaïne que les scènes de sexe sont fictives et que tout est très professionnel. Soumission au metteur en scène sans ligne de coke donc
C’est de l’art et Larry sait ce que le langage de l’art a à dire sans concession à la société d’aujourd’hui sur sa jeunesse les rapports entre la jeunesse et les adultes. En scène violemment dans le rôle du clochard Rock star dont le corps sert de support aux skateurs d’entrée de jeu en bas du palais de Tokyo. Dans le rôle aussi du fétichiste qui lèche les pieds de l’Escort-adolescent.
Est-ce la jeunesse parisienne ? La question vient d’un acteur et la réponse aussi pour lui non et un autre indique qu’il ne se reconnaît pas dans le film tout le monde semble être sous le choc du tournage et du résultat. Où veut en arriver Larry ?
A un langage universel qui a dérouté tout le monde au moment du tournage nous dit un plus vieux Qui est le propre d’un créateur autodidacte nous dit un technicien L’expérience Larry passe par cette incompréhension radicale ici aussi
C’est ça qui est radical l’incompréhension. Des êtres les uns des autres les jeunes entre eux les jeunes et les vieux et ses regardeurs-voyeurs avec le film de Larry. Et pourtant n’est-ce pas là que Larry frappe juste en nous prouvant ce décalage entre les êtres appartenant à un même monde à une même culture.
Alors que peut-il en être pour des cultures si différentes que celles qui se côtoient désormais en occident.
Il ya des relents de Michel-Ange sur le plan esthétique dans « notre odeur » mais peut-être de Kubrick dans ce jeu dangereux plébiscité par la jeunesse dorée du Trocadéro. Le skate une prouesse de jeunes mâles qui poussent toujours plus loin la recherche d’odeurs fortes. Qui les conduit au vertige de l’alcool de la drogue et du sexe.
La photo de presse autour de Larry sur le net montre la déroute que laisse à cette jeunesse ce miroir constitué pour elle par Larry. Une impression morbide que les jeunes acteurs présents hier soir au Mk2 n’ont pas démenti devant leurs spectateurs. Mauresk.
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