jeudi 31 mars 2011

PSEUDO WHAT DIABOLICUM

PSEUDO WHAT DIABOLICUM

Diabolique PSEUDO WHAT ce samedi à Antony. Dans cette ville de banlieue située entre l’aéroport d’Orly et le château de Sceaux à la Croix de trois autoroutes et deux lignes de chemin de fer s’est déroulée la plus étonnante des manifestations devant le tout GRAND PARIS.

Lyonnais, Grenoblois et Montpelliérains mais aussi Normands et Beaux Jolais accompagnés de banlieusards et d’authentiques Montmartrois avaient affrété TGV, trains bleus et RER bleus blancs rouges (malheureusement en panne comme toujours dans ce coin reculé du S.T.IF. (Syndicat des Transports de l’Ile-de-France)) obligeant maints Visiteurs du Soir à chausser leurs bottes de sept lieues pour affronter les intempéries.

Tout était prêt ou Rien ? Les spectateurs conviés à divers happenings mis en scène par un Nouveau Comte de Montecristo en sont restés comme des ronds de flanc, entre « vieille Fourme vieille », ronds de saumon en coquillettes, feuilletés de pruneaux d’Agen enrubannés de fines tranches de bacon frit, couronnes de Gougère de Laguiole arrosés de Vrai Vouvray, parades de Juliénas et de Saint-Amour, Tutti Chianti pour exciter l’œil vif de nos spadassins du Week-end.

Il fallait bien ça et non un simple havresac pour affronter « Que Quoi » ? : la neige ? le blizzard ? Non : les pentes escarpées d’un marouflage hors du commun estampillé Lebelle-Ribour.

Certains n’y allèrent pas par quatre chemins, munis de piolets, de cordes d’escalade et baudrier de rappel, de lampes torches avec pelle d’avalanche, ARVA et sonde éclairaient le spectateur de leurs Lumières du XVIIIème (siècle ou arrondissement ?). Car dans ce Capharnaüm il faut chercher sa voie, un couloir d’accès, une rampe, un balcon enneigé pour ne pas dévaler la pente trop vite ; ménager ses forces, retenir sa respiration car à chaque virage une surprise un nouveau sommet se dévoile comme si au bout se trouvait une Source charmante ou un Bouquet de roses.

Les artistes-peintres (semble-t-il) munis de violentes torches halogènes illuminaient d’en-dessous le glacier d’où croulait une luminosité spectrale. Et comme à travers un verre brisé nous pouvions distinguer (métaphoriquement s’entend) : poissons-fleurs et astres ; tandis que des marouflages ou des sculptures de cagettes lançaient leurs flammes bleuies par le temps dans le ciel orageux du printemps naissant.

Un texte infâme par sa longueur, sa lenteur et sa redondance replète, mais apostrophé par un Olivier Roche survolté, nous décrivait par le menu les étapes de notre Chemin- de- Croix, véritable Carte Michelin du travail des Artistes, pour nous mener jusqu’au Piton de la Fournaise. Spots orange fluo, miroirs à facettes, tôles galvanisées tout était fait pour nous dérouter : vrai ou faux ? NOM PSEUDO WHAT !

Et Guionnet par ce premier cafardage reprit le tout le malaxa ; du son de son saxo sans anche sortit tordu torturé comme sous le marteau d’un Diable nouveau ; souffle rude, hourdi de grottes profondes de souterrains d’où seule peut sortir une vérité ; interprétait-il les murs de papiers qui l’entouraient et semblaient se déchirer par quelque magie moderne ou nous rappelait les débris, les déchets de tous les cataclysmes de l’ère nouvelle.

Etions-nous les témoins de quelques Tsunami, d’un tremblement de terre ou d’un accident nucléaire ? Fukushima tremblant de sons déchirants l’air et les poitrines, faisant fuir la foule comme frappée d’un maléfice. Tableau vivant de toutes les CATASTROPHES ; les invités cherchaient les écoutilles, une échelle de corde, un bol d’air frais, se bouchaient les oreilles, ne sachant ni rire ni pleurer !

Le bateau semblât prendre l’eau rompant les amarres sur le parquet Versailles de la Belle Demeure. Des tensions étaient perceptibles dans l’assistance mais nulle part il n’était possible de trouver le repos. Comme dans un cauchemar, nous étions poursuivis par les Trompettes de la Mort. Et ceux qui la refusaient, exécraient ceux qui l’encensaient !

Après les accumulations d’Olivier Roche, la mer de sons de Jean-Luc Guionnet avait chassé jusqu’à la plus petite brindille. Un nouveau sable avait envahi le salon mauresque…une eau claire, un peu froide certes, mais pure, une vibration d’atmosphère limpide. Sur les murs les papiers dansaient tandis que des petites filles (cette maison ne semble pas connaître le droit du travail) se lançaient dans des courses endiablées dans les douves du château.

De nouveaux mets venaient titiller nos papilles, des Lonzo, des Figatellu, des fromages de Mela et des Bessières, des salades-bouillabaisses de fruits et de légumes. Et pour se rafraîchir des fraisiers mentholés arrosés des Vins Naturels du Baron de Roubiac, un Château de Bastet et autres Bourgueil avalés goulument par les hôtes de ces lieux. Tout cela faisant Grand Siècle ! PSEUDO WHAT ! « Wight is Wight »

Fallait-il se plaindre de l’absence de viandes rouges ? Toutes ces tentations n’étaient-elles que la Grande Cuillère avec laquelle SATANAS attrape ses proies ? Derrière ces flamboiements ne fallait-il pas craindre le Jugement Dernier, l’Inquisition ?

OUF ! NON ! Un piano guilleret se mettait soudain en branle, voix suave de Jean-Luc Schwartz (tous ces artistes sans PSEUDO ! WHAT ?) enchantant de ses « Lili » nos oreilles et nos corps fatigués. Comme dans un bal du dimanche, je prenais ma voisine par la taille bercé d’illusions. Un monde nouveau allait-il poindre ? Un nouveau soleil ? Allais-je sortir de ma caverne, de mes insomnies ? Le canon allait-il se taire ?

« La vie va, ainsi va la vie, François la peint, Martin lui sourit, Jérôme lui parle, Charles lui écrit Ainsi va la vie qui va, Rrose Sélavy »….Mauresk.

samedi 19 mars 2011

Le More : l’amour à mort.

« Je suis là pour dix jours » me dit-elle avec son accent allemand. Je crois donc à une vacancière. « Je vais au théâtre tous les soirs ». « Tous les soirs ! » m’exclame-je ! Dans ma tête, je me dis qu’elle fait un voyage culturel axé sur le théâtre ? ou un voyage d’étude pour étudier la mise en scène française ?, mais la pièce que nous allons voir est en allemand ? Du coup je ne sais plus…jusqu’à ce qu’elle me dise : « je suis souffleuse ». Me voilà assis à côté de la souffleuse d’Othello, au premier rang, bien au milieu.

Nous rions de la situation. Comment une allemande aurait pu passer ses vacances à aller voir du théâtre tous les soirs à Paris ! Qui plus est en banlieue ! Nous sommes aux Gémeaux à Sceaux. Souffleuse ! « Ça n’existe plus en France depuis longtemps je crois » continue-t-elle. Je ne sais pas trop. C’est vrai qu’on en voit plus. Autrefois, les souffleurs étaient cachés dans une guérite enfouie à l’avant-scène. Pas au milieu du public comme ma blonde allemande « soufflante » !

Le spectacle commence. Bien qu’au premier rang, je ne me suis pas rendu compte pendant ma discussion avec Ulrike qu’une piscine composait l’essentiel du décor. Une piscine à haut fond qui s’approfondit au fur et à mesure que l’on s’approche de l’avant-scène.

Les acteurs pataugent. Plutôt les musiciens qui accompagnent la première nuit d’amour d’Othello et Desdémone. Othello se déshabille. Beau mâle aux chairs rebondies, il affiche une nudité sans fard, des muscles d’athlète pratiquant les haltères et les sports de combat.

Comme l’acteur est Blanc, un aryen sans doute, Desdémone plonge ses mains dans la vase des canaux vénitiens pour en couvrir le corps de son amant. Rite de passage de l’homme se transformant en bête sexuelle, ou de la pièce mettant en scène ses personnages. La main douce de Desdémone glisse sur les flancs de son homme lui donnant une noirceur animale.

Dans le texte allemand, nul More, il s’agit du « Schwarz », traduit au surplomb de la scène par « Black » (en français ?), plus exactement « le Black » ! Thomas Ostermeier annonce d’emblée la couleur. Une histoire d’aujourd’hui ! Rencontre de l’autre : l’autre sexe, l’homo-sexualis, le métèque, le Noir, l’étranger.

Le choc des corps et des cultures, le choc des civilisations. Un choc de passions, de cris, de sons gutturaux expulsés par l’orchestre qui tonitrue avec ses percussions, ses envolées de saxo. Le drame est déjà là, dans cette première nuit d’amour. L’amour qui vous fait sortir de vous-même, vous arrache à vos origines, vous projette dans un autre temps.

Desdémone aussi est nue maintenant. Un drap blanc recouvre les amants, le drap de l’hymen percé, un linceul blanc. Dans un pas chassé, deux tritons neptuniens poussent le lit de noce vers l’arrière-scène. N’est-il pas déjà l’annonce du tombeau ?

La catharsis peut fonctionner : l’amour jusqu’à la mort ! Mauresk.

Othello de William Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier, première en France, du 16 au 27 mars, au théâtre des Gémeaux à Sceaux, à voir absolument.