vendredi 8 avril 2011

"j'ai un(e) chat(te) dans la gorge"

« J’ai un(e) chat(te) dans la gorge » de Lili Sanchez. Huile sur toile, 30X46, 2010.

Lili Sanchez m’a longuement parlé de cette toile comme d’un tableau décisif dans sa vie de peintre. Pour elle, il s’agit d’un tournant dans sa peinture.

Le tableau est d’une très belle facture d’exécution. La peinture, du fait de l’utilisation d’une épaisse couche d’huile, au couteau, se présente un peu comme un bas-relief, tant la matière y est sculptée. Le tableau lui-même, représente le cou d’une jeune fille dans lequel grimpe un chat. La tête de la jeune fille n’est pas entièrement visible et le buste est coupé juste au-dessus des seins.

Centré sur le cou et l’animal (qui semble en arrêt et regarde l’assistance ou le peintre), la toile représente la douleur pour la jeune fille qui supporte cette intrusion dans son cou et donc dans sa vie. Le chat grimpe dans l’œsophage et la jeune fille déglutit une salive qui semble impossible à retenir. Le chat ne se rend pas compte de là où il est. Et la jeune fille, dont on ne perçoit que le bas du visage, semble elle-même ignorer le mal qui la ronge.

L’innocence du chat est à mettre en parallèle avec les ravages qu’il cause dans la chair même de la jeune fille. La douleur s’étend à tout le buste et remonte le long des amygdales jusqu’aux oreilles de la malade. Sur ou sous la peau, la matière est indistincte mais s’organise autour de rouges et de bruns qui évoquent l’intrusion des outils chirurgicaux ou une nécrose. La mort rode.

Mais l’un et l’autre ignorent les causes de l’effroi qu’ils subissent ou causent. Si ce n’est par le troisième acteur de la scène qu’est le peintre. C’est l’intérêt manifesté par le peintre pour la situation qui pourrait permettre de solutionner le problème.

Le peintre, seul exorciste de la douleur humaine ? Peut-être faudrait-il changer le titre du tableau.

Mauresk.

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