Le Sphinx.
Ils l'appellent "Le Labyrinthe des Pensées" mais il apparaît plutôt dans cette cour d'école des Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris comme un Sphinx.
Sorti des sables ou du béton parisien ? C'est difficile à savoir et puis tous ces petits pseudos drapeaux tibétains pourraient nous faire penser à un monument venu d'ailleurs d'un autre monde, du toit du monde.
Cette impression multiple est renforcée par le caractère polymorphe de la face à laquelle nous faisons face (justement) en arrivant : est-ce un visage de femme, ou d'homme, une Indienne disent certains ou un Bouddha, voire un Chaman avec sa mâchoire édentée, ses yeux exorbités...en tous les cas un personnage étrange auquel on prêterait bien des dispositions divinatoires. Serait-ce un hommage à Delphes et à Apollon, à la Nouvelle Pythie des Montparnassiens ?
Devant, tel un écoulement sacré, une langue pendante s'étale à nos pieds, sorti de la bouche un conglomérat d'objets hétéroclites : on y reconnaît une bouteille de whisky, le reste d'une roue (de la fortune ?), un aftershave sous pression, une bouée de Yacht, des milliers de petits morceaux de plastique multicolores et scintillants parce que délavés par la mer, le tout mélangé avec des posidonies plantes sous-marines qu'on ne trouve qu'en Méditerranée et qui constituent un marqueur de la pollution en mer.
Une multitude de restes d'une civilisation non pas perdue car c'est la nôtre ! La première civilisation dont on retrouve les restes archéologiques avant même qu'ils n'aient été ensevelis. En fait, une civilisation qui n'arrive plus à digérer ses déchets, ses excréments et qui nous les livre jetés par les flots sur les plages ou les rochers.
A côté les artistes ont mis en bouteille en plastique, des petits galets blancs, comme pour mettre au musée ce qu'ils ont pu sauver de l'écosystème en voie d'explosion : est-ce que ce sont les petits cailloux blancs du Petit Poucet, est-ce qu’ils ont pour mission de nous faire retrouver le bon chemin?
Mais le Labyrinthe des Pensées n’a pas encore livré tous ses secrets, et nous devinons déjà que derrière la face, la façade, il y a autre chose. Un envers du décor donc ! Car le front est éclaté et du crâne émergent des objets, des cylindres, des spirales, des œuvres d’art, des peintures, des traces, des hiéroglyphes ou des peintures rupestres ?
Qu’est-ce-donc que ce Labyrinthe ? Les restes de celui de Crête, l’antre du combat du Minotaure avec Thésée : y-a-t-il un fil d’Ariane pour nous guider ?
Il y a quelques jours, la tempête a soufflé dans la cour et le Labyrinthe a connu le naufrage : dépouillé, délesté de ses oripeaux…il est parti à la dérive…il n’en était pas moins beau…il anticipait seulement de quelques jours ce qu’il finira par être comme tout Cheval de Troie, un objet de conquête mais la prémonition aussi du désastre à venir…
Mauresk
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