DALI :
LE GENRE HUMAIN
Je ne
l’attendais pas sur ce terrain-là et pourtant une fois dit, c’est
évident : c’est la question du « genre » que pose l’exposition
DALI à Beaubourg. Et c’est certainement ce qui en fait la modernité et
l’actualité.
Sans arrêt,
revient le thème de l’homme et de la femme, de leurs interactions, mais aussi
de leur vie , chacun à part.
Et pour ce
qui concerne Dali, ce qu’il voit et pense des femmes, comment il se situe par
rapport à elles et vis-à-vis de sa sexualité.
La méthode
« paranoïa-critique » prend tout son sens ici, mais la problématique
du « genre »m’a été soufflée par le dessin intitulé « Paul et
Gala », 1931 : Gala nue fait des fellations avec un plaisir non
dissimulé à son mari le poète Paul Eluard. Or Dali est tombé « fou
amoureux » de Gala lors de leur première rencontre à Figueras en 1929.
Cette relation à trois m’a interrogé sur la
sexualité de Dali : « impuissant » dit-on, comme tous les
paranoïaques ? Comme Hitler qu’il dessine se masturbant ? D’autant
que, presqu’en face de ce dessin, est exposé un portrait de Gala intitulé « monument
impérial à la femme-enfant » peint en 1929 ! Qu’est-ce qu’une femme-enfant :
une « Vierge » ?
Femme ou
mère ? vierge et impuissant donc …comme tout son art obsessionnel du « genre »
le montrerait. Sa femme « fatale » pour les uns, « enfant »
pour lui est une « Gala en Léda », mère de deux couples de jumeaux,
Castor et Pollux et Hélène et Clytemnestre a conduit Zeus à se transformer en
Cygne. Est-ce un chant ? Un repère dans le monde déréalisé, sur-réalisé ?
Lorsqu’il offre le château de Pubol (Gerone) à
Gala, un contrat est établi entre eux selon lequel, il ne pourra l’y rejoindre
que sur « autorisation écrite de la main de Gala » apprend-on ? Cette
Gala, qu’il appelle « Gravida » en référence à Freud, est celle qui
peut seule effectuer sa cure psychologique. Son thérapeute donc !
Dali, Don
Quichote de la Peinture tourne sur lui-même, et n’est-ce pas lui les « montres
molles », ce Narcisse qui tourne le dos à la Bacchanale pour se mirer dans
un miroir ? Nouveau Léonard, « touche-à-tout », ingénieur de l’ère
d’Hiroshima où tout est dé-nucléé, comme ses tableaux et pourquoi pas la
relation homme-femme où les rôles seraient inversés, où l’actif est le passif,
la femme portant les clés et le peintre un rêveur Vélasquez, Millet, Le Nain,
Watteau…
et jamais un
Picasso, qui avec sa longue cuiller ne conquiert que l’Enfer…
Aussi, le
Dali extravaguant et psalmodiant un discours en boucle prend lui-même ici la
figure de l’enfant, un enfant à la recherche d’une mère idéelle, une mère –enfant
qui veut un monde sans violence, qui accepte l’autre, le différent, l’homosexuel,
l’impuissant…
Quand
Breton, Picasso se font sourds et cyniques, Dali cherche un Dieu sans sang, sans
stigmates, sans mortifications, un corps beau comme la nature belle comme la
plage de Cadaquès…
Mauresk.
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