L’homme à l’épine.
F.H.S. 2013
Bien connu « le tireur d’épine », des Grecs, des Romains d’abord puis des hommes de la Renaissance. Papes et rois s’arrachèrent le bronze du Capitole du 1er siècle, retrouvé lors de fouilles romaines. François 1er ne put en conserver qu’une copie que l’on voit dans la Galerie de la chasse à Fontainebleau au côté du Laocoon, une copie aussi et qui avec le Centaure, et le Torse du Belvédère constituent l’archétype de la sculpture antique qui revivifie la sculpture moderne.
Brunelleschi comme Ghiberti s’en inspirent dans leur représentation du sacrifice d’Isaac pour la Porte du Baptistère de St-Jean à Florence. L’un pour reprendre la thématique du tireur d’épine, Abraham se retire une épine dans le projet de Brunelleschi tandis que dans celui de Ghiberti, il se rafraîchit les pieds.
Faut-il mieux les rafraîchir ou retirer l’épine ? Il semble que cela soit une question de sensibilité. Et les fabricants de Laine, commanditaires de la fameuse porte, ont choisi le frais. Il est vrai qu’enlever l’épine quand elle est bien enfoncée, est une torture et pas toujours une délivrance. Sauf à la fin.
Au Louvre, on peut voir en ce moment tout ça, et notamment une version du tireur d’épine du 1er siècle en marbre du musée de Modène. C’est à y perdre son latin, car la sculpture authentique du Capitole est aussi du 1er siècle. Il faudrait des minutes notariées pour savoir quelle est l’originale et quelle est la copie.
Mais l’art de la copie n’est pas d’aujourd’hui. Le faux est monnaie courante depuis la plus haute antiquité voire depuis le néolithique. On copie les Maîtres, toujours dans le fol espoir de s’approprier leur savoir ou leur notoriété quand ce n’est pas leur bien.
Et les copies du Tireur d’épine se multiplient quand les rois s’en entichent. Tout le monde veut la sienne. Carpeaux au XIXème siècle fut un original : il préféra réaliser « une tireuse » d’épine » qu’on voyait, un temps, à l’entrée du musée Jacquemart-André. Question de sensibilité sans doute : la femme devenant le centre de la préoccupation dix-neuviémiste rococoïsante.
Tandis que début XXIème, F.H.S. nous propose un spécimen nouveau. Un homme à l’épine (2013) (Galerie du Montparnasse jusqu’au 29 octobre 2013) sans surface charnelle, non pas un écorché mais un personnage translucide en matériaux frustres, un grillage à poules et un papier plastique brillant d’emballage, qui peut renvoyer à la problématique freudienne qui nous domine depuis plus d’un siècle de l’introspection et à l’humanisme de la Renaissance « qu’est-ce que l’homme » ? dans un style décadent post-moderne de la récupération de tout : l’art, les détritus, le déchet, l’histoire, les idées, la philosophie, le tout avec un calibrage millimétré comme seules l’anthropométrie ou la zoométrie l’autorisent. Mauresk.