mardi 20 novembre 2012

LE CARROSSE D'OR



LE CARROSSE D’OR de Jean Renoir                                                               BAROQUE :
l’usage de l’anglais pour un film si français ! Le carrosse est d’or et sa facture de la plus belle tenue, « les ressorts en sont d’acier anglais » mais que dire de sa marquèterie, de ses soieries de ses ornements si ce n’est qu’ils sont baroques !
Comme l’est le vice-roi les pieds dans le baquet, le gros orteil retourné étalant son flegme devant une cour la langue pendante devant son carrosse arrivé d’Europe.
Pourquoi un carrosse ? Pour asseoir le pouvoir, SON SYMBOLE. L’or embarrasse, embrase les relations humaines, met le feu aux poudres dans la société civile comme dans ses relations avec les indigènes.
Successions de tableaux, de peintures, le film se fait léger même dans ses moments les plus dramatiques. L’or est un piège, l’amour aussi : comment en sortir ? Mauresk.

vendredi 9 novembre 2012

LA CONTRADICTION BADINTER



La contradiction BADINTER. 

Sur France Inter, une journée FREUD, et en prime time Élisabeth Roudinesco et Élisabeth Badinter, les deux égéries du psychanalyste aujourd’hui. 

« La femme et la psychanalyse » est le sujet de l’interview, peut-être plus précisément « Freud et les femmes » : un sujet qui fâche… les féministes. 

Pour Freud, la femme est, nous dit Élisabeth Badinter, « le continent noir, une malédiction biologique dont la sexualité est caractérisée par l’infériorité ». Pourquoi ? Du fait de l’absence de pénis. Ce que toutes les petites filles constatent dans l’enfance et qui constitue leur problématique : « pourquoi ? »

« Pourquoi ne pas avoir un machin comme ça ? » Ceci expliquerait la position passive naturelle et ou culturelle, la modestie de la femme…

Cependant Freud n’a rien d’un misogyne, bien au contraire, il était entouré de femmes et d’ailleurs il laisse aux femmes le soin d’éclairer la situation de la femme. Il leur est extérieur mais en même temps, de son temps, les femmes de son entourage étaient d’accord avec sa thèse… 

C’est le, les féminismes qui ont conduit à revisiter cette thèse : alors universalisme ou historicité de la psychanalyse ? Et il est vrai que les psychanalystes femmes ont revalorisé le clitoris « qui n’a rien de pathologique… » Ainsi de Marie Bonaparte, ce qui a pu conduire à la promotion de femmes viriles, revendicatrices etc.

Ce statut de la femme conduit cependant Freud à expliquer que les femmes aient moins le sentiment de justice, moins la capacité de sublimer…les femmes auraient beaucoup de mal à sortir de l’Œdipe du fait d’un surmoi fragile et de la difficulté dans laquelle elles se trouvent de passer de la mère au père. 

A ce point nodal de l’interview, Elisabeth Badinter, indique la nécessité de replacer le point de vue de Freud dans l’environnement : de la femme ?historique ? sociologique ? introduisant d’un seul coup un relativisme de la théorie freudienne…

Car, pour Freud, « il y aurait un éternel féminin culturel »…

Les féministes ne sont pas d’accord sur ce point : ainsi, le tout premier stade est-il féminin ou masculin ? Le premier objet d’amour n’est-il pas la femme ? Pirouette de Badinter pour faire croire que le pas serait plus facile à franchir pour les femmes que pour les hommes : c’est la contradiction Badinter. 

Mais c’est justement cet amour féminin premier, de la mère pour l’enfant,  qui constitue un « avantage » pour les hommes, en raccourcissant le parcours…

Cependant Freud ces dernières années a été récupéré par le féminisme réactionnaire,nous dit Élisabeth Badinter notamment à travers la doctrine du CARE. Le rôle passif des femmes faciliterait leur capacité à prendre soin de l’autre. La femme selon ce courant du féminisme, serait plus proche de l’individu et dans sa version biologisante expliquerait les vertus féminines d’attention à l’autre…Les femmes seraient ainsi faites pour être mères…

Pour Élisabeth Badinter ce discours est une RÉGRESSION qui conduit à une vision masochiste et narcissique de la femme qui cautionne toutes les douleurs du parcours de la femme : les règles, l’accouchement ; son masochisme serait la traduction de sa bonne nature.

Il faut revenir à la thèse freudienne de la bisexualité humaine, dans ses trois dimensions anatomique, hormonale, psychologique. 

Faut-il dans ces conditions et en suivant les thèses du gender (genre)de Judith Butler: dissocier le sexe de l’identité ? 

Pour Élisabeth Badinter, Judith Butler « rebat les cartes » mais elle n’y croit pas pour sa part. Le problème est plutôt celui du « SENTIMENT IDENTITÉ ». 

Il faut donc laisser aux enfants le temps de la différenciation de la sexualité, pour apprendre à savoir ce qu’on est…Car l’adulte accompli est celui qui est capable de retrouver sa part féminine ou masculine : accepter sa bisexualité sans avoir peur.  

Les enseignants en France sont-ils conscients de ces enjeux ? Oui incontestablement, même si ce n’est pas leur rôle d’être des analystes…

Sommes-nous tous des héritiers de Freud ? Oui, mais un grand remaniement théorique doit se produire pour intégrer le féminisme, l’homoparentalité, les nouvelles problématiques de l’enfance …

Mauresk.

jeudi 8 novembre 2012

Dans La Maison



DANS LA MAISON de François Ozon
Osons doit être le maître-mot de François. Campons le décor et forçons le trait. Du monde de l’éducation républicaine, faisons la caricature : une école en uniforme à l’anglo-saxonne pour cacher les différences, des élèves insipides et préoccupés seulement de leur portable et de leur sortie du samedi soir,  un professeur qui termine à La Verrière , le centre bien connu de la Mutuelle des enseignants la MGEN. 

Mais nous sommes déjà à la fin du film, là où Ozon nous mène, sans nous ménager car ce qui l’occupe ce n’est pas le réel, c’est le fantasme. Le fantasme de tous sur tout, c’est-à-dire du public sur son école, du maître sur son public (ses élèves), de l’élève sur son professeur, dont il croit pouvoir tout attendre.  

Ce dernier fantasme prend la forme de Claude (ou Charles) qui prend la plume pour son maître, Monsieur Germain (Fabrice Luchini), professeur de Français de la seconde C : « Il écrit ! » Chose, que son maître n’a jamais rencontré : un élève-écrivain ! Un élève fantasmé donc, mais en chair et en os, qui entre et bouscule la vie de son professeur à travers ses copies. 

L’école n’est donc qu’un prétexte mais qui dit tout sur ce fantasme de la relation professeur –élève qui hante toute une société pour laquelle l’école joue un si grand rôle dans la détermination de chacun (au moins le croit-on). 

L’histoire s’emballe et la relation professeur-élève aussi ! Mais, si l’écriture normalement est le rempart contre le passage à l’acte, la métaphore ici semble vite dépassée par la réalité et notre maître s’y perd embarqué lui-même par cette logique implacable de l’amour qui toujours se tisse entre le maître et le disciple.    
Le « jouir » est à l’acmé ! Pour le maître qui se donne corps et âme à sa fonction pédagogique ! Pour l’élève qui se transcende dans les différents rôles qu’il adopte pour plaire à son maître : une « Marguerite » aux pétales multicolores ! Voire pour les autres protagonistes inconscients de cette relation passionnée qui les emporte malgré eux. 

Roman bien sûr mais non sans danger car pour une fois le professeur réussit à devenir son Faust !