DANS LA MAISON de François Ozon
Osons doit être le maître-mot de François. Campons le décor
et forçons le trait. Du monde de l’éducation républicaine, faisons la
caricature : une école en uniforme à l’anglo-saxonne pour cacher les
différences, des élèves insipides et préoccupés seulement de leur portable et
de leur sortie du samedi soir, un
professeur qui termine à La Verrière , le centre bien connu de la Mutuelle des
enseignants la MGEN.
Mais nous sommes déjà à la fin du film, là où Ozon nous
mène, sans nous ménager car ce qui l’occupe ce n’est pas le réel, c’est le
fantasme. Le fantasme de tous sur tout, c’est-à-dire du public sur son école,
du maître sur son public (ses élèves), de l’élève sur son professeur, dont il croit
pouvoir tout attendre.
Ce dernier fantasme prend la forme de Claude (ou Charles) qui
prend la plume pour son maître, Monsieur Germain (Fabrice Luchini), professeur
de Français de la seconde C : « Il écrit ! » Chose, que son
maître n’a jamais rencontré : un élève-écrivain ! Un élève fantasmé
donc, mais en chair et en os, qui entre et bouscule la vie de son professeur à
travers ses copies.
L’école n’est donc qu’un prétexte mais qui dit tout sur ce
fantasme de la relation professeur –élève qui hante toute une société pour
laquelle l’école joue un si grand rôle dans la détermination de chacun (au
moins le croit-on).
L’histoire s’emballe et la relation professeur-élève aussi !
Mais, si l’écriture normalement est le rempart contre le passage à l’acte, la
métaphore ici semble vite dépassée par la réalité et notre maître s’y perd
embarqué lui-même par cette logique implacable de l’amour qui toujours se tisse
entre le maître et le disciple.
Le « jouir » est à l’acmé ! Pour le maître
qui se donne corps et âme à sa fonction pédagogique ! Pour l’élève qui se
transcende dans les différents rôles qu’il adopte pour plaire à son maître :
une « Marguerite » aux pétales multicolores ! Voire pour les
autres protagonistes inconscients de cette relation passionnée qui les emporte
malgré eux.
Roman bien sûr mais non sans danger car pour une fois le
professeur réussit à devenir son Faust !
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