jeudi 8 novembre 2012

Dans La Maison



DANS LA MAISON de François Ozon
Osons doit être le maître-mot de François. Campons le décor et forçons le trait. Du monde de l’éducation républicaine, faisons la caricature : une école en uniforme à l’anglo-saxonne pour cacher les différences, des élèves insipides et préoccupés seulement de leur portable et de leur sortie du samedi soir,  un professeur qui termine à La Verrière , le centre bien connu de la Mutuelle des enseignants la MGEN. 

Mais nous sommes déjà à la fin du film, là où Ozon nous mène, sans nous ménager car ce qui l’occupe ce n’est pas le réel, c’est le fantasme. Le fantasme de tous sur tout, c’est-à-dire du public sur son école, du maître sur son public (ses élèves), de l’élève sur son professeur, dont il croit pouvoir tout attendre.  

Ce dernier fantasme prend la forme de Claude (ou Charles) qui prend la plume pour son maître, Monsieur Germain (Fabrice Luchini), professeur de Français de la seconde C : « Il écrit ! » Chose, que son maître n’a jamais rencontré : un élève-écrivain ! Un élève fantasmé donc, mais en chair et en os, qui entre et bouscule la vie de son professeur à travers ses copies. 

L’école n’est donc qu’un prétexte mais qui dit tout sur ce fantasme de la relation professeur –élève qui hante toute une société pour laquelle l’école joue un si grand rôle dans la détermination de chacun (au moins le croit-on). 

L’histoire s’emballe et la relation professeur-élève aussi ! Mais, si l’écriture normalement est le rempart contre le passage à l’acte, la métaphore ici semble vite dépassée par la réalité et notre maître s’y perd embarqué lui-même par cette logique implacable de l’amour qui toujours se tisse entre le maître et le disciple.    
Le « jouir » est à l’acmé ! Pour le maître qui se donne corps et âme à sa fonction pédagogique ! Pour l’élève qui se transcende dans les différents rôles qu’il adopte pour plaire à son maître : une « Marguerite » aux pétales multicolores ! Voire pour les autres protagonistes inconscients de cette relation passionnée qui les emporte malgré eux. 

Roman bien sûr mais non sans danger car pour une fois le professeur réussit à devenir son Faust !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire