La contradiction BADINTER.
Sur France Inter, une journée FREUD, et en prime time Élisabeth
Roudinesco et Élisabeth Badinter, les deux égéries du psychanalyste aujourd’hui.
« La femme et la psychanalyse » est le sujet de l’interview,
peut-être plus précisément « Freud et les femmes » : un sujet
qui fâche… les féministes.
Pour Freud, la femme est, nous dit Élisabeth Badinter, « le
continent noir, une malédiction biologique dont la sexualité est caractérisée
par l’infériorité ». Pourquoi ? Du fait de l’absence de pénis. Ce que
toutes les petites filles constatent dans l’enfance et qui constitue leur
problématique : « pourquoi ? »
« Pourquoi ne pas avoir un machin comme ça ? »
Ceci expliquerait la position passive naturelle et ou culturelle, la modestie
de la femme…
Cependant Freud n’a rien d’un misogyne, bien au contraire,
il était entouré de femmes et d’ailleurs il laisse aux femmes le soin d’éclairer
la situation de la femme. Il leur est extérieur mais en même temps, de son
temps, les femmes de son entourage étaient d’accord avec sa thèse…
C’est le, les féminismes qui ont conduit à revisiter cette
thèse : alors universalisme ou historicité de la psychanalyse ? Et il est
vrai que les psychanalystes femmes ont revalorisé le clitoris « qui n’a
rien de pathologique… » Ainsi de Marie Bonaparte, ce qui a pu conduire à
la promotion de femmes viriles, revendicatrices etc.
Ce statut de la femme conduit cependant Freud à expliquer
que les femmes aient moins le sentiment de justice, moins la capacité de
sublimer…les femmes auraient beaucoup de mal à sortir de l’Œdipe du fait d’un
surmoi fragile et de la difficulté dans laquelle elles se trouvent de passer de
la mère au père.
A ce point nodal de l’interview, Elisabeth Badinter, indique
la nécessité de replacer le point de vue de Freud dans l’environnement : de la femme ?historique ? sociologique ?
introduisant d’un seul coup un relativisme de la théorie freudienne…
Car, pour Freud, « il y aurait un éternel féminin
culturel »…
Les féministes ne sont pas d’accord sur ce point :
ainsi, le tout premier stade est-il féminin ou masculin ? Le premier objet
d’amour n’est-il pas la femme ? Pirouette de Badinter pour faire croire
que le pas serait plus facile à franchir pour les femmes que pour les hommes :
c’est la contradiction Badinter.
Mais c’est justement cet amour féminin premier, de la mère
pour l’enfant, qui constitue un « avantage »
pour les hommes, en raccourcissant le parcours…
Cependant Freud ces dernières années a été récupéré par le
féminisme réactionnaire,nous dit Élisabeth Badinter notamment à travers la
doctrine du CARE. Le rôle passif des femmes faciliterait leur capacité à
prendre soin de l’autre. La femme selon ce courant du féminisme, serait plus
proche de l’individu et dans sa version biologisante expliquerait les vertus
féminines d’attention à l’autre…Les femmes seraient ainsi faites pour être
mères…
Pour Élisabeth Badinter ce discours est une RÉGRESSION qui
conduit à une vision masochiste et narcissique de la femme qui cautionne toutes
les douleurs du parcours de la femme : les règles, l’accouchement ;
son masochisme serait la traduction de sa bonne nature.
Il faut revenir à la thèse freudienne de la bisexualité
humaine, dans ses trois dimensions anatomique, hormonale, psychologique.
Faut-il dans ces conditions et en suivant les thèses du
gender (genre)de Judith Butler: dissocier le sexe de l’identité ?
Pour Élisabeth Badinter, Judith Butler « rebat les
cartes » mais elle n’y croit pas pour sa part. Le problème est plutôt
celui du « SENTIMENT IDENTITÉ ».
Il faut donc laisser aux enfants le temps de la différenciation
de la sexualité, pour apprendre à savoir ce qu’on est…Car l’adulte accompli est
celui qui est capable de retrouver sa part féminine ou masculine :
accepter sa bisexualité sans avoir peur.
Les enseignants en France sont-ils conscients de ces enjeux ?
Oui incontestablement, même si ce n’est pas leur rôle d’être des analystes…
Sommes-nous tous des héritiers de Freud ? Oui, mais un
grand remaniement théorique doit se produire pour intégrer le féminisme, l’homoparentalité,
les nouvelles problématiques de l’enfance …
Mauresk.
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