Art Jungle
Les mots jonglent pour définir ce qui fait Art. Et quand on lui ajoute un adjectif comme abstrait pour désigner l’art d’aujourd’hui, on ne se simplifie pas la vie !
Définir l’art négativement est plus facile. Ce qui ne fait pas art, tout ce qui constitue notre quotidien. Certains s’évertuent à préciser que l’art décoratif, l’architecture, toutes les formes figuratives ou représentatives ne font pas art… Qu’il n’y a rien à attendre de ces disciplines.
Et selon les auteurs la négation peut prendre une ampleur insoupçonnée, si bien qu’on ne sait pas très bien ce qui reste à l’artiste pour être.
Car si l’art est bien matière et matériel, il a toujours un aspect immatériel. Et à partir de là tout se corse. Les entrées dans le dictionnaire peuvent s e multiplier mais les sorties aussi. Il n’est qu’à voir les anathèmes jetés à la figure de nos artistes passés pour comprendre dans quels sables mouvants nous voilà.
D’un Breton qui dans son manifeste pourfend un Matisse ou un Derain pour porter aux nues (jeu de mots, ce sont justement leurs nus qui ne lui plaisent pas) un Picasso. J’essaie en vain de trouver un chemin pour vous aider à découvrir l’art et l’art moderne mais moi-même je m’y perds.
Je trouve ce matin un article élogieux sur le dernier spectacle de Marthaler (+ ou – zéro) et je m’y précipite pour m’aider à définir ce qui dans le domaine théâtral peut relever du moderne de l’Art.
Qu’y ai je goûté ? Quelque-chose de mystérieux car n’ayant pas accès aux traductions situées trop au centre ou trop haut pour moi qui était assis au premier rang à droite, je n’avais plus qu’à me fier à mon oreille, au jeu des acteurs, à ce qui pouvait m’interpeler.
Dois-je vous le dire c’est l’incompréhension même dans laquelle j’étais plongé qui, je crois, aujourd’hui fait Art. Le spectacle mélange les langues ; j’en saisis quelques bribes mais le sens global m’échappe mais comme dans Pirandello chaque acteur a sa vie propre comme les fous pas si fous que ça chacun vaque fait ce qu’il a faire peut-être pas pour le tout mais pour lui. Est-ce que ça suffit ?
Je ne crois pas pour moi et une immense frustration m’étreint moi qui voudrais tant étreindre que les autres partent en courant. Alors faute d’étouffer l’autre on s’étouffe soi-même. Ce qui se traduit outre le passage à l’acte à toutes les formes de contritions d’angoisses dont les manifestations font le genre humain lui-même. Vous savez ces fameux Caractères de La Bruyère, ces personnages romanesques de Balzac à Proust, ces Fleurs du Mâle…
Nous sommes heurtés bloqués arrêtés par les timides les complexés les boulimiques les anorexiques les irascibles les batailleurs les effacés les pousse toi que j’m’y mette les extravertis et les intro et comme on y peut rien il n’y a plus qu’à les enrober dans un langage nouveau un métalangage un langage poétique ou théâtral où tout le monde y retrouve ses petits.
C’est ça l’art moderne un non langage dans lequel chacun plonge avec délice pour se faire une nouvelle peau se travestir se mettre de la poudre faire tout ce qu’il ne faut pas faire rouler dans les flaques d’eau pour faire jaillir l’eau et rire un bon coup rencontrer des espaces des corps nouveaux ne plus avoir peur de soi et de l’autre et que ce soit par la musique la peinture la danse la littérature écrire un nouveau texte avec cet esprit libre cette capacité à dire moi je suis et toi aussi alors Pourquoi se regarder en chiens de faïence pour quoi ce non sens de la séparation créer des ponts plutôt que des murs mettre tout dans le pot commun une fois que tout le monde a compris la règle du jeu.
Mais peut-elle l’être puis-je rouler mon corps sur le corps de l’autre sans qu’il en prenne ombrage, peindre d’un trait l’univers qui m’entoure souffler dans ma trompette comme à Jéricho pour voir s’effondrer les murailles écrire l’aube et le crépuscule bouleverser les codes pour me découvrir et te dévêtir.
Est-ce cela l’art moderne que nos esthètes recherchent depuis un siècle comme le secret de la fabrication de l’or qu’ils en sont prêts à s’immoler se prostituer tuer père et mère qu’ils partent à l’aventure au Groenland qu’ils adoptent toutes les postures inventent tous les alphabets les réinventent aussi trouvent un nouveau style tous les quatre matins un solfège inédit toujours en quête de la flûte enchantée du crabe aux pinces d’or de la lampe merveilleuse d’une Joconde dont on ne sait plus le sexe.
Ils ont intégré Freud jeter Jung aux chiens sauter sur Lacan Jacques comme un autre gourou ils sont partis derrière Livingstone en Afrique creuser des trous dans la mer Egée circuler trois fois autour du cercle polaire remonter le Humboldt tout Çà pour ça un tigre qui saute dans le vide un léopard aux pattes fragiles qui derrière les grilles de sa prison de Vincennes reste fébrile comme si une femelle l’attendait dehors.
Et puis se poser rêver attendre croire fermer la boîte de Pandore espoir au fond du pot et balancer sa peinture sur la toile blanche prendre un marteau et des clous se laisser aller dire oui plutôt que non parce qu’on ne sait pas le dire ce non que le nom n’a pas de sens seul toi moi les deux maux qui jamais ne s’accordent mais sont liés à jamais.
Il n’y a qu’un archet pour tirer de la sorte une harmonie une petite musique un langoureux paso doble un tango serré et sentir ta chaleur envahir mon corps et entre tes jambes mourir encore une fois. Est cela l’art dites le moi. Mauresk.
mardi 20 septembre 2011
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