Jam danse contact au « Chat qui rail ».
Y-a-t-il une poésie plus belle ? Les corps s’emmêlent, d’un entrejambe sort une tête un corps, deux hommes s’accompagnent, leurs corps roulent l’un sur l’autre, ils sautent s’écroulent se poussent s’attirent tout est joie plaisir toucher c’est un jeu amoureux seul manque le coït et ils sont plusieurs dizaines sur cette scène de folie où plus aucun contact ne se fait plus comme d’habitude c’est-à-dire sans contact.
Ici on danse et la danse est contact. Je regarde Eddy et Cléo qui viennent de se rencontrer sur la piste et déjà ils s’épousent ils jouent l’un avec l’autre ; leurs corps glissent s’enveloppent se réfléchissent parfois se rejettent pour à nouveau se rencontrer ; ils traversent la scène en diagonale sont tellement heureux de s’être rencontrés et de s’être épousés que la fête est sans fin : cabrioles sauts de biches grands écarts les éloignent et les ramènent l’un à l’autre.
Je crois qu’ils se connaissent de toute éternité alors que chacun découvre l’autre et que c’est déjà l’apothéose, le Nirvana. Au squat du « Chat qui rail » (rue Riquet), il ya de l’ambiance. Le monde afflue et Fabio et Charly du Collectif Comipok' animent l’atelier. Des pyramides humaines surgissent ici et là ; les danseurs grimpent comme des escaladeurs des rochers humains les pieds les mains surgissent mais aussi des têtes des bras des jambes.
Des montagnes des falaises des cascades humaines ! Ça grimpe ça coule ça circule dans les gouffres et sur les arêtes. Sur une cime un homme se dresse, il écarte les bras comme toujours en signe de Victoire. Et puis il disparaît, une fille surgit une autre juste derrière. Est-ce une cordée ? Et puis tout roule comme des rondins de bois dans un torrent. Personne ne voit l’embouchure et tout le monde se laisse rouler.
Ets-ce le jeu de l’amour et du hasard ? Un marivaudage ? Non pas ! Nous dansons Madame ! Vous dansez Monsieur ? Et les enfants, tout ce monde à contrejour, à contre emploi, à contre société. Qui se touche qui se pousse qui s’épouse ! Des ombres chinoises qui démentent le mythe de la caverne. Platon se retourne et ne reconnaît plus ses enfants. Socrate digère la cigüe et Diogène rit dans son tonneau.
Et puis le Jam : un contrebassiste et un trompettiste accompagnent les danseurs. Pas l’inverse ! La priorité le corps la danse le contact. C’est-à-dire la surprise. Deux corps qui se choquent se répondent mais aussi amortissent se transforment. C’est la « Totale Impro » ! Il n’y a qu’à laisser faire ! Femme, homme des catégories obsolètes !
Tous ne sont qu’unisexe, enfants donc ? Neutres ? Je ne sais pas. Peut-être des Objets ? Plaisir d’être objet pour soi et pour l’autre. Ou jouet ? Qu’il ne faut pas casser pour que le jeu continue. Les corps franchissent toutes les barrières ? Peut-être pas.
Mauresk
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