mercredi 26 octobre 2011

Je comprends ta fascination pour les Matisse des Stein...

Je comprends ta fascination pour les Matisse des Stein...

Ils ont acquis les tableaux d’Henri Matisse quand il devient Matisse c’est-à-dire la période qui va de 1905 à 1909.

Matisse sort du pointillisme (comment a-t-il pu y entrer ?) et devient tachiste, coloriste, peintre décorateur, enjôleur ou enjoliveur !

Sa peinture frappe un grand coup dans une forme d’endormissement que connaît la peinture après les Impressionismes et auquel Picasso lui-même n’échappe pas pendant ses si fameuses périodes rose et bleu.

Ce choc émotionnel de la peinture « fauve » est moins frappant dans La femme au chapeau de 1905 que dans le Nu bleu (souvenir de Biskra) de 1907.

Mais il est éclatant dans toutes les petites toiles de l’année 1906 présentées à la queue-leu-leu au Grand Palais : Fleurs, Marguerite lisant, La japonaise au bord de l’eau, Femme nue allongée, Nu dans la forêt, Nu dans un paysage, Marine La Moulade, Bord de mer, paysage de genêts, paysage de Collioure, Esquisse pour le bonheur de vivre, Nu assis, Marguerite…

Matisse extrait du passé proche tous les extrêmes et les synthétise dans une forme sublimée. Comme dit Picasso à propos du Nu bleu : « est-ce une femme ou de la décoration ? »

Mais la formule est insuffisante pour comprendre toutes les innovations que Matisse introduit dans la peinture que ce soit dans l’utilisation de la couleur vive et sans rapport avec la figuration colorée héritée de l’impressionnisme, dans l’utilisation des aplats à la Gauguin mais avec un niveau d’abstraction jamais atteint jusqu’alors ou dans les formes qui échappent à tous les codes picturaux du passé.

C’est une période d’expérimentation pour Matisse et il explore tout un champ nouveau de la peinture qu’il fait exploser comme de la dynamite pour reprendre une expression de Derain.

D’une certaine façon l’impression n’est pas seulement liée à la lumière mais à la forme elle-même ce qui explique la formule de Picasso.

Le peintre pousse la couleur à fond dans Paysage d’automne, la forêt de Fontainebleau, Bronze aux œillets ou Paysage de Collioure (1907). Il inverse, renverse, traverse, les couleurs, le tracé, l’espace.

Et à un siècle de distance, je l’aiderais bien un peu à renverser les titres, à inverser les mots, à traverser le temps comme pour « Nature bleue à la cruche morte » ( Nature morte à la cruche bleue, 1907).

Nous sommes déjà en ce début de siècle dans l’âge surréaliste. Matisse touche à tout ce qui va être démultiplié ensuite. Sauvage, « Fauve », sans équivoque il veut aller plus loin.

N’est-ce pas dans cette peinture fauve que Paul Eluard trouvera sa poésie : « la terre est bleue comme une orange »…

Mauresk

Grand Palais, Matisse, Cézanne, Picasso dans la collection Stein.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire