Au moins j’aurai laissé un beau cadavre de Vincent Macaigne. Théâtre Chaillot.
Tout le monde a le visage de l’innocence dans une tragédie. Depuis Homère, nous savons que seuls les Dieux peuvent changer notre destin. Le metteur en scène, Vincent Macaigne, est-il un Dieu ?
Peut-être ! Car, il s’y entend à manipuler public, acteurs, texte et même Shakespeare.
A peine avons-nous pénétré dans la salle du théâtre Chaillot que, comme au temps du Grand Magic Circus de Jérôme Savary, nous, spectateurs, sommes sommés d’obéir aux injonctions d’un crieur public qui nous hurle de faire du bruit, de monter sur scène, d’applaudir puis finalement de regagner nos places.
Au doigt et à l’œil, qu’il nous conduit Vincent Macaigne dans le ventre de Shakespeare. C’est du théâtre certes mais comme toujours on baigne dans l’entre-deux.
Nos corps, nos esprits flottent entre réalité et fiction, entre conscience et inconscience, entre tragédie et comédie, entre monde des hommes et monde des ténèbres. L’excès fait rire, mais le rire se tord en une grimace inquiétante.
Monde d’eau et de feu, d’amour et de haine, de caresses et de crimes. Macaigne met ses acteurs à nu, les plongent dans de l’eau putride ou n’est-ce pas plutôt le sang qui depuis l’assassinat de Caïn s’écoule en long fleuve entre les hommes.
Le sang du père Hamlet, le sang du nouveau-né Hamlet, le sang menstruel de Gertrude, le sang de Claudius ou d’Apollonius ? Est-il possible d’arrêter la chaîne des crimes ? Mensonges et vilénies, viols et incestes : peut-on revenir au tout début ? Arrêter l’hécatombe ?
Pour tout un chacun, il semble que toute route soit un Golgotha ; tous portent leur croix et comme dans l’Enfer de Dante on se croise sans savoir pourquoi untel est là à tant de temps de distance.
Champ de ruines d’une humanité qui n’a jamais su s’humaniser. Qui préfère manipuler ou se laisser manipuler. Les Dieux regardent sans doute : cyniques et sourds. Mauresk.
dimanche 6 novembre 2011
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