samedi 21 décembre 2013
LE SOURIRE DE JAYAVARMAN
Le sourire de JAYAVARMAN.
Il fit bâtir les temples d'Angkor. Et l'explorateur Delaporte en découvrit plusieurs représentations durant son séjour au Cambodge.
Le sourire du roi Jayavarman est très semblable à celui des Bodhisattvas Lekesvara. Un sourire qui renvoie à une quiétude intérieure. Celle qu'il a voulu consacrer en construisant un immense sanctuaire.
Ces sourires on les retrouve partout à Angkor. Sur les tours géantes aux quatre faces éclairées d’un sourire doux et d’un regard attentif et compatissant. Sur les statues des Dieux, ces Bouddhas, ces Bodhisattvas.
Il irradie.
Tout interroge sur l’étendue, la magnificence, le déploiement de virtuosité des artistes sculpteurs qui ont accompli cette tache. Comme chaque fois que l’Occident est confronté à plus grand, plus beau, plus fort, il reste dans l’incompréhension.
D’autant que cette civilisation s’est éteinte, a brûlé ou abandonné ce qu’elle avait bâti, construit, honoré. Qu’elle a laissé à la nature le soin de recouvrir ce que des dizaines d’années d’élaboration avait permis de faire surgir de la jungle.
Quand on connaît le peu de soin auquel le peuple qui en a hérité, a pris à entretenir seulement la mémoire de cette civilisation, on ne peut que se poser la question : « pourquoi ? »
Pourquoi construire et puis abandonner ? Pourquoi échafauder pour finalement laisser s’effondrer ? Pourquoi tant d’efforts pour si peu conserver ?
Le Bouddhisme a sa réponse. Tout est en mouvement. L’eau ne coule jamais dans le même fleuve. Tout est impermanent.
Mais est-ce que la réponse ne serait pas dans les structures, l’économie, les rapports de force, la violence de l’argent, du désir et de la frustration.
Quand les Dieux se mettent en colère, les femmes en furie, les hommes prennent l’épée et derrière une musculature ou une armure affrontent le pire, courent à leur destin.
Derrière le sourire de Jayavarma que faut-il voir ? Un masque d’une réalité à sublimer ? Une représentation de ce que l’on voudrait qui soit ? Ou ce qui est ?
Roi-Dieu, représentation de Shiva, il partage avec Shiva le même symbole le lingam phallique.
Ce que nous dit l’Histoire, c’est que ce roi bâtisseur a été assassiné pour d’obscures raisons.
Mauresk
jeudi 19 décembre 2013
Il faut que j'écrive.
Il faut que j’écrive.
Braque : « le peintre n’a jamais fini d’épuiser
ses rêves ».
Le peintre les rêves c’est évident. Epuiser non on ne peut
pas de toute manière épuiser ses rêves.
Ils vont ils viennent jamais les mêmes et on ne les reconnaît pas.
Alors la peinture serait la transcription des rêves. Oui là
aussi tout le monde est d’accord. C’est évident.
Expression de ce qu’on ne peut exprimer avec des mots.
Métaphore. La peinture alors évidemment se personnalise. Se fait l’intermédiaire
entre le rêve et la réalité.
Du coup toute peinture est un trésor de l’humanité. De tout
ce qui est humain. De tout ce qui métaphorise. Or l’homme seul serait capable
de métaphoriser.
La mort d’abord. Le tombeau oui est une métaphorisation de
la mort du mort. Comme la mise en scène et tous les arts. Sont des
métaphorisations d’une vie d’un espace-temps de relations entre les êtres.
Alors l’écrit aussi. Métaphorisons symbolisons une
impression un effroi un amour déçu à naître ou à disparaître.
Peut-être est-il possible alors d’avoir une autre lecture de
l’exposition consacrée à Braque mais peut-être aussi à tous les peintres les
sculpteurs les peintres sculpteurs.
Cette jeunesse de peintre cette genèse de peintre la copie
et la recopie des maîtres et de leurs successeurs les genres le paysage le
portrait le nu (pas trop chez lui) le textile qui habille toutes ses toiles au
point d’inventer le colla-gel pour
cacher quoi me direz-vous.
D’Homme-Massif de compagnon d’Apollinaire ou autres Poilus
suicidés au Front de cette Hécatombe patriotique dont il ressort vivant que
garde-t-il un froc un foc un textile vous dis-je. Il devient longiligne notre
Gatsby s’intellectualise Patricia Hirst avant l’heure ou plutôt Smith.
Du roc il faut sortir une construction nouvelle le cubisme
c’est ça pas cette entourloupe ennuyeuse que les musées ont organisée. C’est du
Cézanne prolongé dans le temps. Un Hommage aux Maîtres qui ont su sortir du
train-train imposé par l’Académie. Rock and Roll vous avez tous compris.
Les rochers de la Sainte-Victoire ou de la Sainte-Baume. Il
faut y aller voir le fort et le faible.
La face la pile et le face-à-face. C’est pourquoi il roule vers Etretat
dans sa Torpédo dévale Montmartre et rejoint avant l’heure Belmondo à
l’Estaque.
A-t-il fait un tour à Pont-Aven Varangéville c’est lui. Alors
on peut délire tremens Baroque et Rococo néo tout toutou tohu-bohu.
Les merles sifflent moqueurs et dévalent les pentes du
Parthénon comme au Louvre pendant la Guerre Froide. Belzebuths missiles d’Est en Ouest menaçants.
La salle à manger danse et les billards aussi on sculpte la
peinture on peint la sculpture. Pourquoi pas.
Tout est permis et il n’est plus seulement question de
dessiner mais de peindre mon ami c’est-à-dire de tout lâcher.
Les roses les rouges les verts le jaune et le poisson rouge
vert ou jaune le ciel décoloré le blanc ranimé te dis-je une ombre devient une
transparence un broc un éclair une tache blanche et tout s’anime comme au
cirque les clowns et le spectacle. Voilà
c’est BRAQUE. Mauresk.
jeudi 12 décembre 2013
"I s'prend pas l'chou"!
Guillaume Lebelle , « I
s’prend pas l’chou » !
Technique mixte (90.90) 2008.
Avez-vous déjà vu un Lebelle ? Moi ça m’est arrivé il y
a un mois. Je connaissais le peintre, pas sa peinture.
Sur le coup, je me suis demandé qui ça pouvait intéresser.
Un barbouillage, des taches, des coulures. Du déjà vu, un remake des années
cinquante ? La toute fin de l’Art, le degré zéro de la peinture ?
Une peinture fruit du hasard, un grand bazar fait de couleurs
éparses, de flux circulants de haut en bas, de gauche à droite et puis par
endroit des formes, des figurations, des pointillés, comme des signes.
Et puis, la première référence de l’histoire de l’Art qui me
soit venue à l’esprit : CEZANNE ! Rien que ça. Est-ce l’homophonie ou plutôt l’exophonie
Cézanne-Lebelle, la parité du nombre de lettres des deux noms ? Je
m’amusais stupidement de constater l’existence dans les deux noms du même
nombre de voyelles et de consonnes avec cependant chez Lebelle le redoublement
des l.
Oui, Lebelle, c’est du Cézanne qui a pris de l’altitude, de
l’air, les deux ailes qui permettent au peintre et à la peinture du vingt-et-unième
siècle de prendre leur envol. Une
émulsion nouvelle résultat du tremblement du liquide céphalo-rachidien qui
vibre entre la boîte crânienne et la partie laiteuse du cerveau. Ces petits
vibrillements sont la dominante de sa dernière exposition à la Galerie Chartier
sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon.
La toile que j’ai achetée, après moult hésitations, est une
montagne Sainte- Victoire sans la Sainte- Victoire, une recomposition
lebellienne de la Sainte- Victoire si vous voulez où plus rien ne serait en
place. Il se trouve que j’ai une Sainte-Victoire
dans mon bureau et que naturellement j’ai placé mon Lebelle au-dessus de mon
Cézanne. L’effet est saisissant !
Beaucoup de blanc, mais pas un blanc d’œuf, ni un blanc de
baleine, encore moins un Blanc de Blanc, plutôt un blanc d’Espagne ou un blanc
lunaire. Du bleu concentré en tache en certains endroits, le bleu de Cézanne
mais là où le peintre provençal organise son bleu pour construire sa montagne,
notre Creusois de Paris déconstruit pour densifier l’impression de bleu en
certains endroits de la toile. Et puis tout un ensemble de nuances de jaune, de
crème, de rose ou de rosé, des verts aussi mais tout ceci avec légèreté,
douceur, musicalité. Une symphonie, une sonate, un rondeau, une berceuse ou
simplement une chansonnette accompagnant deux amoureux dans un chemin creux.
Sans doute, faudrait-il s’attarder un peu plus sur la
comparaison, se demander plus sérieusement si ces correspondances ont la
moindre véracité, trouver d’autres similitudes entre d’autres toiles de Lebelle
et celles de Cézanne. Mais, là n’est pas mon propos.
Ceci n’est qu’une entrée en matière pour la peinture
lebellienne, une mise en bouche, histoire d’attirer votre regard, de vous faire
virer de bord, de changer le réglage de vos compas, car Lebelle nous emmène
pour un grand voyage.
Nulle prétention chez lui de s’inscrire dans une continuité
quelconque même si son histoire personnelle l’a imprégné de culture picturale
et si les maîtres du passé sont
constamment des défis pour son œuvre de peintre. La peinture de Lebelle est une
peinture bien trempée dans son époque, c’est-à-dire une peinture résultat de
l’osmose entre la chair, l’esprit du peintre et son environnement.
Pas de jugement de valeurs, pas de « message » ce
qui ne veut pas dire « sans message ». Lebelle fait un voyage à travers le temps, un temps
cosmique et un temps humain. Inversant l’idée du « trou noir », c’est dans la
lumière que Lebelle place ses étoiles, des constellations aux formes variées,
des queues de comètes, des supernovas. Mais ici, pas d’effet
« Hubble » ; il ne s’agit pas de rapprocher l’œil de
« l’invisible », cette prétention impossible des scientifiques
lançant leurs télescopes aux confins du monde stellaire. Bien au contraire, il
faut laisser scintiller les étoiles à distance, ne délivrer que des images
lointaines d’un monde dont il ne faut surtout pas percer le mystère, laisser vaquer l’esprit, l’imagination.
Temps humain aussi. Lebelle a intitulé certaines de ses
toiles « Lascaux ». C’est donc un temps humain très-très long qu’il
évoque et en même temps un temps très-très proche. Un hommage à l’Humanité dont
les seules traces qui nous soient
parvenues de son lointain passé sont quelques taches, des maculations, des
tampons, griffures, scories, grattages sur des cailloux, des parois, des
rochers, des grottes, des ossements. Une pluie de signes et de symboles plus ou
moins métaphorisés en décors, animaux, forêts, sources, fleuves et mer voire en
personnages, des dessins enfantins.
Une poésie de couleurs, de points discontinus hiératiques,
comme des cailloux abandonnés par le Petit Poucet sur le long chemin parcouru
par l’Humanité. Une esquisse des sentiments du quotidien signifié par des
silhouettes, des objets, un pinceau peut-être, les instruments de l’artisan à
l’œuvre. Il nous dit ainsi la préoccupation de la modernité, la psychologie, ce
qui a tant travaillé l’art du siècle dernier. Que tout se construit à ce moment
fragile de la formation du petit de l’homme.
Pour nous dire que ce qui prime, ce sont tous ces
« vibrillements » qui irriguent la surface de notre cerveau, le
Peintre est obligé de prendre les grands moyens et de rompre avec tout le
proche passé de la peinture, c’est-à-dire toute l’histoire de la peinture
depuis les débuts de la chrétienté voire les civilisations gréco-romaines non
pour renoncer à Dieu ou aux dieux mais pour nous le, les, faire toucher d’une
nouvelle façon.
Dieu, c’est l’homme façonnant son univers pour le meilleur
et pour le pire. Dieu c’est Moi. Dieu, c’est Toi. Soyons divins nous dit sa
peinture. Et pour cela comme le disait un amateur goûtant son œuvre
« voilà un peintre qui n’se prend pas l’chou ! », il y va
franco, rompant sans couper le lien, sans dire « oui », sans dire
« non ».
C’est cette liberté dans la technique comme dans
l’interprétation qui fait sa force. Est-ce le miracle d’une saison ? Un
moment d’exception ? Ou le début du commencement, d’un épanouissement,
d’une révolution personnelle et peut-être pour la peinture elle-même. Je ne
sais. L’époque ne sait plus rien de ce qu’elle peut engendrer. C’est justement
avec ces peurs que le peintre tranche. Il nous raconte une nouvelle histoire et
il ouvre les portes toutes grandes à ceux qui veulent bien le suivre.
Non pas la fin de l’art mais du Fine Art.
François Mauresk.
vendredi 15 novembre 2013
Elektra
« Agamemnon !
Agamemnon ! » s’écrie Elektra,
couchée sur la tombe de son père.
Entourée des pleureuses, elle chante sa complainte.
Le trou, la fente par où tout sort et tout rentre. Voilà le
seul décor de l’opéra de Hugo von Hofmannstahl. Et puis les traces dans le
sable roux du désert : des pieds nus, des pas.
De son corps, Elektra
épouse Agamemnon : le père
mythique. Le fait chercher au fond de ce caveau profond. L’embrasse, le porte
tel un crucifié. Décrit sa mort dans son
bain : un bain de sang, du sang du sacrifié.
Elektra appelle,
remue ciel et terre, torride, torrent impétueux. Il faut venger ce père
assassiné.
Trouver Orest. Ne
lui fait-on pas croire qu’il est décédé ? Piétiné par ses chevaux ? Tuer
le tyran Aegisth. Immoler la marâtre Klytämnestr.
Les voix de femmes dominent la musique de Richard Strauss.
Au-dessus des basses, des violons et des vents, au-dessus des timbales et des
cymbales, des caisses sourdes et fortes.
La lutte des volontés : la fille, la sœur, la mère.
Elles résonnent dans le désert.
Et portant le coup fatal : le père, l’amant, le frère.
Ils passent ou ils trépassent.
Mauresk.
lundi 4 novembre 2013
L’homme à l’épine.
F.H.S. 2013
Bien connu « le tireur d’épine », des Grecs, des Romains d’abord puis des hommes de la Renaissance. Papes et rois s’arrachèrent le bronze du Capitole du 1er siècle, retrouvé lors de fouilles romaines. François 1er ne put en conserver qu’une copie que l’on voit dans la Galerie de la chasse à Fontainebleau au côté du Laocoon, une copie aussi et qui avec le Centaure, et le Torse du Belvédère constituent l’archétype de la sculpture antique qui revivifie la sculpture moderne.
Brunelleschi comme Ghiberti s’en inspirent dans leur représentation du sacrifice d’Isaac pour la Porte du Baptistère de St-Jean à Florence. L’un pour reprendre la thématique du tireur d’épine, Abraham se retire une épine dans le projet de Brunelleschi tandis que dans celui de Ghiberti, il se rafraîchit les pieds.
Faut-il mieux les rafraîchir ou retirer l’épine ? Il semble que cela soit une question de sensibilité. Et les fabricants de Laine, commanditaires de la fameuse porte, ont choisi le frais. Il est vrai qu’enlever l’épine quand elle est bien enfoncée, est une torture et pas toujours une délivrance. Sauf à la fin.
Au Louvre, on peut voir en ce moment tout ça, et notamment une version du tireur d’épine du 1er siècle en marbre du musée de Modène. C’est à y perdre son latin, car la sculpture authentique du Capitole est aussi du 1er siècle. Il faudrait des minutes notariées pour savoir quelle est l’originale et quelle est la copie.
Mais l’art de la copie n’est pas d’aujourd’hui. Le faux est monnaie courante depuis la plus haute antiquité voire depuis le néolithique. On copie les Maîtres, toujours dans le fol espoir de s’approprier leur savoir ou leur notoriété quand ce n’est pas leur bien.
Et les copies du Tireur d’épine se multiplient quand les rois s’en entichent. Tout le monde veut la sienne. Carpeaux au XIXème siècle fut un original : il préféra réaliser « une tireuse » d’épine » qu’on voyait, un temps, à l’entrée du musée Jacquemart-André. Question de sensibilité sans doute : la femme devenant le centre de la préoccupation dix-neuviémiste rococoïsante.
Tandis que début XXIème, F.H.S. nous propose un spécimen nouveau. Un homme à l’épine (2013) (Galerie du Montparnasse jusqu’au 29 octobre 2013) sans surface charnelle, non pas un écorché mais un personnage translucide en matériaux frustres, un grillage à poules et un papier plastique brillant d’emballage, qui peut renvoyer à la problématique freudienne qui nous domine depuis plus d’un siècle de l’introspection et à l’humanisme de la Renaissance « qu’est-ce que l’homme » ? dans un style décadent post-moderne de la récupération de tout : l’art, les détritus, le déchet, l’histoire, les idées, la philosophie, le tout avec un calibrage millimétré comme seules l’anthropométrie ou la zoométrie l’autorisent. Mauresk.
F.H.S. 2013
Bien connu « le tireur d’épine », des Grecs, des Romains d’abord puis des hommes de la Renaissance. Papes et rois s’arrachèrent le bronze du Capitole du 1er siècle, retrouvé lors de fouilles romaines. François 1er ne put en conserver qu’une copie que l’on voit dans la Galerie de la chasse à Fontainebleau au côté du Laocoon, une copie aussi et qui avec le Centaure, et le Torse du Belvédère constituent l’archétype de la sculpture antique qui revivifie la sculpture moderne.
Brunelleschi comme Ghiberti s’en inspirent dans leur représentation du sacrifice d’Isaac pour la Porte du Baptistère de St-Jean à Florence. L’un pour reprendre la thématique du tireur d’épine, Abraham se retire une épine dans le projet de Brunelleschi tandis que dans celui de Ghiberti, il se rafraîchit les pieds.
Faut-il mieux les rafraîchir ou retirer l’épine ? Il semble que cela soit une question de sensibilité. Et les fabricants de Laine, commanditaires de la fameuse porte, ont choisi le frais. Il est vrai qu’enlever l’épine quand elle est bien enfoncée, est une torture et pas toujours une délivrance. Sauf à la fin.
Au Louvre, on peut voir en ce moment tout ça, et notamment une version du tireur d’épine du 1er siècle en marbre du musée de Modène. C’est à y perdre son latin, car la sculpture authentique du Capitole est aussi du 1er siècle. Il faudrait des minutes notariées pour savoir quelle est l’originale et quelle est la copie.
Mais l’art de la copie n’est pas d’aujourd’hui. Le faux est monnaie courante depuis la plus haute antiquité voire depuis le néolithique. On copie les Maîtres, toujours dans le fol espoir de s’approprier leur savoir ou leur notoriété quand ce n’est pas leur bien.
Et les copies du Tireur d’épine se multiplient quand les rois s’en entichent. Tout le monde veut la sienne. Carpeaux au XIXème siècle fut un original : il préféra réaliser « une tireuse » d’épine » qu’on voyait, un temps, à l’entrée du musée Jacquemart-André. Question de sensibilité sans doute : la femme devenant le centre de la préoccupation dix-neuviémiste rococoïsante.
Tandis que début XXIème, F.H.S. nous propose un spécimen nouveau. Un homme à l’épine (2013) (Galerie du Montparnasse jusqu’au 29 octobre 2013) sans surface charnelle, non pas un écorché mais un personnage translucide en matériaux frustres, un grillage à poules et un papier plastique brillant d’emballage, qui peut renvoyer à la problématique freudienne qui nous domine depuis plus d’un siècle de l’introspection et à l’humanisme de la Renaissance « qu’est-ce que l’homme » ? dans un style décadent post-moderne de la récupération de tout : l’art, les détritus, le déchet, l’histoire, les idées, la philosophie, le tout avec un calibrage millimétré comme seules l’anthropométrie ou la zoométrie l’autorisent. Mauresk.
dimanche 3 novembre 2013
JACQUES OU JACOB
Je n'aime pas la peinture hollandaise...
OK de Rembrandt à van Gogh on ne peut pas tout jeter...mais on ne me fera pas croire qu'ILS (les peintres HOLLANDAIS) savent battre les blancs en neige.
Non, c'est de la peinture bourge et les bougres veules nous faire croire en un autre sens de leur décence...Moi ça me descend !
Alors parlons de Jordaens ! Gouleyants qu'ils disent! Est-ce possible quand on est buveur de bière ? Ils ne savent faire que des œufs durs ces Jacob, ces Frères Jacques. On dirait du OU DES Breughel en plan américain.
Alors évidemment ce qui séduit c'est que ça déménage ! Moi, je vous dis qu'en apparence ! Ça bouge ça se tortille ça pantagruélise mais nos Gargantuas hollandais manquent de panse ou de pensée. La fleur (j'entends), au fusil, au coin de la bouche avec les dents en touches de piano...
Un peu Fanfan la Tulipe, on a envie de prendre le pied à coulisse pour lui montrer ce qui ne va pas ce côté attrape-touriste, la Tour Eiffel en prime, lui apprendre la perspective, le point de fuite et le rétrécissement avec un peu de blanc pour éviter le côté blanc-bec de la peinture baroco.
OK de Rembrandt à van Gogh on ne peut pas tout jeter...mais on ne me fera pas croire qu'ILS (les peintres HOLLANDAIS) savent battre les blancs en neige.
Non, c'est de la peinture bourge et les bougres veules nous faire croire en un autre sens de leur décence...Moi ça me descend !
Alors parlons de Jordaens ! Gouleyants qu'ils disent! Est-ce possible quand on est buveur de bière ? Ils ne savent faire que des œufs durs ces Jacob, ces Frères Jacques. On dirait du OU DES Breughel en plan américain.
Alors évidemment ce qui séduit c'est que ça déménage ! Moi, je vous dis qu'en apparence ! Ça bouge ça se tortille ça pantagruélise mais nos Gargantuas hollandais manquent de panse ou de pensée. La fleur (j'entends), au fusil, au coin de la bouche avec les dents en touches de piano...
Un peu Fanfan la Tulipe, on a envie de prendre le pied à coulisse pour lui montrer ce qui ne va pas ce côté attrape-touriste, la Tour Eiffel en prime, lui apprendre la perspective, le point de fuite et le rétrécissement avec un peu de blanc pour éviter le côté blanc-bec de la peinture baroco.
Un second couteau qu'on veut nous faire prendre pour un Pirandello ! Ça tangue et les flonflons du bal musette plaisent au populo. Alors pourquoi dire non puisque tout le monde dit oui.
Mauresk.
samedi 18 mai 2013
Boudin
Dagen dégaine contre Boudin
Il y a une mode Boudin et depuis quelques semaines un
renversement de tendance. C’est Dagen qui a dégainé le premier dans Le Monde du
9 avril 2013. Sa charge contre Eugène Boudin est malencontreuse.
Certes l’exposition du Musée Jacquemart-André est ratée. Le
musée, qui fait payer l’entrée très cher,
ne tient pas les promesses que l’on pouvait attendre d’une « Rétrospective »
si vantée sur ses panneaux publicitaires.
L’affiche de l’exposition, d’ailleurs, fait fuir d’emblée
les foules : elle représente l’Inauguration du Casino de Deauville, tableau
de Boudin dans un style pompier du Second Empire avec une caution pour la
grande bourgeoisie parisienne et les clients de la peinture de chevalet.
Boudin a du gagner sa vie et comme tout peintre de son époque
a fait des concessions à la mode et aux attentes d’un public pas toujours féru
d’avant-garde et de peinture (cf. Manet). Aussi, l’exposition du Boulevard Haussmann
regorge de ces peintures qui ont souvent trouvé preneur à l’étranger et qui ont
reçu, dans les normes commerciales du moment, « leurs deux couches de
verni règlementaires » (ce qu’on appelle le « vernissage ») avant
leur vente au plus offrant.
Ce que n’a pas compris Dagen, c’est que ce n’est pas là le
Boudin qui intéresse les amateurs d’art, les peintres et l’histoire de l’Art. Et
effectivement on s’y ennuie : les ciels d’accord, les marines oui, les
bords de l’eau pourquoi pas, mais comme m’a dit une Allemande : « C’est
reposant » !
Le Boudin qui fait frémir, existe quand même dans l’exposition
mais dans les interstices : quand Monet est confondu par Boudin dans ce « Clocher
de Ste Catherine » peint sur bois et où la touche Boudin fait mouche.
Mais surtout le vrai Boudin on le trouve quand il peint ses
vaches en bord de mer (il y en a très peu dans l’expo et la copie des vaches de
Paul Potter du Louvre est bien pâle), quand il peint des ciels mais sur des
esquisses, petits papiers (malheureusement gâchés par des sous-verres qui tuent
leur force), quand il peint ses amis Monet, Jongkind …sur des formats ridiculement
petits, mais alors il peint « juste
et touchant », des gréements à
Etretat selon un angle tandis que Monet peint les lavandières sous l’autre
angle (mais le conservateur n’ a pas pensé à associer les deux tableaux faute de moyens sans doute)!
Sa touche est alors délicate, précise et en même temps
aérienne et flottante. Elle suggère et évite le bavardage et l’excès :
elle est alors musicale et chantante, une musique française qui n’a rien à voir
avec les Constable, Turner et Bonington que cite Dagen.
C’est dans son jus qu’il faut voir Boudin. Dagen est
peut-être sous influence, Boudin jamais !
F. Mauresk.
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