dimanche 21 août 2011

Desgrandchamps

Desgrandchamps

C’est déjà un poème ! Mais le poème se tord très vite, dérape et comme dit le peintre en « fin de partie », « bifurque ».

Au départ, c’est inintéressant : de la copie d’images saisies sur DVD, ce qu’on appelle dans le commerce ou le business comme vous voulez, de la fauche, de la drague, du copyright : c’est condamné par les tribunaux : Rheims en sait quelque-chose ! Et c’est pas du « rince-doigt ».

Mais visiblement le Grand s’en fout. Il a mis ses avocats dans le coup, ou mieux les producteurs, les réalisateurs s’en battent le coquillard du « copyright », ou bien la galerie « Truc » qui sponsorise notre Grandchamp a tout réglé par derrière.

Donc, Desgrand peut utiliser les films, faire des arrêts sur image : Resnais, tintouin et tout le frusquin…et c’est vrai que c’est intéressant ! Prendre la pose au vol ? Impossible avec un modèle ordinaire : i sait pas voler ! Tandis que dans un film et avec le DVD c’est facile (j’en sais quelque-chose j’lai déjà fait) tu fais pause et tu photographies l’image.

Si tu en saisis plusieurs tu peux refaire un film en plus court, style zapping ; recomposer Fellini mais surtout Visconti (c’est long et ça barbe). Par exemple les scènes de regards dans « Mort à Venise »…

Des…Champs prend les images qui « impressionnent la pellicule » ! Pas mal pour un début ! S’intéresse aux détails : pas flagrant au départ puis petit à petit s’infiltre, donne au paysage son « tragique » !

Dans « Le silence « d’Ingmar Bergman, il s’arrête sur le déhanché d’une femme, la haine-amour entre deux femmes, l’ombre d’une femme reflétée par un miroir, ça permet de faire un écart, d’aller ailleurs.

Car à un moment dans sa peinture la forme prend le pas sur le reste ; la peinture l’emporte sur le « réalisme » des scènes figurées des films sélectionnés…

Ça se met à couler, les personnages sont en suspens, sans pied, sans tête, sans mains, sans corps et pourtant là. Fluidité, transparence, tout s’échappe et il ne reste plus de ces personnages de Légendes ou de cinéma qu’une efflorescence, une âme. Alors la Plastique l’emporte sur tout le reste.

A la richesse du propos du début, se substitue la liquidité, l’évanescence . La mer « coule » et est coulure ; le sable, les êtres et ce monde sans espoir nous trouble comme un Chirico. Les personnages vaquent, plongent, marchent mais où vont-ils ?

Ils sont dans un espace-temps infini dont le réel est rappelé par quelques objets. Les tableaux « figuratifs » dirait-on sont « sans titre » « untitled oil on canvas » !

Et puis tout revient à rebours, s’ossifie. Le peintre revient sur la question. Ses chevaux donquichottesques, ses aplats déroutent mêlent et entremêlent les plans dans des diptyques, triptyques, quadriptyques insondables . On voudrait d’ailleurs procéder à d’autres découpages, recompositions, collages de ces tableaux improbables.

Coller l’oiseau à une patte de cheval, enfoncer une tête dans un trou sans fond, sortir la noyée de sa mer baltique …il y a quelque-chose de surréaliste dans ces tableaux noirs.

Mauresk

Desgrandchamps jusqu’au 4 septembre 2011 au MAM.

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