Nouvel-Antony € € €
Un frisson parcourut l’assemblée lorsque le président de l’A.E.S. (Association des Enseignants du Supérieur contre la démolition de la Résidence Universitaire d’Antony) (Jean Zay) pénétra dans la salle du Conseil municipal.
Etait-ce un frisson de peur ? (comment était-il arrivé là ?) ou de stupeur ? Je ne sais. Mais nul doute, par l’effet qu’il produisit sur l’assistance, je sus d’emblée que mon sujet était là.
Il faut dire que voir entrer le clone de Jean Nouvel juste au moment où celui-ci s’essayait à répondre aux questions de l’opposition à la municipalité Sénant-Devedjian avait quelque-chose de sidérant !
Mon président chauve comme le prix Pritzker, grand comme lui (mais un peu moins enveloppé selon l’avis unanime) et qui accompagnait du mouvement de son corps les gesticulations du célèbre architecte (comme son ombre), semblait mieux connaître l’affaire que le fabuleux Prix !
Il faut dire que l’assemblée ne poussa qu’un cri lorsque notre Nouvel , qui présentait avec emphase son « esquisse d’une esquisse » selon son expression , ne connaissait pas l’emplacement de la rue Lafontaine dans son projet ! Qui est d’ailleurs la seule rue du quartier concerné par son travail !
Le poète-fabuliste (mais s’agit-il bien de lui ?) en serait resté bouche bée ! Mais s’agit-il de poésie ici ? Ou de fable ?
Autour du maire, ce fut l’émoi ! Et chacun de chercher ses mots, pour couper l’herbe sous le pied à une opposition remontée sinon survoltée. Assis entre deux blondes dont l’une regardait ses pieds tandis que l’autre ne trouvait pas assez de mots pour verdir son plumage, notre « maire à tous » malmenait une opposition qui voyait poindre la fin de la RUA (Résidence Universitaire d’Antony).
Toujours est-il qu’il s’agissait ce jour-là de prendre langue sur le projet Nouvel. L’architecte ne fut pas à son meilleur. Ses photos étaient floues ou floutées (question d’art sans doute !) et sa connaissance des lieux approximatives.
Son assistante, blonde (décidément)et à l’accent germanique prononcé, en savait visiblement plus long que le maître… Et sans cesse celui-ci se tournait- vers elle pour préciser son propos. Mais s’agissant « d’une esquisse d’esquisse », l’épreuve fut relative.
Comment justifier la destruction des œuvres de ses prédécesseurs qui ont construit la RUA (Eugène Beaudouin, grand prix de Rome, Architecte des Bâtiments de France... que des catégories bien sous évaluées par rapport à celle de Pri’tzkzer !
Pontifiant dans un discours lénifiant sur l’absurdité d’envoyer les étudiants loger loin des centres-villes selon une mode nouvelle des gouvernants qui s’éloigne trop de la tradition européenne… notre Nouvel indiqua que son « esquisse d’esquisse» n’imposait rien quant au contenu qui n’était pas fixé par lui mais par les élus !
On aurait pu attendre que Nouvel rendit hommage à la Cité-jardin de Beaudouin ? Jamais il n’eut un mot pour ce projet social que furent les cités universitaires des années cinquante. Tout armé de son projet « vert », HQE (Haute Qualité Environnementale), il reconnut cependant la nécessité de garder des témoignages de cette architecture si injustement décriée selon lui mais dont il se contenterait facilement de ne garder qu’un module! « Puisque personne n’avait trouvé moyen de la faire classer ! »
En quelques mots le sort en était jeté : la RUA serait bien détruite ont répété à qui mieux-mieux maire et adjoints en chœur !
En rentrant chez moi, j’allumais la télé pour me changer les idées. Au Soir 3, le présentateur s’attarda sur une manifestation qui avait eu lieu le même jour contre le projet de Jean Nouvel pour…l’île Seguin ! Les opposants avaient perturbé le conseil municipal de la ville concernée. Jean Nouvel répondait doctement que les tours feraient très bien dans le paysage ! Rien sur la RUA.
Mauresk.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire