Qui a peur de Virginia Woolf ?
Virginia ou Woolf ? Qui est la Vierge, qui est le Loup ? Est-ce un traquenard ? Quelle Vierge est tombée dans la gueule de quel Loup?
Oui, c’est une fable que nous raconte Edward Albee dans « Qui a peur de Virginia Woolf ? » montée aux Gémeaux par Dominique Pitoiset. La fable du Loup et de la Vierge, dans laquelle nous ne savons pas bien qui est le Loup et qui est la Vierge.
Nick et Honey, un jeune couple récemment arrivé sur le campus d’une université du Middlewest, sont reçus chez Martha et George à deux heures du matin après une soirée déjà bien arrosée. Les deux hommes sont enseignants et ou chercheurs.
Un jeu de rôles se met progressivement en place entre les quatre acteurs, véritable quête de la Vérité de chaque être. Comme chez Pirandello, ces jeux successifs permettent, peu à peu, de révéler les buts, les désirs et les moyens utilisés par chacun pour parvenir à ses fins.
Le jeu de rôles permet des coups de théâtre et de renverser les situations. Celui qui apparaît le plus fort dans certaines circonstances se révèle d’une faiblesse et d’une fragilité extrême dans d’autres.
Martha et George mènent la danse visiblement. Ils ont des « heures de vol » derrière eux, et ne peuvent plus faire l’impasse de leurs impasses. Mais Nick et Honey, sous l’apparente naïveté des débutants, sont très vite confrontés à leur propre histoire et ne peuvent y échapper.
A quatre, à trois ou à deux, les scènes se succèdent et, par petites touches, mettent au jour les dits et les non-dits du parcours de chacun. Avec au cœur de la question : la rencontre, le mariage, la procréation.
Si Martha semble la plus cynique et George un professionnel raté, Nick un biologiste plein d’allant et Honey une souris naïve, peu à peu, chacun apparaît sous son vrai visage : Honey vomit sa vie, Nick un être ambitieux sans scrupule, George un être lucide et désabusé, Martha une femme meurtrie.
La pièce, très enlevée, grâce à une mise en scène très réussie de Dominique Pitoiset, est un bijou d’échanges croisés au rythme haletant.
Mauresk
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire