mercredi 14 décembre 2011
LA VIERGE AUX ROCHERS
Trop noire pour les Sœurs de l’Immaculée Conception ! Noire de son ambiguïté mais aussi de la forme adoptée par Léonard. La forme et le fond : tout est ambigüe chez lui.
Enfant, j’en eus l’image pieuse en mon missel et je la rejetais. Trop sombre ! Trop mortuaire ! Catafalque d’une mort annoncée ! Et au Louvre de même, je ne lui trouvais aucune grâce quand placé devant elle, j’essayais de lui trouver la beauté, la profondeur que l’exégèse m’imposait.
Peu avant l’exposition de l’atelier L’Attache à Lyon, je voulus la revoir. Mais, coïncidence ou pas ? Elle avait disparu du Louvre. En restauration me dit l’un, partie à Londres ma dit l’autre. C’est ce dernier qui avait raison. C’est celle de Londres qui a été restaurée ! Pourvu qu’à la nôtre on ne fasse rien. Pour peu qu’un fou lui rende sa clarté !
Noire de noire, La Vierge au Noir. C’est comme çà qu’il nous la faut ! Dans toute sa noirceur ! Noir Rocher, noir dessein ! Ou destin ?
Jusqu’au bout La Vierge m’imposa son tempo. Et quand j’apparus devant elle (à l’expo), je compris que je ne pourrais jamais en pénétrer le secret. Chaque étape m’était une surprise nouvelle, une inconnue toujours à découvrir, à dévoiler.
Car chacun en avait sa définition ! (Comme une peinture que chaque spectateur s’approprierait en secret !) Conceptuelle ! Comme ce Pavé orné d’une Canette de Coca (pas light) ! En caramel mou comme ce visage entouré de papillons-papillotes ! Ou sinistre cette Vierge sans visage dont le petit jésus arbore un sourire de terroriste ! Rose et/ou glacée ?
Mais Léonard ! Qu’a-t-il voulu nous dire ? Lui qui écrit son Traité de Peinture à l’envers ! Car l’envers nous dit-il c’est la même chose que l’endroit ! La peinture est toujours Cosa Mentale ! Et le peintre ne peint toujours que soi-même !
Ecrire à l’envers (Léonard)! Peindre la tête en bas (Baselitz) ! Peindre l’envers des tableaux à l’envers (F.H.S.)! Poser le tableau « comme vous voulez !» (l’art abstrait) ! Construire ou déconstruire ? ( la philosophie postmoderne).
Alors la Vierge ! Tu nous la sors ta révélation ? Qu’est-ce que tu caches derrière tes paupières baissées ? Tes gestes incongrus ? As-tu une face cachée ? Un univers inconnu, inaccessible pour nous autres pauvres pêcheurs ?
Ce Rocher ? C’est quoi ? Un monde à grimper ou à transpercer ? Derrière ces orbites, dans quel Nouveau Monde faut-il nous rendre ? S’agit-il simplement du Golgotha ? La Colline des Trois Croix ? Ou des Dolomites ? Une randonnée dans l’Arc Alpin ?
Ou du Crâne d’Adam ? Le mariage de la Vierge avec le Premier Homme ? Ah, Léonard, nous laisseras-tu en repos ?
Mauresk.
L’Attache, journées Portes (Orbites) Ouvertes, 9-10-11 décembre 2011. Impasse des Capucins, Lyon.
samedi 26 novembre 2011
Le cuisinier et le plat de viande.
Léonard pour rédiger son Trattato Della Pittura utilise une écriture inversée qui ne peut être réalisée qu’à l’aide d’un miroir. Arcimboldo avec « le cuisinier (ou le plat de viande) » inverse le sens et l’essence des choses (selon qu’on regarde le tableau dans un sens ou dans l’autre). Car tout a un sens ! Et il n’est pas nécessaire d’en rester au sens premier pour dire une chose. Son contraire ne dit-il pas la même ?
Vous croyez que ce que vous avez énoncé est vrai. Mais si vous l’inversez cela reste vrai. C’est l’art du palindrome.
Alors, pourquoi Léonard utilise-t-il plus particulièrement pour la peinture cette écriture inversée ? Est-ce parce que la peinture n’est pas Ecriture ou bien, au contraire, parce qu’elle est d’abord un langage ? Mais inverse des autres. Et qu’elle ne peut donc être élucidée par une première lecture. Que souvent il faut la décrypter.
Dans l’atelier Monge, à Montparnasse, un sculpteur tournicote un fil de fer assez épais (du 1,5 semble-t-il) « comme une corde à sauter » dit-il. Il suggère de jeter un rouleau de fil de fer dans l’espace pour voir ce que cela peut produire. Son voisin propose de prévenir les autres pour éviter les dégâts que cela pourrait occasionner.
Renonçant à ce projet, notre sculpteur lance un bloc de terre en l’air et le regarde s’écraser par terre. Il renouvèle l’expérience plusieurs fois et bien que son expérience ne produise aucun bruit (la terre meuble amortit le son quand elle tombe par terre) son geste attire l’attention.
Les autres sculpteurs donnent leur interprétation de la chose : l’une propose une météorite, une autre une pierre concassée par des forces telluriques ; on n’est pas très loin de l’idée du sculpteur : un diamant et même un diamant noir du fait de la couleur sombre de la terre. Des veines se sont produites dans la masse car des traces de plâtre étaient restées par terre dans l’atelier ce qui donne effectivement un aspect géologique à l’objet.
Le bloc de terre qui était ovoïde au départ (il avait servi à un moulage quelques minutes auparavant) s’est géométrisé. Il présente les faces d’une gemme ou d’un orbe. Il pourrait être translucide mais sous sa forme actuelle il est opaque. Mais en est-on sûr ?
Le sculpteur propose de mettre « la chose » en hauteur pour lui donner plus de relief, la mettre dans l’espace pour valoriser ses formes plastiques. Comme il a joint le geste à la parole, il tient dans sa main le « diamant noir » à bout de bras. Du coup, une sculptrice lui propose de réaliser une main pour tenir l’objet ainsi constitué.
« Il me faut cinq minutes » déclare-t-il. Et, il s’en va au fond de l’atelier chercher un bout de grillage qu’il découpe grossièrement et auquel il fait des franges plus que des doigts. Il revient assemble le tout. Mais tout s’effondre. Le poids du diamant écrase le grillage et finalement (à peine déçu), le sculpteur pose le tout sur une sellette pour « faire sculpture ».
Une sculptrice qui passe devant l’ensemble dit : « C’est pas mal ça ! » en regardant la « main ». « Qu’est-ce que c’est ? » Et sans attendre la réponse de notre sculpteur dit : « on dirait un moulin ! ». « Non, c’est une main qui vise à servir de support pour le « diamant noir » », répond le maître d’œuvre.
C’est à ce moment-là que le propriétaire de l’ovoïde reconnaît son bloc de terre qu’il avait remis dans le bac de l’atelier. Et a cette réflexion : « on dirait un KIRILI !»
« Un KIRILI ? » répète notre sculpteur, visiblement ignorant de la chose. On lui aurait dit un « Kundelitch » que l’effet eût été le même si ce n’est que ce nom est associé à une plaisanterie dans un sketch des « Inconnus »…
« KIRILI ! C’est un sculpteur qui opère de la même façon ». dit le sculpteur de l’Ovoïde. « Il jette ses blocs de pierre pour leur donner leurs formes. C’est ainsi qu’il a conçu le « Monument à Charlie Parker » près des Moulins de Paris » !
Nos sculpteurs restent médusés. Ce vague bout de terre ovoïde qui ne ressemblait à rien (abstrait !) ou presque est passé du statut d’objet extra-terrestre à celui d’œuvre d’art en quelques minutes par le seul échange des mots entre les spectateurs. Ce qui n’était rien est devenu tout.
Quand commence l’Art ? Quand est-ce qu’une œuvre devient "d’Art" ? Est-ce le geste de l’artiste ? Est-ce le regard du spectateur ?
Le bloc de terre va-t-il garder son nouveau statut ou retourner dans le bac de l’atelier Monge ?
Mauresk
F .H.S. : « Le « KIRILI » », Atelier Monge, boulevard du Montparnasse, Paris. Jusqu’à quand ?
mercredi 23 novembre 2011
Tanguy ou Michaux ?
Michaux n’aimait guère les isthmes ou plutôt les ismes comme cubisme, sexisme, surréalisme. Il se disait intra ou extra réaliste. Une recherche en tous les cas qui nécessite des expérimentations…
Et c’est ça qu’il adorait ! Combiner les matériaux, supports et fluides, gouaches et mélanges aqueux pour voir, on ne sait jamais ce que ça va faire… ça n’est pas toujours heureux au sens courant ! Ça tourne souvent au drame ces surprises imprévues.
Peintre simili genres Michaux aimait répéter le motif même s’il n’est jamais le même. Et ses feuilles les plus connues sont des calligraphies chinoises. Elles ne valent pas les Tables de Sian mais elles déroutent toujours le lecteur.
Sous Mescaline Michaux se nous torture. Son délire pourtant ne nous fait pas peur mais nous rappelle des souvenirs quand nous nous laissons porter par l’inaction et jetons par la fenêtre un seau ou deux de purin.
Ça fait splatch! Et tout le monde n’est pas content. S’inscrire ou s’extraire tel est son destin. Dans cerveaux et boyaux il part en quête d’un univers souterrain. Et nous jette à la figure ses cris d’effroi car tout s’excite avec le H ou l’ Héroïne.
Ses Méduses goyesques plus que cris caravagiens se font Chronos et nous tirent dans son royaume des morts. Mais nous résistons au risque de sortir pétrifiés.
Fissures, fentes toutes ses toiles sont des parois ou des foules oppressantes. N’est-ce-pas le même système de défense ?
A côté Tanguy fait œuvre de chérubin. Ses haricots sont des jouets posés au fond de l’eau. N’est-ce pas lui l’inventeur du « mou » dans l’art : les montres molles c’est lui ou Dali ? Et les pianos, les fonds de mer, les déserts limpides.
Tout est déjà chez lui mais personne ne s’en souvient. Mort trop jeune, derrière la surprise la répétition et l’éloignement. Tanguy est toujours loin. Bretagne, Amérique, l’Ouest parisien, rue du Château…il fait campagne.
Il faut dire que ses Cadavres Exquis pratiquent le jouir sans frein. Qui plus est il fait ça en prenant le passant par la main pour faire Œuvre Collective. Devance Guattari avec sa Machine Désirante et son anti-oedipianisme forcené.
Comment s’en sortir ? N’est-ce pas lui finalement le père du surréalisme et Breton le Saint-Père ? Dans cette religion tout est bon disons! Ça se taille au couteau comme un saucisson d’Auvergne. Et ça se détaille comme de la charcutaille le jour de marché à Felletin. Quel festin !
Tanguy clé de Klein ? C’est ce qu’on susurre : vous savez le Happening qui vous grippe les méninges et la Performance qui vous démange le système hémorroïdaire.
C’est bien là que se rejoignent nos zigotos du pinceau : l’esprit de système. C’est sûrement ça. Non. Mauresk
dimanche 6 novembre 2011
Au moins j'aurai laissé un beau cadavre
Tout le monde a le visage de l’innocence dans une tragédie. Depuis Homère, nous savons que seuls les Dieux peuvent changer notre destin. Le metteur en scène, Vincent Macaigne, est-il un Dieu ?
Peut-être ! Car, il s’y entend à manipuler public, acteurs, texte et même Shakespeare.
A peine avons-nous pénétré dans la salle du théâtre Chaillot que, comme au temps du Grand Magic Circus de Jérôme Savary, nous, spectateurs, sommes sommés d’obéir aux injonctions d’un crieur public qui nous hurle de faire du bruit, de monter sur scène, d’applaudir puis finalement de regagner nos places.
Au doigt et à l’œil, qu’il nous conduit Vincent Macaigne dans le ventre de Shakespeare. C’est du théâtre certes mais comme toujours on baigne dans l’entre-deux.
Nos corps, nos esprits flottent entre réalité et fiction, entre conscience et inconscience, entre tragédie et comédie, entre monde des hommes et monde des ténèbres. L’excès fait rire, mais le rire se tord en une grimace inquiétante.
Monde d’eau et de feu, d’amour et de haine, de caresses et de crimes. Macaigne met ses acteurs à nu, les plongent dans de l’eau putride ou n’est-ce pas plutôt le sang qui depuis l’assassinat de Caïn s’écoule en long fleuve entre les hommes.
Le sang du père Hamlet, le sang du nouveau-né Hamlet, le sang menstruel de Gertrude, le sang de Claudius ou d’Apollonius ? Est-il possible d’arrêter la chaîne des crimes ? Mensonges et vilénies, viols et incestes : peut-on revenir au tout début ? Arrêter l’hécatombe ?
Pour tout un chacun, il semble que toute route soit un Golgotha ; tous portent leur croix et comme dans l’Enfer de Dante on se croise sans savoir pourquoi untel est là à tant de temps de distance.
Champ de ruines d’une humanité qui n’a jamais su s’humaniser. Qui préfère manipuler ou se laisser manipuler. Les Dieux regardent sans doute : cyniques et sourds. Mauresk.
vendredi 4 novembre 2011
Le procès d'Orson Welles
De Procès finalement, il n’y aura pas. Mais un engrenage oui. Dans lequel dès le départ Monsieur Joseph K. s’enfonce. Avec et contre son gré.
De quoi est-il accusé ? il ne sait pas. Est-il coupable ? Ça ne fait aucun doute pour tous.
Le procès n’est donc pas celui de M.K. mais de la société et de la justice.
La société dont tous les représentants sont englués dans un système bureaucratique et irresponsable où chacun saisit les mots de l’autre pour l’entraîner dans un engrenage schizoïde ou paranoïde.
Les policiers qui viennent effectuer l’arrestation de M.K. et qui à aucun moment ne présentent un mandat d’arrêt. Les collègues de bureau qui comme dans un mauvais rêve viennent soutenir l’accusation. Monsieur K. lui-même, qui prend les devants pour conforter un système dont il se sent la proie.
A ce jeu-là les femmes sont au cœur de la perversion. Environnant le pauvre M.K. de toutes les tentations mais en même temps lui fermant toutes les portes de sortie en se faisant plus que les autres les complices du système administratif, judiciaire et bureaucratique.
Procès de la justice aussi. Représentée sur un tableau, nous dit M.K., par une femme aux yeux bandés et les pieds ailés. La justice n’a rien d’immobile et d’inamovible. Elle fluctue au gré des désirs du pouvoir.
Les avocats en sont les complices. Et dans ce rôle, Orson Welles excelle, transformant ses clients en chienchiens pitoyables venant quémander une solution toujours renvoyée aux calendes grecques !
Monsieur K. n’est plus l’objet de la machine désirante (ou peut-être si mais d’une manière pervertie) mais d’une logique qui lui échappe totalement. Mauresk.
Au Champo dans une version rénovée.
mercredi 26 octobre 2011
Je comprends ta fascination pour les Matisse des Stein...
Ils ont acquis les tableaux d’Henri Matisse quand il devient Matisse c’est-à-dire la période qui va de 1905 à 1909.
Matisse sort du pointillisme (comment a-t-il pu y entrer ?) et devient tachiste, coloriste, peintre décorateur, enjôleur ou enjoliveur !
Sa peinture frappe un grand coup dans une forme d’endormissement que connaît la peinture après les Impressionismes et auquel Picasso lui-même n’échappe pas pendant ses si fameuses périodes rose et bleu.
Ce choc émotionnel de la peinture « fauve » est moins frappant dans La femme au chapeau de 1905 que dans le Nu bleu (souvenir de Biskra) de 1907.
Mais il est éclatant dans toutes les petites toiles de l’année 1906 présentées à la queue-leu-leu au Grand Palais : Fleurs, Marguerite lisant, La japonaise au bord de l’eau, Femme nue allongée, Nu dans la forêt, Nu dans un paysage, Marine La Moulade, Bord de mer, paysage de genêts, paysage de Collioure, Esquisse pour le bonheur de vivre, Nu assis, Marguerite…
Matisse extrait du passé proche tous les extrêmes et les synthétise dans une forme sublimée. Comme dit Picasso à propos du Nu bleu : « est-ce une femme ou de la décoration ? »
Mais la formule est insuffisante pour comprendre toutes les innovations que Matisse introduit dans la peinture que ce soit dans l’utilisation de la couleur vive et sans rapport avec la figuration colorée héritée de l’impressionnisme, dans l’utilisation des aplats à la Gauguin mais avec un niveau d’abstraction jamais atteint jusqu’alors ou dans les formes qui échappent à tous les codes picturaux du passé.
C’est une période d’expérimentation pour Matisse et il explore tout un champ nouveau de la peinture qu’il fait exploser comme de la dynamite pour reprendre une expression de Derain.
D’une certaine façon l’impression n’est pas seulement liée à la lumière mais à la forme elle-même ce qui explique la formule de Picasso.
Le peintre pousse la couleur à fond dans Paysage d’automne, la forêt de Fontainebleau, Bronze aux œillets ou Paysage de Collioure (1907). Il inverse, renverse, traverse, les couleurs, le tracé, l’espace.
Et à un siècle de distance, je l’aiderais bien un peu à renverser les titres, à inverser les mots, à traverser le temps comme pour « Nature bleue à la cruche morte » ( Nature morte à la cruche bleue, 1907).
Nous sommes déjà en ce début de siècle dans l’âge surréaliste. Matisse touche à tout ce qui va être démultiplié ensuite. Sauvage, « Fauve », sans équivoque il veut aller plus loin.
N’est-ce pas dans cette peinture fauve que Paul Eluard trouvera sa poésie : « la terre est bleue comme une orange »…
Mauresk
Grand Palais, Matisse, Cézanne, Picasso dans la collection Stein.
mardi 25 octobre 2011
"la somme des hypothèses" dit Léa
De loin, une tache claire illuminée par le soleil. Derrière, l’arc de triomphe du Carrousel, le Pavillon de Flore, à gauche la Pyramide du Louvre. Du jardin des Tuileries, on dirait le Soleil qui se serait posé par terre.
Un rappel du roi du même nom ? Ou un flocon de neige, une rose des vents ou des sables, un grain de poussière…Géant, le virus du Sida.
Et pourtant, tout ça n’est fait qu’avec des planches brisées, une sorte de récup : faire du beau avec du laid, rechercher toujours l’inverse.
Toute œuvre, tout art n’est-il synthèse, du passé, du présent, du mobile et de l’immobile, du chaud, du froid, de l’Idée ou des idées. Être conceptuel sans l’être, suggérer, réminiscence pour tous, le collectif et pour chacun, l’individu.
Pour mettre au point la Somme des Hypothèses, Vincent Mauger est confronté au calcul mathématique, à la physique des matériaux, la résistance au vent, la masse, le poids, l’attraction terrestre…et dans le domaine philosophique l’attraction universelle, l’Un, mais aussi le souci de l’autre.
Implosion ou explosion, une boule éclatée, déchiquetée, les rayons partent de tous côtés, décorent le ciel, s’enfoncent dans la terre. Au centre, ils forment nœud, tiennent ensemble, liés ou plutôt vissés dans des équerres d’acier.
Car, une sculpture, il faut que ça tienne. L’association de l’ingénieur et du plasticien vise à concilier les contraires : l’attention et l’intention, la solidité et la légèreté, le calcul et le hasard, le Yin et le Yang …
Léa est là. La médiatrice de la Fiac répond à nos questions. Pourquoi la Somme des Hypothèses ? Elle nous dit tout ça. Que Vincent Mauger part d’une idée qui lui est propre, qui surgit de son inconscient, une madeleine, un ruban violet, une odeur, un souffle.
Qu’il a besoin d’aide, des autres pour accomplir sa tache, leurs compétences, leur appétence. Mais son travail n’est pas un concept. Vincent Mauger n’a pas d’ambition intellectuelle. Il est d’abord un plasticien. Il combine des matériaux, utilise des techniques. Il se fait charpentier, ébéniste, utilise des matériaux à recycler. Ici des planches brisées.
En revanche, ce qu’il crée doit toucher tout le monde. Chacun doit pouvoir y voir ce qu’il veut, l’interpréter à sa façon. Aussi, peu importe : est-ce un soleil, un flocon de neige, une rose des sables ou des vents, le virus du Sida…
Je fais une hypothèse : et si c’était Léa ? Mauresk
La somme des hypothèses, sculpture de Vincent Mauger, FIAC 2011, Jardin des Tuileries.
dimanche 9 octobre 2011
Tas beau en tableau
Ils descendent les escaliers, rampent, escaladent, roulent, dévalent tout en tas. Ils forment une toile composée d’étoffes multicolores avec des taches claires quelquefois brillantes, le tout mouvant à ras de sol à ras de soi.
C’est un objet nouveau, solide mais aussi vivant. Il respire parfois éructe, éternue, rit, soupire ou gémit. Un ensemble qui se déplace en homothétie comme une chenille ou un animal inconnu dont les têtes multiples, les bras, les jambes, les mains, les pieds sont solidaires et indépendants en même temps.
« Une Chimère ! », diraient certains. Un Phénix, la Bête à Sept Têtes de l’Apocalypse de Jean, l’annonciatrice de quelques maléfices diraient d’autres. Une dénonciation, un acte politique, une foule qui fait le dos rond face à l’absurde de notre pauvre existence…
Une Révolution de l’homme sur lui-même sûrement. Car le Tas est un oxymoron. Il est le résultat de l’exact opposé de ce qu’il représente, c’est-à-dire un Tas. Pour parvenir au Tas, il faut se penser, s’écouter, se parler, se repérer. Il faut Être. Avec l’autre : le sentir, le rencontrer, le toucher.
Porter être porté, peser soupeser, faire corps et savoir se détacher, suivre tout en entraînant, tourner et toujours présenter la face qu’il convient pour que le puzzle puisse se reconstituer. Le Tas peut alors s’élaborer, se construire et telle une roue circuler dans l’Espace et dans le Temps.
« J’ai l’impression qu’un train me roule dessus » me dit un danseur qui était au fond du Tas. Le Tas chuinte, siffle, stridule. « Vous étiez beaux ! » dit un spectateur. Un beau Tas ? Inexorable la locomotive passe et fait retentir son cri strident.
C’est ça le Tas et ça déboule d’un seul coup sans crier gare au coin du trottoir. Nous sommes au « Chat qui Rail », rue Riquet derrière la Gare du Nord : à quand un Tas envahit-il la salle des pas perdus ? Les quais ? La voierie ?
Je vois déjà le Tas glisser Canal St-Martin, envahir la Villette, dire coucou au chef de gare.
Mauresk.
« Le Tas », Collectif Comipok. http://www.facebook.com/event.php?eid=226955834029774
samedi 1 octobre 2011
Premiers émois
Premiers émois, Lili Sanchez esquisse, sur toile, peinture lisse et, d’après moi s’essaie derrière la figuration à la fiction.
Un autre temps s’insinue là dans ces baisers, ces désirs assouvis-inassouvis. Accolades, caresses, tendresse mais aussi expressionisme des sentiments.
L’air vibre : tensions.
Fourrer sa langue et sûrement pas loin le sexe. Le visible ne cache-t-il pas l’invisible ou l’invisible ne serait-il pas trop visible ?
La vertu ne cache-t-elle pas le vice ?
Lili fantasmes. C’est toujours avec le sentiment que l’on peint nous dit Chardin, avec la passion nous dit Lili.
Et chacun retient son souffle.
C’est la couleur qui prédomine ici. Avec un changement de palette total. Ses « Gorges » étaient en mai couleur froide, parfois criaient. Aujourd’hui la chaleur domine.
Lili nous prend la main.
Roses, jaunes, orangés, c’est temps d’été. La peau transpire comme l’amour ardent. Et si la torpeur scande la journée, les visages semblent torturés.
Soleil-lampes halogènes.
Peinture de transition, de césure, un essai, une piste nouvelle, un univers de formes teinté d’interrogations.
Dans « Ses Rencontres », Lili Sanchez se cherche.
Mauresk .
Lili Sanchez , journées Portes ouvertes L’attache, Impasse des Capucins, 69001 Lyon, 30 septembre , 1er et 2 octobre.
Lili S. "Ses Rencontres" Espace Paul Ricard, immeuble le César, 20 place Louis Pradel, 69001 Lyon. 8 au 18 novembre.
Premiers émois
Premiers émois, Lili Sanchez esquisse, sur toile, peinture lisse et, d’après moi s’essaie derrière la figuration à la fiction.
Un autre temps s’insinue là dans ces baisers, ces désirs assouvis-inassouvis. Accolades, caresses, tendresse mais aussi expressionisme des sentiments.
L’air vibre : tensions.
Fourrer sa langue et sûrement pas loin le sexe. Le visible ne cache-t-il pas l’invisible ou l’invisible ne serait-il pas trop visible ?
La vertu ne cache-t-elle pas le vice ?
Lili fantasmes. C’est toujours avec le sentiment que l’on peint nous dit Chardin, avec la passion nous dit Lili.
Et chacun retient son souffle.
C’est la couleur qui prédomine ici. Avec un changement de palette total. Ses « Gorges » étaient en mai couleur froide, parfois criaient. Aujourd’hui la chaleur domine.
Lili nous prend la main.
Roses, jaunes, orangés, c’est temps d’été. La peau transpire comme l’amour ardent. Et si la torpeur scande la journée, les visages semblent torturés.
Le soleil est fait de lampes halogènes ?
Peinture de transition, de césure, un essai, une piste nouvelle, un univers de formes teinté d’interrogations.
Dans « Ses Rencontres », Lili Sanchez se cherche.
Mauresk
Lili Sanchez , journées Portes ouvertes L’attache, Impasse des Capucins, 69001 Lyon, 30 septembre , 1er et 2 octobre.
Lili S. Espace Paul Ricard, immeuble le César, 20 place Louis Pradel, 69001 Lyon. 8 au 18 novembre.
jeudi 22 septembre 2011
L'affaire Naffissatou Diallo.
Tout le monde connaît l’Affaire. Donc je ne vais pas la rappeler une énième fois. Seulement les protagonistes : le juge Vance en mal de réélection, le petit Français un peu monstrueux en mal d’élection et l’élue de tous Nafissatou Diallo : pour les intimes ND ou DN. (Je préfère quant à moi ND mais pour des raisons uniquement graphiques).
La Suite tout le monde connaît ! Oui enfin… voudrait connaître…les griffures c’est ce que j’ai retenu mais de qui proviennent-elles du Lion ou de la Panthère ? Y’a des traces en tous les cas tout le monde en parle : les bas déchirés c’est le Lion donc ! Sauf si c’est les bâts !? Comme l’âne (et on sait que c’en est un l’était) peut-être en portait mais il est vrai que des griffures sur un bât c’est moyennement impressionnant…Sauf que si la police scientifique s’en est mêlé, elle a pu monter l’affaire en épingle (à cheveux bien sûr) et en faire un patacaisse au juge : le fameux !
Elle (ND) : plantureuse, aguicheuse (les collants… DIM, je me suis renseigné), allumeuse (elle fume pendant qu’elle fait le ménage (ça m’étonnerait aux States elle se serait fait j’ter depuis longtemps de son palace trois étoiles). Mais par contre elle sait faire le ménage (si vous voyez ce que je veux dire !)
Donc reprenons : Nafissatou fait le ménage en sifflotant. Notre Petit Français qui entend ça (ou Çà) s’écrie : « Où ça ? (ou Çà ? )» et sans enfiler son futal traverse la salle-de-bain à toute vitesse. Manque de bol, il glisse sur la moquette (pardon sur le carrelage numide non humide en raison de la vapeur dégagée par la chaleur (non pas de ND) (il adore les bains chauds même bouillants).
C’est donc pour se rattraper qu’il s’accroche en arrivant dans la chambre à la femme de chambre qui justement est en train de border le lit. Les bas craquent. « Merde » qu’il dit ! « What you say » ? answers the maid. “Rien, nothing, bitteschön” répond l’âne qui justement joint la Geste à la parole.
Un ballet s’en suit qui relève plus de la danse contact que du strip tease de Broadway. Tout se passe cul-par-dessus chaise (ou chemise) mais justement l’homme n’en avait pas. Après c’est la course-poursuite : le téléphone sonne « c’est l’autre conne ! » qu’il dit. Et il jette le portable dans la bataille. La maid s’enfuit effarouchée : elle se remet vit€ de ses émotions et s’applique un fix-mèches qui fait fureur. Toute habillée de noire, elle prend la pose d’une veuve.
Lui ne sait plus où donner de la tête. Comme toujours dans ces cas-là, le sang lui est monté à la tête. Il étouffe renonce à nouer la cravate et rouge jusqu’aux oreilles aborde les caméras de vidéosurveillance. Elles, impassibles, surveillent la scène comme l’auraient fait une troupe du KGB au bon temps du Petit Père des Peuples.
Il court, il court le furet…car il n’a pas assez d’€ et la maid en veut tant et plus ; au change y’a pas à tortiller le $ vaut pas un clou. Après ça vous me direz qu’il n’a pas les circonstances atténuantes ? Mais, elle ? N’a-t-elle pas les circonstances exténuantes ?
Notre petit Juge quant à lui a tout compris. C’est un traquenard : on veut lui faire la peau. Il prend le La Vance. On ne sait jamais comment tourne l’Opinion. Les journalistes sont aux aguets. Les télés bien pires que la Gestapo lui pressent le citron. Il joue sa tête : Affreux américains contre Afro americans.
Et puis le Vance tourne pendant l’été. Il montait du Sud, chaud, tropical, humide. Il descend maintenant du Nord : froid, sec, boréal. Plus personne ne veut de ce Pas Franc des Couilles. French Lover, mon C. Gros plein de soupe retourne au bercail. Va tremper ta Q. au bord de la Seine ! Éclate notre Vance harassé. Mauresk.
mardi 20 septembre 2011
ART JUNGLE
Les mots jonglent pour définir ce qui fait Art. Et quand on lui ajoute un adjectif comme abstrait pour désigner l’art d’aujourd’hui, on ne se simplifie pas la vie !
Définir l’art négativement est plus facile. Ce qui ne fait pas art, tout ce qui constitue notre quotidien. Certains s’évertuent à préciser que l’art décoratif, l’architecture, toutes les formes figuratives ou représentatives ne font pas art… Qu’il n’y a rien à attendre de ces disciplines.
Et selon les auteurs la négation peut prendre une ampleur insoupçonnée, si bien qu’on ne sait pas très bien ce qui reste à l’artiste pour être.
Car si l’art est bien matière et matériel, il a toujours un aspect immatériel. Et à partir de là tout se corse. Les entrées dans le dictionnaire peuvent s e multiplier mais les sorties aussi. Il n’est qu’à voir les anathèmes jetés à la figure de nos artistes passés pour comprendre dans quels sables mouvants nous voilà.
D’un Breton qui dans son manifeste pourfend un Matisse ou un Derain pour porter aux nues (jeu de mots, ce sont justement leurs nus qui ne lui plaisent pas) un Picasso. J’essaie en vain de trouver un chemin pour vous aider à découvrir l’art et l’art moderne mais moi-même je m’y perds.
Je trouve ce matin un article élogieux sur le dernier spectacle de Marthaler (+ ou – zéro) et je m’y précipite pour m’aider à définir ce qui dans le domaine théâtral peut relever du moderne de l’Art.
Qu’y ai je goûté ? Quelque-chose de mystérieux car n’ayant pas accès aux traductions situées trop au centre ou trop haut pour moi qui était assis au premier rang à droite, je n’avais plus qu’à me fier à mon oreille, au jeu des acteurs, à ce qui pouvait m’interpeler.
Dois-je vous le dire c’est l’incompréhension même dans laquelle j’étais plongé qui, je crois, aujourd’hui fait Art. Le spectacle mélange les langues ; j’en saisis quelques bribes mais le sens global m’échappe mais comme dans Pirandello chaque acteur a sa vie propre comme les fous pas si fous que ça chacun vaque fait ce qu’il a faire peut-être pas pour le tout mais pour lui. Est-ce que ça suffit ?
Je ne crois pas pour moi et une immense frustration m’étreint moi qui voudrais tant étreindre que les autres partent en courant. Alors faute d’étouffer l’autre on s’étouffe soi-même. Ce qui se traduit outre le passage à l’acte à toutes les formes de contritions d’angoisses dont les manifestations font le genre humain lui-même. Vous savez ces fameux Caractères de La Bruyère, ces personnages romanesques de Balzac à Proust, ces Fleurs du Mâle…
Nous sommes heurtés bloqués arrêtés par les timides les complexés les boulimiques les anorexiques les irascibles les batailleurs les effacés les pousse toi que j’m’y mette les extravertis et les intro et comme on y peut rien il n’y a plus qu’à les enrober dans un langage nouveau un métalangage un langage poétique ou théâtral où tout le monde y retrouve ses petits.
C’est ça l’art moderne un non langage dans lequel chacun plonge avec délice pour se faire une nouvelle peau se travestir se mettre de la poudre faire tout ce qu’il ne faut pas faire rouler dans les flaques d’eau pour faire jaillir l’eau et rire un bon coup rencontrer des espaces des corps nouveaux ne plus avoir peur de soi et de l’autre et que ce soit par la musique la peinture la danse la littérature écrire un nouveau texte avec cet esprit libre cette capacité à dire moi je suis et toi aussi alors Pourquoi se regarder en chiens de faïence pour quoi ce non sens de la séparation créer des ponts plutôt que des murs mettre tout dans le pot commun une fois que tout le monde a compris la règle du jeu.
Mais peut-elle l’être puis-je rouler mon corps sur le corps de l’autre sans qu’il en prenne ombrage, peindre d’un trait l’univers qui m’entoure souffler dans ma trompette comme à Jéricho pour voir s’effondrer les murailles écrire l’aube et le crépuscule bouleverser les codes pour me découvrir et te dévêtir.
Est-ce cela l’art moderne que nos esthètes recherchent depuis un siècle comme le secret de la fabrication de l’or qu’ils en sont prêts à s’immoler se prostituer tuer père et mère qu’ils partent à l’aventure au Groenland qu’ils adoptent toutes les postures inventent tous les alphabets les réinventent aussi trouvent un nouveau style tous les quatre matins un solfège inédit toujours en quête de la flûte enchantée du crabe aux pinces d’or de la lampe merveilleuse d’une Joconde dont on ne sait plus le sexe.
Ils ont intégré Freud jeter Jung aux chiens sauter sur Lacan Jacques comme un autre gourou ils sont partis derrière Livingstone en Afrique creuser des trous dans la mer Egée circuler trois fois autour du cercle polaire remonter le Humboldt tout Çà pour ça un tigre qui saute dans le vide un léopard aux pattes fragiles qui derrière les grilles de sa prison de Vincennes reste fébrile comme si une femelle l’attendait dehors.
Et puis se poser rêver attendre croire fermer la boîte de Pandore espoir au fond du pot et balancer sa peinture sur la toile blanche prendre un marteau et des clous se laisser aller dire oui plutôt que non parce qu’on ne sait pas le dire ce non que le nom n’a pas de sens seul toi moi les deux maux qui jamais ne s’accordent mais sont liés à jamais.
Il n’y a qu’un archet pour tirer de la sorte une harmonie une petite musique un langoureux paso doble un tango serré et sentir ta chaleur envahir mon corps et entre tes jambes mourir encore une fois. Est cela l’art dites le moi. Mauresk.
samedi 10 septembre 2011
Libertégalitéfraternité au Poulailler.
Libertégalitéfraternité au Poulailler.
«Libertégalitéfraternité » aurait-elle oublié ses enfants ? Le couperet va-t-il tombé ? Y-a-t-il urgence à expulser nos oisillons ? A deux jours du verdict du Tribunal Administratif concernant « le référé en urgence » du Conseil général du Val-de-Marne pour récupérer la gendarmerie d’Ivry-sur-Seine, les Coccinelles ont remplacé les Gendarmes.
Ce sont « gens de poésie » qui au Poulailler circulent entre les herbes folles, transforment trois planches en escarpolette, un hangar en loft de campagne, des chariots de supermarché en « Chariots de feu ».
Dans la cuisine en plein air, Martin prépare un oumos avec citron, ail pois chiche tahin, Luna distribue des rafraîchissements tandis qu’on s’affaire autour de la sono. Un jazz band fascine les enfants et tout le monde danse Improvisation !
Sur la « Scène ouverte » Slam et Contes : « L’Oie se fera-t-elle plumer par les Gens de Loi ? Les Renards « sont-ils partout » ? Le Loup aura-t-il raison de notr’ « Pasd’chance » ? »
Hermès est sûrement passé par là et de ses pieds ailés a survolé la cour. De son caducée, il a enchanté les lieux et de la maréchaussée n’a laissé que les bottes de sept lieux !
D’une lyre violoncelleuse sortent mille échos mélodieux et d’une guitare violeuse une envolée de moineaux. Bal ballet maestria tout est léger ! Pas de deux, Contact et Jeux d’Enfants…S’agit-il d’Entrechats ?
Mais les Chiens aboient et de la façade descendent des sons inconnus !? Une meute semble venir de derrière mais une autre répond en écho devant. Serions-nous tous cernés ? Le «Poule aillé » se transformera-t-il en « Saladier » et l’oisillon en poulet meurtrier ?
Mais non. Nulle paranoïa ici ! Le Shinx descend le long du mur de Scène du Théâtre Antique suspendu à un fil invisible. Un néon bleu symbolise Apollon ! De part et d’autre en encorbellement, sortis de leurs niches les Dieux-Lyres délirent ! Hyper et Boréens nous sommes !
Œdipe enchaîné attend son destin. Aveugle, infirme, éploré, le Shinx saura-t-il l’éclairer ? La nuit est noire et à la lumière du réverbère nous devinons la Tragédie qui se noue et se dénoue.
« j'hésite, je corrige, j'enchevêtre désenchevètre délasse entrelace repart et j'ajuste j'agglutine je garrotte, je sangle j'entrave j'accumule jusqu'à ce que tu te sentes de la pointe des pieds à la racine des cheveux vêtu de toutes les boucles d'un seul reptile dont la moindre respiration coupe la tienne et te rende pareil aux bras inertes sur lequel un dormeur s'est endormi. » (Jean Cocteau, le Shinx dans la Machine Infernale).
Les corps des danseurs tels les mots du Poète s’épousent et se rejettent. Les Chiens aboient mais la Caravane passe. Machine Infernale ou Machine Poétique au « Poul’Ahh Yeah »? Mauresk.
Le Poulailler (ex-gendarmerie), 103 avenue Maurice Thorez, Ivry-sur-Seine.
dimanche 4 septembre 2011
Jam danse contact au « Chat qui rail ».
Jam danse contact au « Chat qui rail ».
Y-a-t-il une poésie plus belle ? Les corps s’emmêlent, d’un entrejambe sort une tête un corps, deux hommes s’accompagnent, leurs corps roulent l’un sur l’autre, ils sautent s’écroulent se poussent s’attirent tout est joie plaisir toucher c’est un jeu amoureux seul manque le coït et ils sont plusieurs dizaines sur cette scène de folie où plus aucun contact ne se fait plus comme d’habitude c’est-à-dire sans contact.
Ici on danse et la danse est contact. Je regarde Eddy et Cléo qui viennent de se rencontrer sur la piste et déjà ils s’épousent ils jouent l’un avec l’autre ; leurs corps glissent s’enveloppent se réfléchissent parfois se rejettent pour à nouveau se rencontrer ; ils traversent la scène en diagonale sont tellement heureux de s’être rencontrés et de s’être épousés que la fête est sans fin : cabrioles sauts de biches grands écarts les éloignent et les ramènent l’un à l’autre.
Je crois qu’ils se connaissent de toute éternité alors que chacun découvre l’autre et que c’est déjà l’apothéose, le Nirvana. Au squat du « Chat qui rail » (rue Riquet), il ya de l’ambiance. Le monde afflue et Fabio et Charly du Collectif Comipok' animent l’atelier. Des pyramides humaines surgissent ici et là ; les danseurs grimpent comme des escaladeurs des rochers humains les pieds les mains surgissent mais aussi des têtes des bras des jambes.
Des montagnes des falaises des cascades humaines ! Ça grimpe ça coule ça circule dans les gouffres et sur les arêtes. Sur une cime un homme se dresse, il écarte les bras comme toujours en signe de Victoire. Et puis il disparaît, une fille surgit une autre juste derrière. Est-ce une cordée ? Et puis tout roule comme des rondins de bois dans un torrent. Personne ne voit l’embouchure et tout le monde se laisse rouler.
Ets-ce le jeu de l’amour et du hasard ? Un marivaudage ? Non pas ! Nous dansons Madame ! Vous dansez Monsieur ? Et les enfants, tout ce monde à contrejour, à contre emploi, à contre société. Qui se touche qui se pousse qui s’épouse ! Des ombres chinoises qui démentent le mythe de la caverne. Platon se retourne et ne reconnaît plus ses enfants. Socrate digère la cigüe et Diogène rit dans son tonneau.
Et puis le Jam : un contrebassiste et un trompettiste accompagnent les danseurs. Pas l’inverse ! La priorité le corps la danse le contact. C’est-à-dire la surprise. Deux corps qui se choquent se répondent mais aussi amortissent se transforment. C’est la « Totale Impro » ! Il n’y a qu’à laisser faire ! Femme, homme des catégories obsolètes !
Tous ne sont qu’unisexe, enfants donc ? Neutres ? Je ne sais pas. Peut-être des Objets ? Plaisir d’être objet pour soi et pour l’autre. Ou jouet ? Qu’il ne faut pas casser pour que le jeu continue. Les corps franchissent toutes les barrières ? Peut-être pas.
Mauresk
mercredi 31 août 2011
La fourmi à miel
La Fourmi à Miel
Le débat est ouvert depuis longtemps pour savoir « Qui peint ? ». Cela fait l’objet de polémiques, de batailles d’experts pour attribuer telle œuvre à untel ou untel, pour faire ou défaire des fortunes…
Mais, l’enjeu est encore plus important quand il s’agit de déterminer ce que fait le peintre quand il peint. Pourquoi peint-il et que peint-il ? Les autres, le monde qui l’entoure, lui-même ?
Est-ce la « cosa mentale » de Léonard de Vinci ou, depuis que Freud a « dévoilé le voilé », est-ce un subterfuge du peintre qui connaissant « l’inconscient » pratique l’imposture ou bien, se trompe consciemment ou inconsciemment sur lui-même.
Werner Herzog pose lui aussi cette question dans son dernier film « La grotte des rêves perdus ». Qui est ce peintre pariétal ? Il a un petit doigt tordu nous dit l’une, c’est un vrai artiste dit l’autre. En fait, ils sont plusieurs et se succèdent sur les parois à 5000 ans de distance selon le carbone 14.
Foin de toutes nos préventions, l’art pariétal s’exerce sans complexe : notre Homo Parietalus use de toutes les techniques : la ronde-bosse, le manche en bois pour se hisser à bonne hauteur, la cire, la calcite , le charbon de bois appelé aujourd’hui graphite.
Il joue des volumes de la grotte pour transformer ses aplats en perspectives plongeantes ou en contre-plongée. Ainsi, surgissent des troupeaux de bêtes, des mammouths, des rhinocéros laineux, des ours des cavernes. Mais aussi des loups, des félins : lions des cavernes sans crinière, panthère (la seule de tout l’art rupestre). Et puis cette ronde des chevaux, ce minotaure à tête de taureau et à sexe de femme.
Un art sensuel, la lionne se frotte au lion ou montre les dents. Un art vivant : les rhinocéros entrechoquent leurs cornes et les chevaux font claquer leurs sabots ; les ombres se multiplient devant les flambeaux allumés. Sonore aussi : l’écho des rochers, les chants gutturaux des guerriers ou les prières psalmodiées. Pour transmettre une mémoire peut-être, pour célébrer un culte sûrement !
Homo Spiritualis ? La grotte serait un sanctuaire, dédié aux Dieux, aux Ours, aux êtres surhumains qui nous entourent ! Car qui porte l’âme de cette société de plus de 40 000 ans ? Est-ce l’Homo Sapiens ou un être hybride, mi-homme (rarement représenté) mi-femme (il existe de nombreuses Vénus pariétales) mi-animal ?
La Grotte « Chauvet » serait-elle un sanctuaire dédié à l’Ours (aucun ossement humain n’y a été trouvé mais les ossements d’ours sont surreprésentés). Ou à la femme comme dans le Jura souabe où de nombreuses représentations féminines ont été découvertes. La grotte ne serait-elle alors que la représentation la plus fidèle de l’utérus avec tout ce que cela peut avoir de mystérieux et de caché.
A la question d’un anthropologue qui lui demandait pourquoi il peignait, un aborigène répondit : « ce n’est pas moi qui peint, c’est la fourmi à miel » ! Le peintre n’est pas pour lui celui qui porte le pinceau. Ce dernier n’est que le porte-plume d’un imaginaire social.
Mauresk.
lundi 29 août 2011
Zabriskie point ou la question de l’amour libre.
Zabriskie point ou la question de l’amour libre.
Zabriskie Point n’est pas pour Michelangelo Antonioni seulement un tournant géologique, mais plutôt celui des mœurs en Occident et peut-être pour le monde à la fin des années 60.
Marc veut « mourir » ! Mais « pas d’ennui » ! Il est prêt à s’engager contre la société américaine de son temps ; qui a déjà toutes les caractéristiques de la société américaine d’aujourd’hui, c’est-à-dire de la société mondialisée.
Antonioni nous balade dans une société américaine déjà postindustrielle; même si le marketing commercial dont il nous abreuve dès le début du film concerne le fleuron des géants industriels disparus depuis dans les montagnes russes du capitalisme financier international.
Ce qui meut les étudiants de l’époque, dont Marc fait partie, ce sont encore les passions nées des grandes ruptures du XIXème et du début du XXème siècle. Marc se fait appeler Marx Carl lorsqu’il est emprisonné pour avoir voulu s’intéresser au sort de ses comparses raflés par la police fédérale.
Comment prendre de la hauteur ? Comment créer un choc dans cette société enrégimentée, policière, et occupée seulement d’affairisme et de découpage des activités sociales en micromarchés ?
Marc, d’abord, s’arme comme on peut le faire si facilement dans cette société de libertés, assiste à un crime policier contre un étudiant noir et à une riposte dont il est soupçonné (à tort) être l’auteur.
Aussi il s’enfuit, et en bon héritier de la classe dominante américaine, il « emprunte » un avion et s’envole au-dessus de Los Angeles (déjà une conurbation aux contours indéfinis) puis du désert.
C’est alors que le film devient poétique. Tout est improbable et l’analyse économique et sociologique bascule dans le fantasme et dans le rêve, dans l’utopie.
Marc, après un ballet amoureux avec une voiture survolée dans la Vallée de la Mort atterrit et rencontre Daria. Ils font l’amour dans les dunes, roulent dans le sable et sont rejoints par quelques dizaines d’autres couples qui s’adonnent aux mêmes joies du sexe qu’eux.
Pendant ce temps, un artiste fou repeint l’avion pour en faire le messager de la nouvelle société désirée. Initialement la scène finale, coupée par le PDG de la MGM de l’époque, devait montrer l’avion survolant Los Angeles avec traînant derrière lui une banderole sur laquelle était inscrit : « Fuck you America ».
L’amour libre, c’est aussi la liberté de se quitter. Aussi Daria et Marc retournent à leurs destins. Daria, rejoint Phoenix où elle est attendue en tant que secrétaire d’un promoteur immobilier. Sur la route, elle entend par la radio que Marc a été abattu lorsqu’il a atterri à Los Angeles.
Le film se termine sur un fantasme de Daria : l’explosion répétée de la maison futuriste où architectes, promoteurs et affairistes négocient dans un climat de spéculation qui n’a rien à envier au nôtre.
Plus qu’un rêve, cette scène finale est une peinture surréaliste, du Dali mouvant ou mourant ! Tout explose comme une centrale nucléaire aujourd’hui !
dimanche 21 août 2011
Desgrandchamps
Desgrandchamps
C’est déjà un poème ! Mais le poème se tord très vite, dérape et comme dit le peintre en « fin de partie », « bifurque ».
Au départ, c’est inintéressant : de la copie d’images saisies sur DVD, ce qu’on appelle dans le commerce ou le business comme vous voulez, de la fauche, de la drague, du copyright : c’est condamné par les tribunaux : Rheims en sait quelque-chose ! Et c’est pas du « rince-doigt ».
Mais visiblement le Grand s’en fout. Il a mis ses avocats dans le coup, ou mieux les producteurs, les réalisateurs s’en battent le coquillard du « copyright », ou bien la galerie « Truc » qui sponsorise notre Grandchamp a tout réglé par derrière.
Donc, Desgrand peut utiliser les films, faire des arrêts sur image : Resnais, tintouin et tout le frusquin…et c’est vrai que c’est intéressant ! Prendre la pose au vol ? Impossible avec un modèle ordinaire : i sait pas voler ! Tandis que dans un film et avec le DVD c’est facile (j’en sais quelque-chose j’lai déjà fait) tu fais pause et tu photographies l’image.
Si tu en saisis plusieurs tu peux refaire un film en plus court, style zapping ; recomposer Fellini mais surtout Visconti (c’est long et ça barbe). Par exemple les scènes de regards dans « Mort à Venise »…
Des…Champs prend les images qui « impressionnent la pellicule » ! Pas mal pour un début ! S’intéresse aux détails : pas flagrant au départ puis petit à petit s’infiltre, donne au paysage son « tragique » !
Dans « Le silence « d’Ingmar Bergman, il s’arrête sur le déhanché d’une femme, la haine-amour entre deux femmes, l’ombre d’une femme reflétée par un miroir, ça permet de faire un écart, d’aller ailleurs.
Car à un moment dans sa peinture la forme prend le pas sur le reste ; la peinture l’emporte sur le « réalisme » des scènes figurées des films sélectionnés…
Ça se met à couler, les personnages sont en suspens, sans pied, sans tête, sans mains, sans corps et pourtant là. Fluidité, transparence, tout s’échappe et il ne reste plus de ces personnages de Légendes ou de cinéma qu’une efflorescence, une âme. Alors la Plastique l’emporte sur tout le reste.
A la richesse du propos du début, se substitue la liquidité, l’évanescence . La mer « coule » et est coulure ; le sable, les êtres et ce monde sans espoir nous trouble comme un Chirico. Les personnages vaquent, plongent, marchent mais où vont-ils ?
Ils sont dans un espace-temps infini dont le réel est rappelé par quelques objets. Les tableaux « figuratifs » dirait-on sont « sans titre » « untitled oil on canvas » !
Et puis tout revient à rebours, s’ossifie. Le peintre revient sur la question. Ses chevaux donquichottesques, ses aplats déroutent mêlent et entremêlent les plans dans des diptyques, triptyques, quadriptyques insondables . On voudrait d’ailleurs procéder à d’autres découpages, recompositions, collages de ces tableaux improbables.
Coller l’oiseau à une patte de cheval, enfoncer une tête dans un trou sans fond, sortir la noyée de sa mer baltique …il y a quelque-chose de surréaliste dans ces tableaux noirs.
Mauresk
Desgrandchamps jusqu’au 4 septembre 2011 au MAM.
LEVIATHAN
LEVIATHAN
Il y a quelque-chose de paradoxal dans la sculpture d’Anish Kapoor, il l’a veut abstraite mais s’impose cependant systématiquement de lui donner un nom.
Ainsi en-est-il d’ ASCENSION présentée à Venise en parallèle de la Biennale dans la basilique de Saint Georges. Placée dans le chœur de l’église, la sculpture de Kapoor est composée d’un aspirateur situé au niveau de la coupole et sensé avaler la fumée de cigarettes dégagée par un cendrier géant posé quant à lui devant l’autel.
LEVIATHAN est le nom donné à la sculpture proposée par Kapoor pour MONUMENTA 2011 au Grand Palais à Paris. 15 tonnes de lais de PVC encollés et gonflés composent cette sculpture d’un nouveau-type. Il s’agit de remplir le volume du Grand-Palais caractérisé par sa nef en architecture de fer et de verre qui donne une luminosité « supérieure à celle de l’extérieur » selon A.K.
Mais nommer une sculpture n’est-ce pas prendre le risque de faire passer une œuvre de l’abstraction à une forme de figuration et donc de diriger le spectateur au lieu de le laisser se pénétrer de l’œuvre pour l’interpréter librement ?
Pour Kapoor l’avantage de l’art abstrait sur l’art figuratif c’est d’ouvrir l’espace d’interprétation et de poser des questions philosophiques. A cet égard, le concept d’objet-peau qu’il utilise pour Léviathan s’inscrit dans cette perspective.
La matière en PVC est rouge nous dit-il car c’est la couleur la mieux connue des êtres humains. Elle leur est autant intérieure qu’extérieure et donc est, selon lui, supérieure au bleu. Ses effets d’ombres et de réflexion de la lumière seraient aussi pour lui supérieurs.
Pour Léviathan, l’objet-peau offre au spectateur une expérience inédite. Dès l’entrée, le spectateur est happé à l’intérieur de la sculpture constituée d’une membrane rouge translucide, fluide et chaude qui ne peut manquer de faire penser à un antre, un gouffre, une galerie (aux deux sens du terme) mais aussi évidemment très vite l’intérieur du corps humain et cette partie intime du corps féminin : le con, le vagin, la matrice.
La chaleur, l’oppression tant visuelle que sensitive que nous ressentons nous met assez vite dans une ambivalence qui est celle de se demander si nous nous y sentons bien ou mal. S’il faut y rester et s’il faut en sortir. Ça se termine toujours par une forme d’expulsion.
Ce n’est que dans un deuxième temps que le visiteur prend connaissance de la globalité de l’œuvre, de son extérieur : c’est-à-dire la partie gonflée constituée de sphères reliées les unes aux autres et qui donne un formalisme à l’ensemble immense, rond, rouge. Il peut alors circuler dans la nef du Grand-Palais et s’interroger sur ce qu’il vit à ce monumenta-là !
Est-ce l’expérience du nouveau-né que veut nous faire vivre le sculpteur ? Ces formes sont-elles les cuisses, les fesses, les seins nourriciers de la mère ? Le sculpteur ne cache pas dans les interviews qu’il a données cette analogie.
Mais alors pourquoi LEVIATHAN ? N’aurait-il pas mieux valu FEMINA ?
C’est donc bien pour guider le spectateur que Kapoor nomme son bébé LEVIATHAN.
Nous savons à quoi renvoie cette expression, plutôt à l’oppression qu’à la douceur, plutôt à la force brutale de l’Etat-nation décrite par Bodin et Hobbes plutôt qu’à l’amour maternel et à la tendresse féminine.
Kapoor veut-il nous dire que tout est violence de la naissance à la mort ? Mauresk.
Nouvel-Antony
Nouvel-Antony € € €
Un frisson parcourut l’assemblée lorsque le président de l’A.E.S. (Association des Enseignants du Supérieur contre la démolition de la Résidence Universitaire d’Antony) (Jean Zay) pénétra dans la salle du Conseil municipal.
Etait-ce un frisson de peur ? (comment était-il arrivé là ?) ou de stupeur ? Je ne sais. Mais nul doute, par l’effet qu’il produisit sur l’assistance, je sus d’emblée que mon sujet était là.
Il faut dire que voir entrer le clone de Jean Nouvel juste au moment où celui-ci s’essayait à répondre aux questions de l’opposition à la municipalité Sénant-Devedjian avait quelque-chose de sidérant !
Mon président chauve comme le prix Pritzker, grand comme lui (mais un peu moins enveloppé selon l’avis unanime) et qui accompagnait du mouvement de son corps les gesticulations du célèbre architecte (comme son ombre), semblait mieux connaître l’affaire que le fabuleux Prix !
Il faut dire que l’assemblée ne poussa qu’un cri lorsque notre Nouvel , qui présentait avec emphase son « esquisse d’une esquisse » selon son expression , ne connaissait pas l’emplacement de la rue Lafontaine dans son projet ! Qui est d’ailleurs la seule rue du quartier concerné par son travail !
Le poète-fabuliste (mais s’agit-il bien de lui ?) en serait resté bouche bée ! Mais s’agit-il de poésie ici ? Ou de fable ?
Autour du maire, ce fut l’émoi ! Et chacun de chercher ses mots, pour couper l’herbe sous le pied à une opposition remontée sinon survoltée. Assis entre deux blondes dont l’une regardait ses pieds tandis que l’autre ne trouvait pas assez de mots pour verdir son plumage, notre « maire à tous » malmenait une opposition qui voyait poindre la fin de la RUA (Résidence Universitaire d’Antony).
Toujours est-il qu’il s’agissait ce jour-là de prendre langue sur le projet Nouvel. L’architecte ne fut pas à son meilleur. Ses photos étaient floues ou floutées (question d’art sans doute !) et sa connaissance des lieux approximatives.
Son assistante, blonde (décidément)et à l’accent germanique prononcé, en savait visiblement plus long que le maître… Et sans cesse celui-ci se tournait- vers elle pour préciser son propos. Mais s’agissant « d’une esquisse d’esquisse », l’épreuve fut relative.
Comment justifier la destruction des œuvres de ses prédécesseurs qui ont construit la RUA (Eugène Beaudouin, grand prix de Rome, Architecte des Bâtiments de France... que des catégories bien sous évaluées par rapport à celle de Pri’tzkzer !
Pontifiant dans un discours lénifiant sur l’absurdité d’envoyer les étudiants loger loin des centres-villes selon une mode nouvelle des gouvernants qui s’éloigne trop de la tradition européenne… notre Nouvel indiqua que son « esquisse d’esquisse» n’imposait rien quant au contenu qui n’était pas fixé par lui mais par les élus !
On aurait pu attendre que Nouvel rendit hommage à la Cité-jardin de Beaudouin ? Jamais il n’eut un mot pour ce projet social que furent les cités universitaires des années cinquante. Tout armé de son projet « vert », HQE (Haute Qualité Environnementale), il reconnut cependant la nécessité de garder des témoignages de cette architecture si injustement décriée selon lui mais dont il se contenterait facilement de ne garder qu’un module! « Puisque personne n’avait trouvé moyen de la faire classer ! »
En quelques mots le sort en était jeté : la RUA serait bien détruite ont répété à qui mieux-mieux maire et adjoints en chœur !
En rentrant chez moi, j’allumais la télé pour me changer les idées. Au Soir 3, le présentateur s’attarda sur une manifestation qui avait eu lieu le même jour contre le projet de Jean Nouvel pour…l’île Seguin ! Les opposants avaient perturbé le conseil municipal de la ville concernée. Jean Nouvel répondait doctement que les tours feraient très bien dans le paysage ! Rien sur la RUA.
Mauresk.
mardi 28 juin 2011
3 D
Un coup de dés jamais n’abolit le hasard.
Dans le poème de Mallarmé, le dernier vers est : « Toute pensée émet un Coup de Dés ». Et jusqu’où peut-elle aller, personne ne le sait.
Peut-être est-ce pour cela que les jeux dits de hasard ont tant de succès. Tenter le hasard quand tout semble fini, n’ouvre-t-il pas l’infini ?
Est-ce cela que trois peintres en mal d’inspiration ont voulu dire, quand face à l’X (l’Ecole Polytechnique) ils ont, au café Le Village, décliné en trois tableaux placés dans trois fausses fenêtres trois parties de dés ?
L’un des tableaux, au fond à droite, lui-même partagé en trois, figure « Un Baiser » pendant que des enfants jouent par terre aux dés.
Au fond à gauche, dans un salon avec piano à queue et tigre de papier, une table de jeu, ronde, à trois pieds, et de dos un joueur lance trois dés.
A l’entrée, au-dessus d’un escalier qui descend dans un souterrain, la fenêtre donne sur une table de salle-à-manger. Scène de Cène en bord de Seine. S’agit-il bien de cela ?
Des coupes de vin sont servies à moitié vides ou à moitié pleines. Est-on au dessert "tarte aux fraises" ? ou à l'entrée "assiettée d'huîtres" ?
Sur la Table des navires circulent. Viennent-ils conquérir Lutèce ou délivrer Geneviève ?
A l’ombre de Saint-Etienne-du-Mont, la scène fait recette. Et Pascal, qui est du coin, n’aurait pas renié cette incitation à la Foi.
Mauresk
« Trois Dés » par F.H.S. , Guillaume Lebelle et Ralph Ribour , Café « Le Village », 56, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris.
samedi 4 juin 2011
I Am the Wind
Est-il possible de ne rien vouloir ? Est-il possible de se laisser pousser par le vent ?
Aller au-delà de l’île aux pierres grises, se laisser pousser au large dans l’océan.
Se laisser pousser dans l’eau par le vent. Être le vent se croire le vent.
Ils sont l’Un et l’Autre sur un radeau. Ils godillent, roulent et tanguent enfants.
Deux amis qui se questionnent. Tout commence par des oui puis tout s’inverse.
Une succession de non.
Est-il possible de ne rien vouloir ? est-il possible de se laisser pousser par le vent ?
Couper les ponts ne plus répondre. Dire oui puis non. Ne plus savoir.
Aller jusqu’à l’île puis au-delà. Ne pas dire au revoir. Se laisser pousser par le vent.
Jusqu’au large puis hors du navire. Sauter plonger couler comme une pierre.
Ne plus savoir pourquoi on le fait.
Est-il possible de ne rien vouloir ? Est-il possible de se laisser pousser par le vent ?
De laisser là son compagnon. Le faire mais ne pas dire pourquoi on le fait.
Une dernière interrogation. Puis se laisser couler vers les profondeurs.
La nuit est noire. La mer est noire. C’est temps d’orage.
Je suis le vent. Voilà pourquoi. Je suis le vent. Voilà c’est ça.
Mauresk
Librement inspiré de I Am The Wind de Jon Fosse, mis en scène par P. Chéreau jusqu’au 11
Juin au Théâtre de la Ville. 01 42 74 22 77
dimanche 29 mai 2011
L’ART DU XXYéme siècle est né…
L’ART DU XXYéme siècle est né…
Et personne ne s’en est rendu compte ! il porte des noms bizarres : Happening de Ste- Geneviève, F.H.S., Riralph ou pour d’autres RALPHAËL , LILI ou SANCHEZ , LEBELLE ou LABEL, Georgel ou Gorge Chaude, tout ça est à PARIS ou à LYYON, mais personne n’y fait gaffe, ni Pâques Ment, ni Pâques ment Pas parce qu’ils sont Dé passés, OUT les potes en engliche s’il vous plaît !
Pourtant il suffit d’ouvrir les MIRETTES. REGARDER ce qu’y s’passe quoi ! les NOUVELLES de Ste- Adresse y’a pas à s’turlupiner ! Un ciel d’ Enfer même MONEY NE L4A PAS VU !
Mais j’sais pas pourquoi j’m’escrime au fleuret s’iou plaît car y’a FLEUR dedans et la FLEUR ELLE DIT TOUT . Mais j’crois pas qui zi comprenne gran chose !
J’ai glissé un claquos dans l’pied et ça pue à frémir ! les harpions sont dégoupillés et à retardement qu’ils disent ! au moment où on s’y attend pas ça déchausse ! aussi c’est pas la peine d’attendre aux abris qu’ils disent !
ANTIATOMIC moi j’dirai plutôt ant-iMOUSTIC mais zy comprenne rein ! Le commandant mouchotte mais j’asticote et le temps qu’j’décalotte voilà t’y pas qu’Y dérouille la grenouille !
Le temps n’est plus aux escarmouches, la patrouille dérouille y z’ont pas BL (sans H) ( Ben Laden) ça fait plus populo ! Y l’ont foutu aux entrailles la mère qu’ils disent mais c’est du faux… un bon coup de gnôle pour rattraper çà sauf que les muslims ne voient pas comme çi comme ça.
J’suis au trimolo et vous pas trop ramolo ?
MAURESK
samedi 28 mai 2011
FOUS DU VOLANT
Fous du volant.
Aloïs ouvre les yeux comme des billes et tourne la tête à n’en plus finir. Ça siffle dans l’air autour de lui et sur le sable deux énergumènes s’agitent en tous sens. Ralph et Guillaume partis à la conquête ! Tirs de roquette, balles sifflantes de snipers, est-ce un jeu-vidéo ? Les coups pleuvent en rafales. Personne ne peut rien y voir. Ça va ça vient mais on ne sait d’où. Pas de pitié pour les fous de Bassan !
Ils sautent en l’air, font un écart arrière, un pas sur le côté puis plongent en avant comme s’ils allaient à la pêche au merlan. Avec leurs têtes de cormoran, leurs corps floutés par la prise de son, ils sont aux quatre cents coups repérant de loin le poisson-volant. Ballet russe, Merce Cunningham en aérobic, ils ressemblent à des hiéroglyphes qui marchent de profil. Ils montent en vrille, salto arrière, glissent le pied droit en homothétie.
La musique est dodécaphonique à dominance de « zip », parfois un flop, un drop, une danse des canards. Ils s’apostrophent d’un « à moi », « à toi », « à tue et à toit ». Ils se coiffent au poteau, réclament un soda et repartent au galop sur la piste aux étoiles. Il s’agit pas de louper le métro ! Et que j’te balance un volant dans les dents. Ah tu l’as voulu çui-là et ben prends çui-ci ! Pas le temps de faire cui-cui.
En eau, en buée, en sablés, usés, collés, à bout, le rictus saccadé par une respiration endiablée, le corps à 360°F, l’écume des sets dans les chaussettes, les pieds nickelés nique nique rage, happés de droite de gauche, au filet, emmêlant les rinceaux et les pinceaux, poussent la raquette à fond, le pied à la fois sur le frein et l’accélérateur.
Rattraper l’oiseau, le père siffleur, l’alouette sans cœur, le martinet qui, du plat fond en piqué, en vrille ou en planeur, hoquète, ramène son bout de fraise effeuillé, son bouton de rose, son bouchon emplumé. « Hourra ! » crient-ils en cœur, paraphrasant Archimède. Auraient-ils trouvé la lune qu’ils n’auraient pas poussé un cri aussi fou de basson.
Les bras en croix, sur le sable, encalminés, le soleil sous les prunelles, le volant planté sur le front : faut-il attendre des baisers ? Déjà se redresser et courir à tout va ! Les jambes lourdes, le corps rompu, les abdo en roc, la crampe sous l’estomac, les cuisses tendues, les pieds enflés, la partie ne fait que commencer. Et fouette cocher ! Les volants font un festival ; ils filent comme des éclairs, embrassent l’air, les plumes resserrées profilées comme des fusées Diamant.
Au compteur, le chronomètre arrêté, l’arbitre égrène les pertes. Mais déjà un engagement, deux smaches, 15-0 : ai-je bien entendu ? Etendre le bras à droite à gauche, reprendre la bête avant le carreau, « border-line ». Et c’est reparti ! elle vole la mouche, à tire-d’aile, jusqu’au zénith puis s’essouffle ou reprend son souffle, inverse la tendance, les flux, prend le vent, un peu de distance.
Quand un coup de vent la pousse devant ! Panique, traîtresse, elle est passée dans l’autre camp. Avoir la détente, la saisir, du dos, du plat, en encorbellement. La relancer douce mais liftée. Aïe ! le piège n’a pas fonctionné. Se retourne contre moi. L’autre que je vois à peine m’assène 40-0 . Le volant me siffle dans les oreilles, j’esquive, me retourne, pas-chassé, saut de poule, caquètement d’oie ; je la reprends par derrière, esquisse un pas de deux, les gros orteils en pointes. Je me précipite sans accélérer !
Dialectique du badminton ! Sauter en l’air, mettre un genou à terre, baiser le sol, étendre les bras devant derrière en haut en bas, remonter au filet, redescendre sur la ligne du fond, à gauche à droite ! Pendant ce temps-là le gars en face, il bouge pas. A la plage, partie de campagne, étend détend sans effort ni excès ! Qu’est-ce que c’est que ce bastringue ? Il renvoie le perdreau ! A tous les coups il gagne. Me voilà empalé !
Petit je croyais que le jeu du volant était un jeu de midinettes de jeunes filles en fleurs. De part et d’autre avec ou sans filet on s’envoyait des fleurs des papillons un objet de toute façon bizarre : un bouchon à plumes…je regardais tout ça en suçant mon pouce. Mais voilà qu’avec l’âge tout s’accélère ; le gentil volant devenu profusion circule à toute vitesse devant mes yeux médusés.
Exténuante la partie ! Terminée, on remballe les volants les raquettes. Tout le monde à la douche. La peau rougie, le sang fouetté ; tout ça finit dans la piscine pour nos fous de bassin.
Mauresk
DELPHES
DELPHES
Lors de mon dernier voyage en Grèce, j’avais deux obsessions : me rendre à Délos et à Delphes. Je ne sais pas pourquoi, mais il me semblait primordial, essentiel, de me rendre physiquement sur ces deux lieux mythiques que mes voyages précédents ne m’avaient pas permis d’aborder. En 1969, j’avais vu Délos de loin. C’était l’été, il faisait très chaud, une « tourista » avait attaqué quelques-uns d’entre nous et la surpopulation de Mykonos en cette saison nous avait conduits à fuir l’île.
A l’époque, Mykonos était le refuge balnéaire des « beatnik ». Derrière les moulins, vaquait une population qui sans s’en douter singeait sûrement les dieux et les déesses de l’Antiquité…J’étais enfant alors mais je me souviens de tous ces jeunes hommes et jeunes femmes dénudés et bronzés, plus beaux et belles les uns que les autres : bruns, blonds ou roux, aux longs cheveux et barbes tressés, bardés de colliers et de colifichets qui les paraient comme les prêtres et les prêtresses d’une version grecque ou latine.
Ils allaient souvent les pieds nus ou en sandales de lanières et leurs ongles scintillaient sur leur peau tannée comme des pierres précieuses ou des diamants. Venus de l’Europe entière mais surtout de l’Europe boréale, ils tranchaient avec la population autochtone, petite et noire, « calinissa », qui les logeait dans des masures peintes à la chaux quand ils ne dormaient pas sur la plage.
Le jour, presque nus, la nuit, vêtus de longues tuniques de coton blanc qui faisaient ressortir leurs faces d’Ulysse et scintiller leurs yeux de Niobé, nos kouroi et nos korai faisaient vibrer l’air azuréen d’un éclat qui rivalisait avec l’astre solaire. Une vapeur toujours accompagnait leurs corps allongés sur les rochers blanc immaculé ou longeant la côte outre-mer.
Etait-il nécessaire alors de prendre ces chaloupes surchargées pour aller jusqu’à Délos ? N’avais-je pas sous les yeux le véritable spectacle delphique : celui de la Jeunesse et de la Beauté, de la Lumière et de l’Amour ? Apollons en personnes, Artémis en songe. Ne disait-on pas qu’ « à Delos, il n’y a rien à voir » ? Quelques pierres que des archéologues inventifs transformaient en Temple, en berceau où Latone aurait déposé ses jumeaux.
De toute manière, Zéphyr ne nous laissa pas le choix ; transformé en Melten, nous vîmes les embarcations chavirer au sens figuré et leurs passagers penchés au bastingage défigurés. Délos noyé par la mer démontée se fit mirage, île flottante, conforme au mythe.
En 1975, lors d’un retour de Turquie, nous vîmes les Cyclades de loin ; nulle préoccupation apollonienne alors. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être, simplement parce que nous avions l’âge d’Apollon. Artémis m’accompagnait. Notre bateau pourtant n’était pas tiré par des Cygnes. Mais les chevaux-vapeur de notre Ferry, le transformait en char survolant les eaux et nous profitions de la chaleur et la langueur estivale sur le pont du navire. L’âge adulte, la fin d’une époque que nous ne percevions pas encore. Nos teints halés, nos yeux pas encore totalement décillés ne nous permettaient pas comme l’enfant ou l’homme mûr de percevoir la réalité du moment et de rêver quelque-chose que nous croyions vivre.
En 2003, voir Délos était de l’ordre de l’urgence. Un jeu de quitte ou double. Aurais-je encore l’occasion de voir Athènes ? Nous prîmes le Ferry au Pirée en plein hiver. Le Melten encore une fois c’était mis de la partie. Lorsqu’après la nuit de la tempête, nous découvrîmes les îles, quel enchantement ! Tous les sommets étaient couverts d’une pellicule blanche. A Mykonos, le froid se glissait entre les ruelles ; les pélicans pelotonnés les uns contre les autres sur la plage cherchaient un peu de chaleur. La foule des estivants avait laissé place à des centaines de chats malingres abandonnés de l’été. Nulle chaloupe pour Délos. Sans touristes, point de tourisme…Encore une fois je ne verrai que l’ombre d’une île dans un détroit. C’est l’image que j’en retins et que j’esquissais sur mon billet d’avion avant d’en retracer le contour vague sur un tableau marin. Délos resterait à jamais un lieu imaginaire.
Il restait Delphes. Le Sanctuaire. L’Autre Lieu apollonien. Là, plus aucun obstacle ne pourrait nous arrêter. Les fois précédentes, il faisait chaud, trop chaud. Nous étions désargentés. Hippy sans le sou. Ne voyageant qu’en « stop » ou en transports en commun. Sans être des Yuppies, nous avions loué une voiture pour la semaine et traverser la Grèce n’était en hiver qu’un jeu d’enfants. Aussi, dès notre arrivée au Pirée, nous fonçâmes vers Delphes ou plutôt le village voisin, « Delphes déplacé » au XIXème siècle pour fouiller la cité sacrée, pour y passer la nuit.
Temps sec, ciel lavé, vent froid, l’eau gelait dans les trous d’eau. Delphes par -1 ou -2°C. Les nuits sont froides en Grèce dans les hôtels non chauffés. Les jours aussi. Et pourtant, je ne ressentais rien de tel. Tout m’enchantait. Me remémorant Nietzsche, et la Naissance de la Tragédie, essayant de comprendre cette fascination qui pendant des siècles avait pu réunir les Grecs autour de ce sanctuaire. Est-il vrai que les Grecs ne croyaient pas en leurs Dieux ?
Qui était donc cet Apollon ? Transporté jusqu’à nos jours sur tous les Belvédères ? Pourquoi ce besoin du Beau ? Beauté des corps certes, mais aussi beauté de l’esprit. Apollon, le « Sans Nombre » dont la devise était « Connais-toi toi-même ». Apollon, Dieu de la Lumière, de l’Amour, de la Médecine. Dont le sanctuaire était voué aux jeux pythiques, à la divination de la Pythie. Le dieu de l’ambiguïté et donc des Arts. Comme tout sanctuaire, une source sacrée y naissait. Eau symbole, eau mémorielle, eau purificatrice.
Pour honorer le Dieu, c’est nu que je courus un stade. Héros grec. La nudité accompagne tous les moments sacrés.
vendredi 8 avril 2011
MÉAT-TRIANGLE
Méat-Triangle.
Sculpture de Ralph Ribour , zinc, ( H 213, L 125, l 63) 2011.
La sculpture se présente comme deux tôles de zinc ouvragées comme pour couvrir un toit parisien. Un triangle donc planté dans la pelouse du jardin. Il peut suggérer une porte mais aussi tout ce qui est triangulaire dans le monde et dans la vie. Pour moi : un sexe féminin.
Une encoche de souche de cheminée est utilisée par le sculpteur pour laisser un orifice en haut du triangle. Ce détail, pour moi, donne une nouvelle signification au triangle ne serait-ce pas plutôt un phallus avec son méat.
Le sculpteur aurait donc réuni en une seule sculpture les deux sexes ! Belle performance ! D’où Méat-Triangle qui pourrait aussi glisser vers Méga-Triangle.
Mais de glissade en glissade ne risque-t-on pas de filer la métaphore un peu loin ?
Mauresk
"j'ai un(e) chat(te) dans la gorge"
« J’ai un(e) chat(te) dans la gorge » de Lili Sanchez. Huile sur toile, 30X46, 2010.
Lili Sanchez m’a longuement parlé de cette toile comme d’un tableau décisif dans sa vie de peintre. Pour elle, il s’agit d’un tournant dans sa peinture.
Le tableau est d’une très belle facture d’exécution. La peinture, du fait de l’utilisation d’une épaisse couche d’huile, au couteau, se présente un peu comme un bas-relief, tant la matière y est sculptée. Le tableau lui-même, représente le cou d’une jeune fille dans lequel grimpe un chat. La tête de la jeune fille n’est pas entièrement visible et le buste est coupé juste au-dessus des seins.
Centré sur le cou et l’animal (qui semble en arrêt et regarde l’assistance ou le peintre), la toile représente la douleur pour la jeune fille qui supporte cette intrusion dans son cou et donc dans sa vie. Le chat grimpe dans l’œsophage et la jeune fille déglutit une salive qui semble impossible à retenir. Le chat ne se rend pas compte de là où il est. Et la jeune fille, dont on ne perçoit que le bas du visage, semble elle-même ignorer le mal qui la ronge.
L’innocence du chat est à mettre en parallèle avec les ravages qu’il cause dans la chair même de la jeune fille. La douleur s’étend à tout le buste et remonte le long des amygdales jusqu’aux oreilles de la malade. Sur ou sous la peau, la matière est indistincte mais s’organise autour de rouges et de bruns qui évoquent l’intrusion des outils chirurgicaux ou une nécrose. La mort rode.
Mais l’un et l’autre ignorent les causes de l’effroi qu’ils subissent ou causent. Si ce n’est par le troisième acteur de la scène qu’est le peintre. C’est l’intérêt manifesté par le peintre pour la situation qui pourrait permettre de solutionner le problème.
Le peintre, seul exorciste de la douleur humaine ? Peut-être faudrait-il changer le titre du tableau.
Mauresk.
Manet : peindre ou dépeindre ?
Manet : peindre ou dépeindre ?
Le musée d’Orsay a saisi l’occasion de l’exposition Manet pour nous montrer l’environnement pictural dans lequel Manet s’est déployé au milieu du XIXème siècle. Et c’est le principal mérite de cette exposition.
Découvrir la modernité de Thomas Couture, son maître, admirer le portrait original de Baudelaire jeune par Emile Demy, les dessins de Baudelaire lui-même (assez bon dessinateur ma foi), « Petra Camara » de Théodore Chassériau, tout ceci à de quoi réjouir le spectateur.
Côté Manet lui-même, il est aussi plaisant de s’affronter à des toiles peu ou pas connues parce que la plupart aux Etats-Unis ou à l’étranger ou aux eaux-fortes qui sont souvent de grande qualité ; il est d’ailleurs regrettable que des annonces faites sur le panneau introductif de l’exposition ne figurent pas dans l’exposition comme les illustrations par Manet du Corbeau d’Edgar Allan Poe traduit par Mallarmé ou de « L’après-midi d’un faune » du même Mallarmé.
Les débuts de portraitiste de Manet sont plutôt prometteurs et il donne son meilleur dans les toiles vite brossées (portrait de Victorine Maurent, 1862, Boston, « la négresse », 1861, Turin collection Agnelli, ou « étude de baigneuse », 1861, Oslo, « la maîtresse de Baudelaire », 1861, Budapest).
La vacuité du détail donnent à ces toiles une modernité picturale (Les Bulles de savon, 1867, Lisbonne, la table devant « Angelina », 1865). On sent que Manet, est un peintre pressé ; il aime se promener, tout voir, tout connaître et jouir sans doute un maximum de la vie.
Il est aux courses, aux corridas, dans la rue ; il peint les femmes avec un bonheur cependant inégal ; elles sont plus dans leur jus quand il les aime, les palpe, les dorlote…Et évidemment la série des Berte Morisot présentée ici est certainement ce qu’il a fait de meilleur : violettes, voilette, éventail…Berte se révèle et le révèle !
En revanche ses « coups », happenings avant la lettre, ne nous convainquent pas toujours d’un point de vue pictural. Faut-il reprocher aux jurys du Salon d’avoir refusé « le fifre », « Olympia », « le Christ moqué par les soldats ». ..Son odalisque a quelque-chose de frigide et son Christ est un peu replet… Même, « Le déjeuner sur l’herbe », laisse à désirer sur le plan pictural
Pour le happening proprement dit, c’est autre chose…certainement Manet voulait d’abord faire passer des idées : mettre en cause un ordre social, des valeurs bourgeoises… mais la peinture y gagne-t-elle quelque-chose ? C’est vraiment avec Manet que cette question émerge et ne va plus quitter les chevalets…Faut-il peindre ou dépeindre ?
La manière dont « le peintre du chat noir » y répond est d’ailleurs déconcertante. Manet peint-il quand il dépeint et ne dépeint-il pas quand il peint ? Au point qu’il est difficile de dire que Manet ait fait de la bonne peinture.
A mesure que Manet vieillit, sa peinture se transforme mais dans un sens qui ne convainc pas. Il rate l’Impressionnisme bien qu’il en ait été le promoteur. « La partie de croquet », 1874 ou les bords de Seine d’Argenteuil relèvent plus du pastiche que de la sincère allégeance au nouveau courant.
Il est moins didactique et devient un demi-mondain de la peinture. Ses portraits manquent leur cible sauf exceptionnellement quand il met en œuvre sa propre sensualité dans « La Blonde aux seins nus » ou, proprement cabotins comme le « Faure dans le rôle d’Hamlet », 1877.
Au point que c’est la peinture « alimentaire » de Manet qui nous séduit le plus : « citron », « asperge », « pivoines coupées » ou dans un piédouche : alimentaire donc bonne !
Mauresk
jeudi 31 mars 2011
PSEUDO WHAT DIABOLICUM
PSEUDO WHAT DIABOLICUM
Diabolique PSEUDO WHAT ce samedi à Antony. Dans cette ville de banlieue située entre l’aéroport d’Orly et le château de Sceaux à la Croix de trois autoroutes et deux lignes de chemin de fer s’est déroulée la plus étonnante des manifestations devant le tout GRAND PARIS.
Lyonnais, Grenoblois et Montpelliérains mais aussi Normands et Beaux Jolais accompagnés de banlieusards et d’authentiques Montmartrois avaient affrété TGV, trains bleus et RER bleus blancs rouges (malheureusement en panne comme toujours dans ce coin reculé du S.T.IF. (Syndicat des Transports de l’Ile-de-France)) obligeant maints Visiteurs du Soir à chausser leurs bottes de sept lieues pour affronter les intempéries.
Tout était prêt ou Rien ? Les spectateurs conviés à divers happenings mis en scène par un Nouveau Comte de Montecristo en sont restés comme des ronds de flanc, entre « vieille Fourme vieille », ronds de saumon en coquillettes, feuilletés de pruneaux d’Agen enrubannés de fines tranches de bacon frit, couronnes de Gougère de Laguiole arrosés de Vrai Vouvray, parades de Juliénas et de Saint-Amour, Tutti Chianti pour exciter l’œil vif de nos spadassins du Week-end.
Il fallait bien ça et non un simple havresac pour affronter « Que Quoi » ? : la neige ? le blizzard ? Non : les pentes escarpées d’un marouflage hors du commun estampillé Lebelle-Ribour.
Certains n’y allèrent pas par quatre chemins, munis de piolets, de cordes d’escalade et baudrier de rappel, de lampes torches avec pelle d’avalanche, ARVA et sonde éclairaient le spectateur de leurs Lumières du XVIIIème (siècle ou arrondissement ?). Car dans ce Capharnaüm il faut chercher sa voie, un couloir d’accès, une rampe, un balcon enneigé pour ne pas dévaler la pente trop vite ; ménager ses forces, retenir sa respiration car à chaque virage une surprise un nouveau sommet se dévoile comme si au bout se trouvait une Source charmante ou un Bouquet de roses.
Les artistes-peintres (semble-t-il) munis de violentes torches halogènes illuminaient d’en-dessous le glacier d’où croulait une luminosité spectrale. Et comme à travers un verre brisé nous pouvions distinguer (métaphoriquement s’entend) : poissons-fleurs et astres ; tandis que des marouflages ou des sculptures de cagettes lançaient leurs flammes bleuies par le temps dans le ciel orageux du printemps naissant.
Un texte infâme par sa longueur, sa lenteur et sa redondance replète, mais apostrophé par un Olivier Roche survolté, nous décrivait par le menu les étapes de notre Chemin- de- Croix, véritable Carte Michelin du travail des Artistes, pour nous mener jusqu’au Piton de la Fournaise. Spots orange fluo, miroirs à facettes, tôles galvanisées tout était fait pour nous dérouter : vrai ou faux ? NOM PSEUDO WHAT !
Et Guionnet par ce premier cafardage reprit le tout le malaxa ; du son de son saxo sans anche sortit tordu torturé comme sous le marteau d’un Diable nouveau ; souffle rude, hourdi de grottes profondes de souterrains d’où seule peut sortir une vérité ; interprétait-il les murs de papiers qui l’entouraient et semblaient se déchirer par quelque magie moderne ou nous rappelait les débris, les déchets de tous les cataclysmes de l’ère nouvelle.
Etions-nous les témoins de quelques Tsunami, d’un tremblement de terre ou d’un accident nucléaire ? Fukushima tremblant de sons déchirants l’air et les poitrines, faisant fuir la foule comme frappée d’un maléfice. Tableau vivant de toutes les CATASTROPHES ; les invités cherchaient les écoutilles, une échelle de corde, un bol d’air frais, se bouchaient les oreilles, ne sachant ni rire ni pleurer !
Le bateau semblât prendre l’eau rompant les amarres sur le parquet Versailles de la Belle Demeure. Des tensions étaient perceptibles dans l’assistance mais nulle part il n’était possible de trouver le repos. Comme dans un cauchemar, nous étions poursuivis par les Trompettes de la Mort. Et ceux qui la refusaient, exécraient ceux qui l’encensaient !
Après les accumulations d’Olivier Roche, la mer de sons de Jean-Luc Guionnet avait chassé jusqu’à la plus petite brindille. Un nouveau sable avait envahi le salon mauresque…une eau claire, un peu froide certes, mais pure, une vibration d’atmosphère limpide. Sur les murs les papiers dansaient tandis que des petites filles (cette maison ne semble pas connaître le droit du travail) se lançaient dans des courses endiablées dans les douves du château.
De nouveaux mets venaient titiller nos papilles, des Lonzo, des Figatellu, des fromages de Mela et des Bessières, des salades-bouillabaisses de fruits et de légumes. Et pour se rafraîchir des fraisiers mentholés arrosés des Vins Naturels du Baron de Roubiac, un Château de Bastet et autres Bourgueil avalés goulument par les hôtes de ces lieux. Tout cela faisant Grand Siècle ! PSEUDO WHAT ! « Wight is Wight »
Fallait-il se plaindre de l’absence de viandes rouges ? Toutes ces tentations n’étaient-elles que la Grande Cuillère avec laquelle SATANAS attrape ses proies ? Derrière ces flamboiements ne fallait-il pas craindre le Jugement Dernier, l’Inquisition ?
OUF ! NON ! Un piano guilleret se mettait soudain en branle, voix suave de Jean-Luc Schwartz (tous ces artistes sans PSEUDO ! WHAT ?) enchantant de ses « Lili » nos oreilles et nos corps fatigués. Comme dans un bal du dimanche, je prenais ma voisine par la taille bercé d’illusions. Un monde nouveau allait-il poindre ? Un nouveau soleil ? Allais-je sortir de ma caverne, de mes insomnies ? Le canon allait-il se taire ?
« La vie va, ainsi va la vie, François la peint, Martin lui sourit, Jérôme lui parle, Charles lui écrit Ainsi va la vie qui va, Rrose Sélavy »….Mauresk.